L’auteur réplique à la lettre « Le silence des agneaux verts », d’Henri Jacob et de Richard Desjardins, de l’Action boréale.

J’ai lu avec intérêt la lettre signée par Richard Desjardins et Henri Jacob dans ces pages, qualifiant le projet Northvolt d’inacceptable. Cette lettre fait écho à d’autres propos similaires publiés à propos de mon entreprise et de notre projet au Québec cet automne. Je souhaite vous soumettre une vision plus nuancée que celle véhiculée jusqu’ici.

D’abord, remettons les choses en contexte. La mission de Northvolt est de contribuer à la décarbonation de l’économie en produisant les batteries les plus vertes du monde. Nos analyses de cycle de vie, disponibles en ligne et certifiées par un organisme indépendant, démontrent que nous réussissons à transposer cette vision en réalité concrète.

Nous n’opposons pas développement économique et protection de l’environnement. Bien au contraire : nous nous levons chaque jour, les 5500 employés de Northvolt, pour contribuer à sortir le pétrole de l’économie. Seulement grâce au projet du Québec, nous visons sortir l’équivalent d’un million de véhicules à essence des routes, chaque année.

Contrairement à l’idée reçue, cela ne signifie pas seulement produire des batteries pour des voitures. Il faut décarboner le transport lourd, il faut augmenter les capacités de stockage. C’est notre ambition avec Northvolt Six, dans la Vallée-du-Richelieu.

Biodiversité et environnement 

Le site sur lequel sera installé Northvolt Six était le seul site disponible qui permettait de satisfaire l’ensemble des critères nécessaires à l’établissement d’une usine de fabrication de batteries. Pendant 120 ans, ce site a été exploité par une usine d’explosifs et de produits chimiques, dans des conditions environnementales et de travail d’une autre époque, qui ont laissé des traces indélébiles sur le site et dans la mémoire collective. Il a été laissé à l’abandon, puis décontaminé dans les années 2010.

Les résidents de la Vallée-du-Richelieu connaissent bien le passé industriel de ce vaste espace. Nous souhaitons donner une deuxième vie à cet ancien site. Il est vrai par ailleurs que la nature y a en partie repris ses droits depuis que le site est abandonné.

C’est pourquoi nous y avons effectué un recensement environnemental rigoureux. Des biologistes y ont passé plus de 500 heures, de juin à septembre. Leurs conclusions montrent que certains milieux humides — créés par l’humain lors des travaux de décontamination — sont devenus d’intérêt pour la faune. Un spécimen de tortue molle à épines a été vu sur le site et un oiseau dont le statut est précaire, le petit blongios, a été aperçu en vol. Nous éviterons leurs habitats potentiels dans la conception de l’usine et nous avons mis en place des protocoles stricts pour la maîtrise des risques pendant les travaux.

Au-delà de l’évitement des zones sensibles, nous partageons l’importance de proposer des solutions qui répondent aux exigences de la société et des autorités. Développement durable et protection de la biodiversité peuvent coexister.

Collaborer

Il y a moyen de travailler main dans la main avec les groupes qui ont aussi à cœur l’environnement, afin de bâtir des projets économiques porteurs, au bénéfice de la planète.

Notre ADN, c’est de travailler avec les communautés, pas contre elles. C’est aussi de communiquer et répondre aux questions, notamment en amont du début des travaux. C’est ce que nous ferons. Contrairement à ce qui avait été affirmé, ceux-ci n’ont pas encore débuté.

Notre expérience à Skellefteå en Suède le démontre : c’est la mobilisation positive de toute une société qui est nécessaire si on veut réussir des transformations importantes. D’autres entreprises innovantes se sont installées dans la région. La région a vu d’importants investissements dans les infrastructures se concrétiser. De nouveaux programmes de formation ont été créés permettant la requalification de nombreux travailleurs.

Je crois qu’ensemble — Northvolt et le Québec — nous réunissons les conditions d’un succès collectif similaire.

Dans la lutte aux changements climatiques, nous faisons face à un choix : rester assis et ne rien faire, ou se lever et passer à l’action. Chez Northvolt, on se lève et on avance.

On souhaite le faire avec vous.

On souhaite le faire en respectant l’environnement.

On le fait pour l’environnement.

Je tends la main à tous ceux qui souhaitent voir Northvolt contribuer positivement au développement responsable de la Montérégie et du Québec. Dans la collaboration, pas dans la confrontation.

Lisez le texte d’Henri Jacob et Richard Desjardins, de l’Action boréale