(Québec) La Commission nationale des femmes (CNF) de Québec solidaire affirme qu’il est « impératif de laisser parler les femmes et d’arrêter de museler leurs idées et leurs interventions » au sein du parti, exprimant du même souffle sa « colère à la suite de la démission d’Émilise Lessard-Therrien » de son poste de co-porte-parole. La formation politique annonce l’élaboration d’un « diagnostic interne sur le climat de la militance et de la place des femmes » dans ses rangs.

Dans une déclaration publique mardi, la responsable de la CNF, Royse Henderson, déplore que l’instance officielle ait « tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises » au cours des dernières années après avoir reçu « les témoignages d’ex-candidates déçues, de membres démobilisées, de femmes de plusieurs circonscriptions, associations ou instances, ainsi que les tensions récurrentes sur les questions de parité s’accumulent et constituent un ensemble préoccupant ».

« La Commission nationale des femmes constate avec préoccupation que les voix masculines dominent de plus en plus au sein des instances, du personnel et des élu.e.s de Québec solidaire. Des principes fondamentaux du parti, comme la parité, sont remis en question ou étiquetés “radicaux” avec le risque de faire taire de nombreuses femmes », déclare-t-elle.

Selon la responsable de la CNF, la démission de Mme Lessard-Therrien, qui a quitté son poste en pointant du doigt « une petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour » de son homologue masculin, Gabriel Nadeau-Dubois, « met en lumière une crise profonde […] qui remet en question la place des femmes et la voix des militant.es dans le parti ».

« La Commission nationale des femmes s’inquiète de l’influence croissante de personnes non élues démocratiquement, qui prennent des décisions cruciales sur la communication et l’orientation médiatique du parti sans être tenues redevables devant les membres », dénonce Mme Henderson.

« Québec solidaire regorge de talent et d’expertise militante, une richesse inestimable qu’il est urgent de revaloriser. Une meilleure écoute des voix des militant.es, et en particulier des femmes, est indispensable pour sortir de cette crise et retrouver le cap des valeurs fondatrices écologiste, antiraciste, syndicaliste, indépendantiste et féministe du parti », déclare-t-elle.

QS lance un « diagnostic interne »

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La députée de Sherbrooke, Christine Labrie.

La députée de Sherbrooke, Christine Labrie, qui a accepté la semaine dernière d’assumer l’intérim du poste de co-porte-parole féminine de Québec solidaire jusqu’à l’élection de celle qui succédera officiellement à Mme Lessard-Therrien, l’automne prochain, demande aux « femmes ayant vécu des situations qui ne répondent pas à leurs attentes en matière de pratiques féministes à écrire au comité d’éthique ». Dans un message transmis aux membres du parti, mardi, elle dévoile que « le Comité de coordination national demandera l’élaboration d’un diagnostic interne sur le climat de la militance et de la place des femmes au parti, en collaboration avec la CNF et le comité d’éthique ».

« Au cours des dernières années, il y a eu plusieurs témoignages de femmes démobilisées qui déploraient le manque de soutien et d’écoute envers les femmes au sein de notre parti. Il y a également eu de grandes tensions sur les questions de parité, en particulier concernant les investitures et les élections partielles. Le départ d’Émilise s’ajoute à ces signaux préoccupants », admet Mme Labrie.

« Nous fixons la barre haute dans la société, et nous avons la responsabilité de fixer la barre haute au sein de notre parti. Nous avons du travail à faire pour améliorer l’expérience des femmes qui militent à Québec solidaire », ajoute-t-elle.

Sur sa page Facebook, la députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques et ancienne co-porte-parole du parti, Manon Massé, a écrit que « malgré les blessures et les désaccords, l’expérience me dit que c’est jamais bon pour la gauche de chercher à régler ses désaccords sur la place publique ».

« On ne résout jamais une crise par la force, mais dans le dialogue, l’ouverture, la créativité et, quand on est à gauche, avec de l’audace parce qu’il faut continuer à inventer des chemins qui n’existent pas », a-t-elle dit.

Vendredi, deux employés à la permanence de Québec solidaire et proches collaborateurs du chef parlementaire et co-porte-parole de M. Nadeau-Dubois ont démissionné. Il s’agit de Gabrielle Brais-Harvey, qui occupait le poste de directrice des communications, ainsi que Keena Grégoire, qui assumait le rôle de directeur général adjoint.