Depuis les révélations sur la gestion problématique de fonds publics par les dirigeants de l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM), plusieurs ont réclamé son abolition, en alléguant son inutilité. Les Amis de la montagne, organisme voué à la protection du mont Royal, et d’autres partenaires de la société civile, ont pu constater à maintes reprises au fil des ans l’importance du rôle joué par l’OCPM dans la vie démocratique montréalaise.

L’OCPM offre aux Montréalais la capacité d’influencer le sort de projets et décisions qui les concernent. Et les citoyens ne s’en privent pas. À l’occasion de la consultation portant sur le projet de Plan de protection et de mise en valeur du mont Royal, 3500 citoyens et représentants d’institutions et d’organismes ont participé aux échanges. Plus récemment, les consultations portant sur le projet de ville du Plan d’urbanisme et de mobilité 2050 ont suscité 4310 contributions citoyennes.

Le cas du mont Royal

Les consultations publiques menées à l’OCPM sont des vitrines pour la montagne et les grands projets sur son territoire. Elles sont des lieux d’échange privilégiés, où les Montréalais prennent conscience de la fragilité du mont Royal et des efforts qu’il faut consentir collectivement pour le protéger.

Des consultations portant sur des projets majeurs ont été marquantes pour la montagne puisqu’elles ont fait émerger des concepts uniques et des mesures de protection qui sont essentielles au maintien de nos patrimoines culturel et naturel. Dans le site patrimonial du Mont-Royal, de nombreuses consultations ont orienté le changement de vocation et le réaménagement de plusieurs institutions, tels les projets du site de l’oratoire Saint-Joseph (2004), de l’ancien Séminaire de philosophie (2009), ou du site de l’ancien Hôpital Royal Victoria (2022).

Des projets de la Ville de Montréal, comme le réaménagement de l’entrée Peel (2007), le projet du chemin de ceinture (2008) et l’avenir des voies d’accès au mont Royal et de Camillien-Houde/Remembrance (2019) ont aussi été communiqués, expliqués et discutés avec la population.

Hors du site patrimonial, plusieurs consultations ont été des occasions de réitérer le caractère emblématique de la montagne, ainsi que la nécessité de protéger les vues vers et depuis le mont Royal.

Pousser la réflexion plus loin

L’OCPM puise dans l’intelligence collective pour tirer les projets vers le haut. Le fait même de savoir qu’un projet sera soumis à l’OCPM pour une consultation publique mène le porteur du projet à rechercher l’acceptabilité sociale.

Les commissaires de l’OCPM formulent, dans leurs rapports, des recommandations qui tentent de capter les consensus qui émanent des consultations, sans toutefois préconiser de solutions clés en main. Il revient à la Ville et aux arrondissements d’évaluer les recommandations et d’en assurer leur opérationnalisation. Abandonner certaines recommandations d’un rapport ne signifie pas que la Ville ne tient pas compte de la consultation.

Les caractéristiques fondamentales qui font de l’institution un organe essentiel doivent être maintenues : neutralité, indépendance, transparence, ouverture à tous.

S’il est évident que la gestion de l’OCPM doit être dotée des mécanismes permettant de garantir la rigueur de l’utilisation des fonds publics, cette crise doit permettre d’améliorer son fonctionnement et particulièrement les trois aspects suivants :

  1. Rendre publique l’analyse faite par la Ville des rapports de consultation, afin que les citoyens puissent se fier à un processus systématique et transparent pour comprendre les orientations prises par leurs élus.
  2. Faciliter les demandes de consultation publique sur un sujet donné afin d’en assurer l’accès à la population.
  3. S’assurer que les élus et les fonctionnaires municipaux ont une compréhension approfondie du rôle de l’OCPM et des autres instances essentielles à la démocratie montréalaise, telles que le Conseil du patrimoine.

Continuons à miser sur l’OCPM. Profitons de la tempête pour améliorer son essence et faire connaître son rôle fondamental à tous les Montréalais.

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