(Québec) Le Fonds vert a versé près de 3 milliards de dollars pour financer des initiatives de lutte aux changements climatiques, sans avoir d’indicateurs pour connaître leur effet, révèle la commissaire au développement durable.

« Il manque encore des indicateurs d’effets et des cibles pour être en mesure de dire […] est-ce que ça a donné les effets escomptés ? Et pour près de 3 milliards de dollars du fonds, il n’y a pas encore d’indicateurs de cet ordre », a affirmé la commissaire au développement durable, Janique Lambert, en point de presse jeudi.

Sa collègue Moïsette Fortin, directrice principale d’audit, a indiqué que ce « qui est important », c’est de « lier l’information financière avec l’évaluation de la performance ».

Par exemple : si on verse plusieurs millions de dollars dans un programme, on doit pouvoir savoir quel impact il a eu dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre du Québec. « Et ça, présentement, ce n’est pas possible de le faire avec l’information qui est disponible », a affirmé Mme Fortin.

Des rapports en partie ignorés

Ce n’est pas la première fois que le Commissaire au développement durable tape sur les doigts du ministre de l’Environnement Benoit Charette.

En 2022, le chien de garde a publié deux rapports : « Du Fonds vert au Fonds d’électrification et de changements climatiques [le nouveau nom du Fonds vert] : différences et enjeux » et « Politique énergétique 2030 : gouvernance et mise en œuvre ».

À ce moment, Mme Lambert soulignait que la « quasi-totalité » des actions financées par le Fonds d’électrification et de changements climatiques (FECC) « n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquates ». Elle ajoutait que la politique énergétique du gouvernement comporte tellement de lacunes qu’elle risque de « compromettre la transition énergétique du Québec ».

« Le ministère ne détient pas une information de gestion uniforme et suffisante des actions financées. Il n’est donc pas en mesure de suivre leur performance, notamment parce que la quasi-totalité de ces actions n’ont pas d’indicateurs ni de cibles adéquates », rapporte Janique Lambert, dans son rapport déposé mercredi.

La situation ne s’est pas beaucoup améliorée depuis. Seul le quart des recommandations ont été mises en application.

« C’est beaucoup d’argent. À ce jour, on parle de 9 milliards de dollars et, à venir, autant. Ce sont des fonds publics. D’où la nécessité de s’assurer que chaque action choisie qui vient avec un coût, bien, il faut s’assurer que c’est la meilleure action qui va permettre d’avoir les meilleurs résultats, parce qu’ultimement c’est pour atteindre la réduction des gaz à effet de serre de 37,5 % pour 2030 », a affirmé Janique Lambert.