La migration des travaux parlementaires en ligne durant la pandémie a causé des problèmes inattendus pour les interprètes. Bon nombre d’entre eux se retrouvent aujourd’hui avec des problèmes auditifs, comme d’autres de leurs collègues ailleurs dans le monde. Une récente décision en vertu du Code canadien du travail force le Parlement à y remédier.

(Ottawa) Un son strident ne quitte plus les oreilles d’Élisabeth Seymour depuis six mois. Jour et nuit. L’interprète à la pige a subi un violent choc acoustique le 20 octobre pendant qu’elle traduisait les propos d’un témoin lors d’un comité sénatorial.

« Je l’ai reçu en plein tympan, raconte-t-elle. Ça m’a complètement choquée et je dirais même presque tétanisée. Sur le coup, je n’ai pas été capable de réagir. Je n’ai pas pu continuer de parler, j’ai été étourdie pendant un temps. Ç’a été fort. »

Elle a dû être transportée à l’hôpital sur insistance des ambulanciers : sa pression sanguine était élevée, elle tremblait fortement et souffrait d’une « migraine épouvantable ».

« Je voyais qu’elle touchait son visage », se souvient la sénatrice Michèle Audette, qui s’est rapidement portée à son secours après avoir remarqué que quelque chose clochait. Elle lui a d’abord offert de l’eau, puis l’a fait sortir de la salle et l’a amenée aux toilettes pour qu’elle puisse reprendre ses esprits. « À un moment donné, elle s’est effondrée par terre », ajoute-t-elle.

Un rapport d’audiologiste, effectué environ une semaine après l’accident de travail d’Élisabeth Seymour, confirme qu’elle a subi « un traumatisme acoustique » et constate qu’elle souffre d’un acouphène grave. Elle a repris le travail depuis, mais a dû réduire ses heures.

« Il y a eu plusieurs signalements antérieurs de même nature par le passé au Bureau de la traduction, note l’audiologiste Camille Thabet dans son rapport. […] Si ces problèmes techniques ne sont pas réglés en temps opportun, de plus en plus d’interprètes du Bureau de la traduction seront à risque de développer des symptômes liés aux chocs acoustiques. »

La situation est dénoncée à la fois par la branche canadienne de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC), qui représente les interprètes pigistes, et l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP), qui est le syndicat des interprètes permanents du Bureau de la traduction.

« Depuis 2020, les problèmes d’audition des interprètes ont mené à ce que 33 interprètes du bureau sur 67 prennent des congés de maladie », souligne l’un des vice-présidents de l’ACEP, André Picotte, qui représente les traducteurs et les interprètes.

Ça totalise 349 journées maladie pour traiter des blessures au travail. C’est beaucoup. Ça n’a jamais été aussi élevé que ça.

André Picotte, vice-président de l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP)

Le nombre de rapports de risque a explosé avec le recours généralisé aux travaux parlementaires hybrides depuis le début de la pandémie.

« C’est le troisième accident grave depuis le début du virtuel », déplore Nicole Gagnon, qui représente les membres de l’AIIC au Canada. « On est en train de mettre fin à la carrière d’interprètes professionnels et on n’est pas nombreux. »

Les chocs acoustiques sont généralement causés par un son bref, soudain et inattendu, aussi appelé « incident acoustique ». Le phénomène a d’abord été rapporté par les téléphonistes de centres d’appels à la fin des années 1990.

Les symptômes ressentis varient entre des douleurs à l’oreille, des maux de tête, de la fatigue excessive, des acouphènes et une hypersensibilité aux sons.

« Ça peut être de très incommodant à passager, explique le professeur d’audiologie de l’Université Laval Philippe Fournier. Donc, ça peut être un acouphène temporaire comme ça peut être des symptômes post-commotionnels. » Il note que ni la définition ni les symptômes du choc acoustique ne font encore l’objet d’un consensus de la part des scientifiques. Les chercheurs tentent toujours de comprendre comment ce type de choc affecte les muscles de l’oreille interne.

