Depuis le départ de Brian Mulroney le 29 février dernier, la grande sphère des médias et des affaires publiques a proposé divers regards sur l’héritage de l’ancien premier ministre du Canada, ainsi que sur les réalisations et les échecs politiques qui ont marqué ses années au pouvoir.

Beaucoup ont insisté sur sa relation avec les présidents Ronald Reagan et George Bush père, la signature d’un accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis en 1988, et la négociation d’une entente avec les Américains sur les pluies acides en 1991.

Dans l’ensemble, son audace, son côté innovateur et sa fine capacité à faire une différence sur la scène internationale ont été soulignés. Aujourd’hui, il est clair que Brian Mulroney a eu un impact marquant sur le Canada moderne.

M. Mulroney n’a jamais hésité à souligner que l’une des plus importantes responsabilités d’un premier ministre canadien est d’entretenir une relation de proximité et d’amitié avec son vis-à-vis américain.

Il notait que cela était essentiel pour défendre nos intérêts sur la planète, et consolider notre influence sur la scène internationale, notamment au sein des organisations internationales.

Le 17 mai 1961, John F. Kennedy a effectué sa première visite internationale au Canada à titre de président des États-Unis. À l’invitation du premier ministre John Diefenbaker, il a alors décrit sa conception de la relation canado-américaine : « La géographie a fait de nous des voisins, l’histoire a fait de nous des amis, l’économie a fait de nous des partenaires, et la nécessité a fait de nous des alliés. »

Aujourd’hui, au regard de ses réalisations et de l’attitude qu’il adoptait avec notre voisin du Sud, il est juste de dire que Brian Mulroney a particulièrement bien incarné cette célèbre vision exprimée par l’un des plus illustres présidents de l’histoire américaine.

Des réalisations toujours marquantes

Le combat de Mulroney contre l’apartheid en Afrique du Sud et la reconnaissance de son leadership dans ce dossier par Nelson Mandela montrent à quel point il était ambitieux quant au rôle du Canada à l’étranger. À cette époque, Mulroney s’est heurté à la résistance du président Reagan et de la première ministre britannique Margaret Thatcher. Comme on le sait, cette résistance n’a heureusement pas empêché l’abolition du régime d’apartheid ni la libération de Mandela.

Quoi qu’on en dise, Brian Mulroney a assurément contribué à la concrétisation de ces évènements historiques marquants.

En matière de relations canado-américaines, Brian Mulroney a profité de la visite du président Reagan à Québec pour lancer le processus de négociation de l’Accord de libre-échange (ALE). Ces discussions ont eu lieu dans un climat d’amitié et de fraternité à l’irlandaise entre les deux hommes. On se souvient d’ailleurs très bien de la chanson When Irish Eyes Are Smiling qu’ils ont entonnée ensemble.

L’accord a finalement été signé le 2 janvier 1988, puis modifié en 1994 pour inclure le Mexique, créant ainsi l’ALENA, qui a été en vigueur pendant plus de 20 ans, avant d’être remplacé en 2020 par l’actuel ACEUM, qui lui ressemble fortement. C’est Mulroney qui a mené les négociations de l’ALENA avec les administrations de George Bush père et de Bill Clinton. L’entente a ultérieurement été signée par le premier ministre Jean Chrétien et par le président Clinton.

Bien sûr, certains litiges demeurent sur le plan économique entre le Canada et les États-Unis, comme la gestion de l’offre, la question du bois d’œuvre et le protectionnisme américain sous l’enseigne du Buy America.

La relation entre le Canada et les États-Unis ne sera jamais complètement libre de différends. D’ailleurs, les successeurs de Brian Mulroney ont tous vécu des moments difficiles, mais l’important demeure le maintien du dialogue et de la diplomatie d’influence qui permettent au Canada de protéger ses intérêts.

Même après son départ de la politique, Brian Mulroney a maintenu ses liens aux États-Unis. Il a notamment pris la parole lors des funérailles de Ronald Reagan, de l’ancienne première dame Nancy Reagan et de George Bush père.

Peu après la mort de Mulroney, le président Joe Biden a souligné ses réalisations en abordant la question de la modernisation du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD) et en qualifiant l’ancien premier ministre d’infatigable promoteur des intérêts du Canada.

Au cours de la présente année électorale américaine, il est bon de rappeler l’importance de la relation entre les deux pays, peu importe qui est au pouvoir d’un côté et de l’autre. Comme disait Kennedy en parlant du Canada, « ce qui nous lie est de loin supérieur à ce qui nous divise ». Cette réalité fait assurément partie de l’important héritage de Brian Mulroney.

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