(Ottawa) Les services d’interprétation de la Chambre des communes sont suspendus jusqu’à nouvel ordre en raison d’un problème qui représente un danger de blessure pour les interprètes. Cette décision a été rendue jeudi après une enquête effectuée en vertu du Code canadien du travail, a appris La Presse. La Chambre des communes promet que la reprise des travaux parlementaires lundi ne sera pas compromise.

« Le fait d’être exposé à un effet Larsen [retour de son] lors de l’utilisation d’un casque d’écoute constitue un danger pouvant causer des blessures graves. L’exposition répétée à l’effet Larsen peut créer des atteintes permanentes sur la santé auditive des interprètes », écrit l’agente de santé et sécurité Marie-Ève Bergeron Denis dans sa lettre d’instruction au Bureau de la traduction.

Elle interdit donc le travail d’interprétation des débats parlementaires et des comités jusqu’à ce que le problème soit réglé. La situation a évolué rapidement et la Chambre des communes travaillait déjà vendredi à implanter des mesures de mitigation afin d’éviter de perturber la reprise des travaux parlementaires lundi, a indiqué son porte-parole Mathieu Gravel. On a évoqué en réunion le remplacement de l’ensemble des oreillettes dans les salles de comité en indiquant l’endroit précis où elles doivent être déposées pour éviter tout effet Larsen. L’interprétation simultanée dans les deux langues officielles est au cœur du fonctionnement du Parlement.

« Un examen de ces mesures a eu lieu aujourd’hui et l’enquêtrice s’est dite satisfaite des mesures additionnelles qui ont été mises en place, a précisé par courriel M. Gravel. Le service d’interprétation que fournit le Bureau de la traduction à la Chambre des communes n’est donc pas interrompu pour la reprise des travaux lundi. »

L’Association canadienne des employés professionnels, qui représente les interprètes permanents, a accueilli la décision du Programme du travail avec satisfaction. Son président, Nathan Prier, n’était pas disponible pour une entrevue au moment où nous écrivions ces lignes. C’est la première fois que la dangerosité de l’effet Larsen est confirmée. Une décision précédente rendue en 2023 avait plutôt mis l’accent sur le type de microphone utilisé.

La Presse avait fait état il y a un an des problèmes auditifs vécus par les interprètes depuis la migration des travaux parlementaires en ligne durant la pandémie. La situation perdure avec l’adoption du mode hybride, qui permet aux élus et aux témoins de participer aux débats ou aux réunions à distance. Des interprètes ont continué de subir des chocs acoustiques causés par un effet Larsen.

Des mesures ont déjà été mises en place par la Chambre des communes pour éviter les chocs acoustiques, notamment l’utilisation par les participants de casques d’écoute munis de microphones conformes à la norme ISO 20109, préalablement approuvés par le Bureau de la traduction. Des incidents ont tout de même continué de se produire. C’est d’ailleurs après qu’un interprète du Bureau de la traduction a subi un tel choc à la mi-avril qu’une nouvelle enquête a été lancée par le Programme du travail.

Les travaux de la Chambre des communes doivent reprendre lundi. Les députés ont passé la dernière semaine en circonscription.