Recommandation ignorée

Les députés ou les témoins qui participent aux travaux parlementaires à distance doivent porter un casque d’écoute muni d’un micro, préalablement approuvé par le Bureau de la traduction. Cette règle n’a toutefois pas été appliquée le jour où Élisabeth Seymour a subi son accident de travail.

Deux témoins invités à présenter leur point de vue au Comité permanent de l’énergie, de l’environnement et des ressources naturelles du Sénat ne portaient pas le casque d’écoute avec micro recommandé. Leur son était donc de mauvaise qualité, ce qui rendait le travail des interprètes difficile. Elles ont dû s’exécuter quand même à la demande du président du comité, durant la portion où les sénateurs posent des questions aux témoins.

« Comme le son était mauvais, nous, on jouait avec le volume, ce qu’on n’est pas censées faire parce que le son est censé être suffisamment bon », se rappelle Élisabeth Seymour.

PHOTO PATRICK WOODBURY, LE DROIT

Interprète au travail lors d'un comité à Ottawa

Le volume de la salle avait aussi été levé parce que les sénateurs avaient de la difficulté à entendre les témoins, selon le rapport d’enquête du Bureau de la traduction. Une sénatrice prend la parole. « Elle s’avance vers le micro et il y a un son [qui retentit] dans mes oreilles et dans la salle », raconte Michèle Audette, qui s’est dépêchée d’enlever son oreillette.

Le rapport d’enquête indique qu’il s’agissait d’un « fort retour de son », aussi connu sous le nom d’effet Larsen. Un sifflement aigu et strident qui a duré quelques secondes, comme on peut en entendre parfois dans les salles de spectacle.

« Dans le cas qui nous occupe, force est de constater que la combinaison d’une série de gestes et de décisions non conformes aux procédures a augmenté considérablement ce risque et créé ce qu’on pourrait qualifier de “tempête parfaite” », lit-on dans le rapport d’enquête du Bureau de la traduction.

Le Sénat soutient que les protections auditives qui sont intégrées aux consoles des interprètes fonctionnaient avant, pendant et après le choc acoustique subi par Mme Seymour. Or, l’enquête n’a pas été en mesure de confirmer le niveau sonore atteint lors du retour de son ou si le compresseur-limiteur s’était bel et bien activé. Le rapport fait une série de recommandations, dont celle de rendre obligatoires les tests de son avec les témoins et d’imposer le casque d’écoute avec micro.

L’administration du Sénat confirme les avoir mises en application. Les deux chambres exigent désormais le port d’un casque d’écoute approuvé avec micro, qui répond à la norme ISO. Elles remboursent même les témoins qui doivent s’en procurer un pour leur participation aux comités, jusqu’à concurrence de 250 $.

Encore faut-il que cette règle soit bien appliquée. Le Sénat a soumis un projet de protocole au Bureau de la traduction en cas de refus de service lorsque les interprètes jugent que leurs conditions de travail sont trop dangereuses.

Qu’est-ce qui cause les problèmes acoustiques des interprètes ?

Les hypothèses sont nombreuses et les chercheurs en audiologie tentent toujours de comprendre la cause des problèmes acoustiques des interprètes. La migration vers des plateformes virtuelles comme Zoom durant la pandémie aurait contribué au problème, selon leurs représentants. Les micros omnidirectionnels, comme ceux fournis avec les écouteurs de téléphones cellulaires, captent tous les sons ambiants, ce qui nuit à la qualité sonore pour l’interprétation simultanée. La norme ISO recommande plutôt un micro unidirectionnel qui capte mieux la voix. La compression du son, soit par le logiciel, par la bande passante ou par l’équipement, affecterait également sa qualité, selon l’AIIC. « Le son est étouffé, on a l’impression qu’ils sont au fond d’une casserole, c’est caverneux, décrit Nicole Gagnon. Si vous pensez que nous, on reçoit ça et qu’on est obligé d’interpréter par-dessus ça, c’est impossible. On en perd des bouts. » D’où le réflexe de monter le volume pour compenser, et ainsi risquer un choc acoustique.

