(Ottawa) Animé par un profond sentiment de justice qui l’a conduit à combattre l’apartheid en Afrique du Sud, Brian Mulroney était « un des piliers de la politique canadienne ». Il s’est taillé une place de choix dans l’histoire du Canada en mettant en œuvre des politiques ambitieuses qui ont transformé le pays d’une manière positive et durable, estime le premier ministre Justin Trudeau.

Ce qu’il faut savoir

  • Brian Mulroney est décédé le 29 février à l’âge de 84 ans.
  • Le cercueil de l’ancien premier ministre doit arriver à Ottawa mardi, où il reposera en chapelle ardente pendant deux jours. L’ancien premier ministre reposera également en chapelle ardente à la basilique Saint-Patrick de Montréal jeudi et vendredi.
  • Des funérailles nationales auront lieu samedi matin à la basilique Notre-Dame.

M. Trudeau et ses collègues des autres formations politiques ont rendu lundi à la Chambre des communes un vibrant hommage à l’ancien premier ministre, qui est mort le 29 février à l’âge de 84 ans. Natif de Baie-Comeau et issu d’une famille modeste, M. Mulroney a dirigé le pays de 1984 à 1993 en remportant deux mandats majoritaires de suite et en prônant de vastes réformes qui soulevaient souvent les passions, mais qui ont résisté à l’épreuve du temps, a souligné le premier ministre.

À tour de rôle, M. Trudeau, le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, le député du Bloc québécois Louis Plamondon et la cochef du Parti vert, Elizabeth May, ont souligné les nombreuses réalisations de M. Mulroney durant ses années au pouvoir. Ils ont aussi vanté ses qualités de leader, souligné son dévouement à sa famille, relevé son grand humanisme et son sens de l’humour incomparable.

Ces hommages aux Communes en présence de l’épouse de l’ancien premier ministre, Mila Mulroney, et de leurs quatre enfants – Caroline, Ben, Mark et Nicholas – ont marqué le coup d’envoi d’une semaine de commémoration qui se terminera samedi à Montréal avec des funérailles d’État à la basilique Notre-Dame.

PHOTO ADAM SCOTTI, FOURNIE PAR REUTERS

Le cercueil de Brian Mulroney à son arrivée à Ottawa, le 9 mars dernier

D’ici là, le cercueil de Brian Mulroney doit arriver à Ottawa ce mardi, où il reposera en chapelle ardente jusqu’à jeudi. L’ancien premier ministre reposera ensuite en chapelle ardente à la basilique Saint-Patrick de Montréal.

Brian Mulroney a servi dans cette Chambre pendant une décennie. Mais il a servi le pays pendant toute sa vie. Il adorait ce pays de tout son cœur. Il savait que nous étions capables d’accomplir de grandes choses. Il a vu que la plus grande force de notre pays, c’étaient nos valeurs communes.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada

Il a rappelé qu’il n’avait pas hésité à faire appel aux précieux conseils du père de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) durant les difficiles négociations visant à moderniser cet accord commercial entre son gouvernement et l’administration de Donald Trump.

« Brian a joué un double rôle : celui de conseiller pour mon cabinet et moi-même ainsi qu’un rôle de défenseur du Canada auprès de ses amis et contacts dans l’élite politique et d’affaires des États-Unis », a rappelé le premier ministre.

Il a souligné au passage que M. Mulroney, malgré ses succès, était resté fidèle à ses racines. « Il n’a jamais oublié d’où il venait. Il était toujours heureux de serrer la main de tout le monde avec le même enthousiasme, qu’on soit travailleur ou monarque. »

« Nous disons au revoir à l’homme, mais pas à sa conviction de faire passer le pays avant la politique, à sa conviction de créer des occasions et à sa confiance dans les possibilités infinies du Canada », a-t-il aussi avancé.

L’inspiration de Poilievre

Prenant la parole après M. Trudeau, le chef conservateur Pierre Poilievre a d’emblée affirmé que Brian Mulroney était un « grand homme d’État pour le Canada ».

Il a avancé que le parcours de l’ancien premier ministre était une source d’inspiration en raison de ses propres origines modestes. « Pour moi, cette partie de son héritage me touche particulièrement », a dit M. Poilievre, rappelant qu’il a été adopté par des parents qui travaillaient comme professeurs parce que sa mère biologique était trop jeune pour s’occuper de lui.

Comme des millions de jeunes issus de milieux similaires, nous nous sommes tournés vers lui. Nous avons vu que si le fils d’un électricien de la classe ouvrière d’une ville industrielle pouvait devenir premier ministre, alors dans ce pays, n’importe qui peut aspirer à le faire, peu importe d’où il vient.

Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur

Mais l’attention qu’a toujours accordée l’ancien premier ministre aux autres est aussi une source d’inspiration, selon le chef conservateur.

« Il était doué pour parler dans un microphone, mais encore meilleur pour parler au téléphone. En fait, pour Brian Mulroney, les appels téléphoniques étaient comme une forme d’art, car il utilisait le téléphone comme Michel-Ange aurait pu utiliser un ciseau ou un pinceau. Il le faisait pour conclure des accords commerciaux, pour charmer des dirigeants étrangers et, plus important encore, pour réconforter des amis en deuil ou en souffrance. »

Réconciliation avec le Québec

Le député bloquiste Louis Plamondon, qui a été élu en 1984 sous la bannière du Parti progressiste-conservateur que dirigeait M. Mulroney, a pris la parole au nom de son parti.

PHOTO SEAN KILPATRICK, LA PRESSE CANADIENNE

Le député du Bloc québécois Louis Plamondon

« J’ai de bons souvenirs lorsque je parle de ce premier ministre. J’ai été élu en même temps que lui dans son équipe, le 4 septembre 1984. Il était un grand Canadien, un grand Québécois et un grand premier ministre », a dit Plamondon.

Après avoir fait état de ses nombreuses réalisations, M. Plamondon a affirmé que le nom de Brian Mulroney était « gravé dans nos cœurs et le temps le gardera à jamais » parce qu’il a tenté de réconcilier le Québec avec le reste du pays.

À l’issue de ces hommages aux Communes, Ben, Mark et Nicholas Mulroney ont publiquement remercié les Canadiens pour leurs témoignages de soutien depuis l’annonce du décès de leur père.