Les problèmes en éducation sont nombreux. Il est utopique de penser que tous les maux pourront se régler dans un avenir rapproché par l’entremise de réformes mineures et de négociations de conventions collectives. Conséquemment, nous considérons que nous avons le devoir de réfléchir à de nouvelles approches.

Actuellement, l’un des problèmes les plus criants de notre réseau est sans aucun doute la pénurie enseignante. Cette pénurie est multifactorielle, mais l’un des enjeux régulièrement soulevés est celui de la dévalorisation de la profession. Quand nous en sommes rendus à accepter un adulte dans les classes, il faut s’en désoler, certes, mais surtout se questionner.

Face à cette pénurie, la réponse gouvernementale était prévisible : s’il manque d’enseignants, il faut en certifier davantage et le plus rapidement possible. Cette vision très réductrice de l’enseignement a mené à la création de passerelles de qualifications.

Cependant, ce n’est certainement pas en réduisant les exigences de qualification que nous améliorerons la qualité de l’éducation offerte à nos élèves.

En éducation, la notion d’enseignant non légalement qualifié fait malheureusement maintenant partie du vocabulaire usuel. Même si l’apport de ces personnes est vital au bon fonctionnement de nos écoles et que nous en sommes grandement reconnaissants, il n’en demeure pas moins que plusieurs éprouvent un certain malaise à attribuer le titre d’enseignante ou d’enseignant à des personnes n’ayant pas complété le parcours de formation requis. Or, le débat en éducation prend trop souvent pour cible les personnes non légalement qualifiées (NLQ). Au-delà de l’importance de la formation initiale des enseignants, nous croyons que le manque de régulation envers les enseignants qualifiés mais dont la compétence est parfois discutable est tout aussi dommageable pour la valorisation de notre profession. Contrairement à la croyance populaire, l’acte d’enseigner ne se réduit pas à une simple accumulation de connaissances, mais plutôt à une multitude de compétences qui s’acquièrent lors de la formation initiale et qui se perfectionnent au fil des années.

Le manque de transparence quant aux qualifications et à l’historique disciplinaire des enseignants demeure également un enjeu de taille pouvant parfois nuire à notre réputation. La protection des élèves ne devrait-elle pas l’emporter et être au cœur de nos préoccupations en tant que professionnels de l’enseignement ?

Revaloriser notre profession

Comme plusieurs milliers de nos collègues, nous sommes inquiets des dérives que subit notre profession. Les fédérations syndicales s’affairent à défendre nos conditions de travail, mais notre profession ne se résume pas à une convention collective. Il est plus que temps pour nous de prendre en main la défense et la revalorisation de notre profession plutôt que d’attendre qu’on le fasse à notre place.

Nous élevons donc nos voix afin de réclamer la création d’un ordre professionnel enseignant en bonne et due forme. Les bénéfices seront nombreux : il pourra veiller à la qualité de la formation initiale et continue des enseignants, présentement sous l’égide du gouvernement et vulnérable à des dérives idéologiques. Il veillera à la protection du public en assurant la transparence quant aux qualifications, aux antécédents judiciaires et disciplinaires des enseignants.

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Les cosignataires souhaitent que soit créé un ordre des enseignantes et enseignants et en proposent même le logo.

Nous sommes convaincus que de nombreux enseignants y seront favorables, tout comme une large portion du public.

C’est dans cette logique que nous lançons donc officiellement le mouvement visant la création d’un ordre professionnel.

Nous invitons dès maintenant les enseignantes et enseignants du Québec souhaitant s’informer sur la création d’un ordre professionnel enseignant et désirant appuyer notre démarche à se joindre à nous en visitant notre site web. Nous invitons également tous les Québécois souhaitant appuyer cette démarche à faire de même.

Si nous unissons nos voix, il est possible de faire un grand pas en avant en mettant fin à la déprofessionnalisation de notre métier et en permettant à l’enseignement de retrouver ses lettres de noblesse.

Cela ne réglera évidemment pas tout, mais si nous nous y mettons dès aujourd’hui, il sera possible d’assurer la pérennité de notre profession et une éducation de meilleure qualité pour l’avenir de notre jeunesse québécoise.

Cosignataires : ; Serge Alfaro, enseignant au primaire, Outaouais ; Mathieu Lachance, enseignant au secondaire, Laurentides ; Sylvain Dancause, enseignant au secondaire, région de Québec ; Jonathan St-Pierre, enseignant au secondaire, Abitibi-Témiscamingue ; Amélie Lapointe Gagnon, enseignante au primaire, Outaouais ; David Turcot, enseignant au secondaire du secteur privé, région des Laurentides ; Marie-Claude Gauthier, enseignante et conseillère pédagogique, Montréal ; Sylvain Duclos, enseignant au secondaire, Chaudière-Appalaches

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