Perturbations parlementaires

PHOTO PATRICK WOODBURY, LE DROIT

Interprètes au travail lors d’un point de presse du premier ministre Justin Trudeau

Des réunions de comité interrompues ou carrément annulées. Les travaux parlementaires sont régulièrement perturbés en raison des mauvaises conditions sonores pour les interprètes.

« Depuis qu’on est revenus en janvier, il y a beaucoup, beaucoup de problèmes dans tous les comités », constate à regret la whip du Bloc québécois, Claude Debellefeuille.

L’un des exemples les plus frappants est l’annulation du témoignage attendu des représentants de Google le 6 mars qui devaient s’expliquer d’avoir coupé l’accès aux nouvelles à 1 million d’utilisateurs du moteur de recherche au pays. Ceux-ci étaient branchés à distance, mais le son était inadéquat pour l’interprétation. Après une heure d’attente, la réunion du comité parlementaire a été reportée.

Durant cette même semaine, le quart des réunions des comités de la Chambre des communes ont été interrompues brièvement, retardées, suspendues ou annulées à cause de problèmes techniques ou audio. Au Sénat, il y a eu quatre réunions de comité suspendues et une annulée pour la même raison.

Ces perturbations ralentissent l’avancement des projets de loi. Par exemple, la même semaine la réunion du comité chargé d’étudier la réforme de la Loi sur les langues officielles a été retardée de près d’une heure et demie à cause de la mauvaise qualité de la connexion internet d’une députée néo-démocrate.

Je suis complètement insatisfaite comme whip parce qu’après trois ans de travaux en hybride, il me semble qu’on devait être plus en contrôle de cette partie-là du travail et offrir une plus grande stabilité.

Claude Debellefeuille, whip du Bloc québécois

L’élue bloquiste soulève la question à chacune des réunions du Bureau de la régie interne de la Chambre des communes. Ses collègues ont pour consigne de faire des appels au règlement lorsque les exigences pour l’interprétation ne sont pas respectées. L’enjeu est d’autant plus important pour le Bloc québécois qu’il a un effet disproportionné sur les francophones puisqu’environ 80 % des travaux en comité se déroulent en anglais. « Donc, la pression se fait plus du côté de ceux qui écoutent l’interprétation en français », résume-t-elle.

Refus de travail

Les députés ont désormais l’obligation de porter un casque d’écoute avec micro pour participer aux travaux à distance afin de réduire le nombre d’interruptions et d’annulations. La Chambre des communes a approuvé six modèles qui répondent à la norme ISO pour l’interprétation simultanée.

« Le fonctionnement de notre régime parlementaire repose sur cette capacité essentielle d’être entendu et d’écouter les autres députés, dans la langue officielle de son choix grâce à l’interprétation simultanée », a rappelé le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, dans sa décision rendue le 7 mars en réponse à une question de Claude Debellefeuille.

La Chambre des communes recommande également aux élus et aux témoins de se doter d’une connexion internet avec fil qui est plus fiable et d’éviter de se connecter au moyen d’une tablette ou d’un téléphone cellulaire, mais elle n’en a pas fait une obligation.

Les interprètes ont la directive d’interrompre le service s’ils jugent que les conditions de travail mettent leur santé en péril, sauf que la pression de continuer coûte que coûte de la part des parlementaires est forte, comme l’a remarqué Élisabeth Seymour le jour où elle a subi un choc acoustique.

PHOTO PATRICK WOODBURY, LE DROIT

Élisabeth Seymour, interprète

Ils pensent vraiment qu’on joue les divas. Ils sont très agacés parce que pour eux, ça les empêche de faire leur travail et c’est une insulte pour les témoins de leur dire : “on ne vous interprétera pas.”

Élisabeth Seymour, interprète

Selon un sondage produit par l’Association canadienne des employés professionnels (ACEP) en 2021, 43 % des interprètes ont décidé de reprendre leur travail même si un problème n’était pas corrigé. Parfois, un interprète qui fait un refus de travail sera tout simplement remplacé par un autre qui accepte le risque.

