L’Institut de la statistique nous faisait récemment part d’une vérité de La Palice : nos cœurs de villages se vident de leurs commerces. Dépanneurs, épiceries, restaurants, quincailleries, plus d’une municipalité de moins de mille habitants sur cinq n’a plus de commerce de proximité, alors que c’était à peine une sur dix il y a vingt ans.

Alors que se tiennent cette semaine les Assises de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), cette tendance néfaste doit faire l’objet des préoccupations de nos élus de tous les ordres de gouvernement.

Comment attirer et retenir une main-d’œuvre jeune et éduquée dans nos régions, sans oublier les personnes immigrantes ou même les investisseurs dans nos régions, si nos villes et villages deviennent des déserts commerciaux ? Comment contrer l’étalement urbain et réduire l’usage de la voiture quand chaque besoin commercial, aussi futile soit-il, requiert de s’en servir ?

Notre souhait est clair : nos centres-villes et rues principales doivent être érigés en remparts contre l’exode régional et convertis en outils d’attractivité.

D’abord quelques fleurs : les stratégies pour dynamiser l’économie de nos villes et villages ne manquent pas. La Politique nationale de l’architecture et de l’aménagement du territoire, comme la Stratégie gouvernementale pour assurer l’occupation et la vitalité des territoires, en font la preuve et contiennent des idées probantes. Une réelle concertation entre les ordres de gouvernement, les communautés d’affaires et les organismes citoyens sera toutefois nécessaire pour les mettre en œuvre.

Ensuite le pot : à peine un dixième des sommes promises par Québec, soit 50 millions sur les 470 millions promis pour soutenir nos centres-villes régionaux et leurs commerces de proximité ont été débloqués, et ce sur cinq ans. Il s’agit d’un rendez-vous manqué auquel le gouvernement doit apporter des réponses, les besoins ayant par ailleurs augmenté depuis cette promesse faite en 2022.

Les municipalités doivent consulter

Les municipalités ont évidemment aussi leur rôle à jouer, dont celui de consulter. Trop souvent a-t-on vu des initiatives de piétonnisation d’artères commerciales, la fermeture de certains quadrilatères pour la tenue d’évènements, ou des travaux de voirie être planifiés sans consultation des commerçants touchés.

Certaines n’avaient même pas pensé aux mesures d’atténuation des impacts sur les opérations des commerçants, comme la mise en place de plages horaires réservées à la livraison pour l’approvisionnement des entreprises. Penser aux gens qui font vivre un centre-ville doit être un réflexe.

Évidemment, la crise du logement affecte l’attractivité de nos communautés. Un grand chantier national du logement, qui regrouperait Québec, les municipalités, les chambres de commerce et différents regroupements sectoriels, s’impose pour élaborer un véritable plan d’action législatif, réglementaire et financier. Et lors de cette discussion nationale que plusieurs réclament, tout doit être sur la table : zonage, règles sur les logements accessoires, l’octroi des permis de construire, délais administratifs, le partage d’expertises et de ressources entre municipalités, etc.

Enfin, pour assurer la vitalité de nos cœurs de villes et de villages en région, encore faut-il y avoir accès.

Trop souvent par le passé, nous avons traité les questions de transport et d’aménagement du territoire en silo, alors que leur union est la condition de réussite pour l’optimisation de nos déplacements sur et vers nos artères commerciales.

Le Québec est à la croisée des chemins.

Que ce soit pour y développer de grands projets ou pour permettre à ses résidants de s’acheter simplement un litre de lait, nos élus doivent faire de la vitalité commerciale de nos régions une priorité qui transcende tout.

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