« La Chambre des communes n’en fait pas suffisamment, c’est très clair, tranche Mme Seymour. Elle prétend faire ce qu’il faut, mais elle le fait à moitié. »

Plainte justifiée

Une décision rendue en vertu du Code canadien du travail au début du mois de février a changé la donne. Elle est survenue à la suite d’une plainte de l’ACEP et exige que le Bureau de la traduction fournisse un milieu de travail sûr à ses interprètes.

« Oui, le Bureau de la traduction tente de faire le nécessaire, mais il faut que la volonté politique y soit également de respecter ces consignes-là », souligne Nicole Gagnon, qui représente les membres de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) au Canada.

Le port d’un casque avec micro unidirectionnel et la connexion internet filaire aident à atténuer le problème, mais il faut aussi s’assurer de la qualité du système audio. L’interprétation simultanée requiert « un son de qualité supérieure bien au-delà de ce que nécessitent en général les participants » aux comités, a reconnu la responsable des relations avec les médias du Bureau de la traduction, Michèle LaRose, par courriel.

L’administration de la Chambre des communes, qui fournit des services audiovisuels au Sénat, indique avoir dépensé plus de 1 million de dollars pour mettre à niveau les consoles d’interprétation durant la pandémie dans le but de prévenir les chocs acoustiques. Or, l’ACEP et l’AIIC déplorent que ces modifications aient seulement été apportées à la chambre basse et non dans les nombreuses salles de comité et au Sénat.

L’AIIC dénonce également un nouveau contrat de travail présenté récemment aux interprètes à la pige qui augmenterait leur exposition à un son jugé nocif. Les heures de travail réduites pour les séances virtuelles reviendraient à la normale pour les séances hybrides. Le Bureau de la traduction fait valoir que ce prochain contrat ouvert fait toujours l’objet de consultations.

Lisez l’article « Les interprètes pigistes du Parlement craignent pour leur santé »

Un problème ailleurs dans le monde

PHOTO MARY ALTAFFER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Interprète au travail au siège des Nations unies (ONU), à New York, pendant l’allocution du ministre des Affaires étrangères de l’Ukraine, Dmytro Kuleba, le 22 février dernier

La situation vécue par les interprètes du Parlement canadien n’est pas unique. Ils sont nombreux à se plaindre des mêmes problèmes auditifs, qu’ils travaillent pour les institutions de l’Union européenne ou celles de l’Organisation des Nations unies (ONU).

47 %

« À ce jour, nous ne connaissons pas une organisation où il n’y a pas de sérieux problèmes de santé auditive », signale Nyssa Gregory, qui est membre de la délégation de négociation de l’Association internationale des interprètes de conférence (AIIC) avec l’ONU. Elle fait principalement de l’interprétation simultanée pour l’UNESCO. Les interprètes qui travaillent pour l’Union européenne se plaignent également des mêmes problèmes.

« De manière générale, c’est presque un interprète sur deux qui va rapporter avoir déjà eu un incident acoustique avec des symptômes. Donc, c’est assez fréquent », constate le professeur d’audiologie de l’Université Laval Philippe Fournier.

Il a participé à une étude en 2019 et 2020 pour mesurer la prévalence des chocs acoustiques auprès de 1035 membres de l’AIIC dans 81 pays. Les deux tiers ont rapporté avoir déjà subi un choc acoustique dans le cadre de leur travail et près de la moitié ont rapporté avoir par la suite souffert d’acouphène, d’hyperacousie, de maux de tête, d’une diminution de l’ouïe ou d’une douleur vive dans l’oreille. Le taux de prévalence est semblable à celui des téléphonistes dans les centres d’appels.

« Est-ce que plusieurs incidents répétés dans lesquels on a des symptômes passagers légers peuvent mener à un incident une fois qui va être plus grave ? On ne sait pas ce qui cause le phénomène d’une gravité plus grande », explique le chercheur.

La science offre pour l’instant peu de réponses sur les causes des problèmes acoustiques et les solutions pour y remédier. Le Bureau de la traduction a demandé à la directrice du programme d’audiologie et d’orthophonie de l’Université d’Ottawa, Josée Lagacé, d’effectuer une étude sur la santé auditive des interprètes et de lui recommander une marche à suivre lors d’évènements acoustiques. L’Institut de l’audition, un centre de recherche de l’Institut Pasteur à Paris, a lancé une étude similaire en collaboration avec l’AIIC.

Son toxique

L’un des facteurs qui sont montrés du doigt est le traitement numérique du son. La compression des fréquences sonores est utilisée « pour que les voix soient toujours au-dessus du bruit de fond », explique l’ingénieur acousticien Christian Hugonnet. Celui-ci a examiné les installations du Parlement européen avec le professeur Paul Avan, qui dirige l’étude de l’Institut Pasteur.

Ça finit par créer une saturation de l’oreille qui est préjudiciable et qui crée des fatigues importantes et qui peut à moyen et long terme engendrer des problèmes de surdité partielle, des acouphènes.

Christian Hugonnet, ingénieur acousticien

Même les casques d’écoute avec micro, comme ceux recommandés par la Chambre des communes au Canada, ne seraient pas une panacée puisqu’ils sont dotés d’une puce électronique pour compresser le son, selon l’AIIC.

Le Parlement européen a doté ses 705 députés de micros unidirectionnels sur pied pour remédier au problème. L’AIIC observe qu’ils sont peu utilisés.

Entre-temps, l’AIIC estime qu’il faudrait que les organisations appliquent le principe de précaution en évitant d’exposer les interprètes à ce « son toxique » jusqu’à ce que ces études déterminent réellement la cause et proposent des solutions.

« On est un peu les canaris dans la mine », avance Frédéric Girard membre de la délégation professionnelle de l’AIIC pour l’Union européenne. « Ça commence avec nous qui sommes plus exposés, mais ça affectera potentiellement les autres travailleurs et les députés, en supposant que ce n’est pas déjà le cas. »

L’exemple à suivre

La Cour de justice de l’Union européenne s’est dotée de règles très strictes en cas d’audiences virtuelles. Elle n’utilise pas de plateformes comme Zoom pour des raisons de confidentialité et de qualité. Les avocats qui interviennent par visioconférence sont sommés de se doter d’un micro adéquat, sans quoi ils ne peuvent pas plaider. Même chose pour la qualité de la connexion internet. Des tests sont effectués 10 jours avant l’audience pour s’assurer que tout est conforme.

La directrice de l’interprétation de la Cour, Marie Muttilainen, dit s’être battue « comme une folle » pour assurer de bonnes conditions de travail. « Je n’ai pas lâché le morceau », avoue-t-elle en entrevue. Elle s’estime chanceuse d’avoir eu le soutien de l’administration de la Cour.

Je me suis tellement battue pendant les années COVID à protéger mes interprètes, à essayer de servir mon institution, servir mes juges, bien sûr, mais ne pas accepter n’importe quoi parce qu’il faut savoir quand même que l’interprétation à la Cour de justice ou au tribunal général, c’est une interprétation juridique où chaque mot compte.

Marie Muttilainen, directrice de l’interprétation de la Cour de justice de l’Union européenne

Elle s’est également assurée que les interprètes puissent mesurer leur capacité auditive avec un audiomètre autant qu’ils le souhaitent grâce au service médical de la Cour, en cas de multiplication des visioconférences. « J’ai dit : “Si mes interprètes doivent travailler comme ça, je veux aussi qu’on garde un œil sur leur santé” », explique-t-elle.

Des mesures de précaution moins strictes ont été prises par le Parlement européen. Un code de conduite est en préparation « afin d’améliorer le comportement des orateurs à distance et la qualité du son lors des réunions », indique sa porte-parole Constanze Beckerhoff. Elle note également que les interprètes ont un droit de refus s’ils estiment que leur travail n’est pas sûr.