Le 25 octobre dernier, après trois semaines de débats houleux, le Parti républicain a enfin trouvé le consensus requis pour nommer un représentant de la Louisiane à titre de nouveau président de la Chambre des représentants. À la suite du départ forcé de Kevin McCarthy, au début du mois d’octobre, la formation majoritaire en Chambre s’est finalement entendue pour voter unanimement en faveur de la candidature de Mike Johnson.

Cette deuxième saga relative à la direction de la Chambre des représentants en 2023 fut assurément une expérience pénible pour le caucus républicain, et celle-ci a bien fait la démonstration de son dysfonctionnement. Le caucus est marqué par le militarisme de huit dissidents trumpistes, agissant sous le leadership du représentant de Floride Matt Gaetz, un ardent défenseur de Donald Trump. Même les républicains les plus modérés ont offert leur appui à Mike Johnson.

Ainsi, M. Johnson, considéré comme positionné à l’extrême droite de son parti, et qui est également un fervent partisan de Donald Trump, doit maintenant faire face à des défis de taille. Lors de son allocution, après sa victoire, le nouveau président de la Chambre a salué l’unanimité républicaine derrière sa candidature et a tendu la main à ses adversaires démocrates. Il faut reconnaître que le ton était conciliateur. Reste à voir si les gestes vont suivre les paroles.

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Mike Johnson, président de la Chambre des représentants

Il faut noter que Mike Johnson est relativement peu expérimenté. Ayant été élu à la Chambre des représentants en 2017, il n’a jamais occupé de haute fonction au Congrès. En comparaison avec Kevin McCarthy et d’autres ex-prétendants qui ont connu la déconfiture dans les dernières semaines, comme Steve Scalise, Jim Jordan et Tom Emmer, Mike Johnson semble avoir profité du fait qu’il ne s’est pas fait une série d’ennemis au sein de son propre parti.

Son bilan en Chambre laisse voir qu’il fait partie des tenants de la ligne dure concernant plusieurs questions comme l’accès à l’avortement, le mariage entre personnes de même sexe et les droits des personnes LGBTQ+, ainsi que les changements climatiques. Cela rend certains de ses collègues bien inconfortables, tous partis confondus.

De plus, il a mis en doute la légitimité de l’élection de Joe Biden en 2020. Rien qui laisse entendre qu’il sera un président orienté vers la bipartisanerie.

Malgré sa victoire unanime, Johnson hérite d’un parti divisé et défaillant. Kevin McCarthy a été choisi après 15 votes en janvier dernier, et il a été licencié par une coalition émanant de son propre parti. Puis, les trois dernières semaines ont démontré à nouveau que les divisions étaient profondes et jouaient parfois sur un échiquier dont les motivations peuvent être très personnelles.

Biden reprend du galon

Récemment, le président Joe Biden a fait la promesse de consacrer plus de 100 milliards de dollars pour soutenir l’engagement des États-Unis envers l’Ukraine et Israël, et pour répondre aux « besoins de nos alliés ». On sait qu’il y a un important consensus bipartisan en faveur d’Israël.

Or, si ce consensus prévalait également pour l’Ukraine, il existe désormais des divisions grandissantes à ce sujet au sein des républicains. Chose certaine, l’ancien président Trump ne fera rien pour encourager l’appui à ce pays.

Malgré la désapprobation dans les sondages qui accable le président Biden, il reste que ce dernier a gagné des points depuis sa visite en Israël, et tout récemment lors de son discours à la nation.

Arrêter le chaos républicain

Cela étant, les défis à venir demeurent fort importants, car ils touchent la sécurité internationale et le fonctionnement de la démocratie américaine. La crédibilité du Congrès est aussi en jeu. Le plus récent sondage Gallup enregistre un taux de satisfaction de seulement 13 % à la suite du chaos républicain⁠1. Et on ne peut pas oublier l’ombre de Donald Trump, qui plane toujours sur l’horizon politique américain. Ce dernier est constamment confronté à ses litiges devant plusieurs tribunaux et il continue de chercher la manchette à tout prix, quitte à se prononcer contre l’Ukraine et en faveur de la fermeture du gouvernement américain.

D’ailleurs, ce dernier sujet constituera le premier grand rendez-vous du Parti républicain sous le leadership du nouveau président de la Chambre, Mike Johnson. Vers la mi-novembre, il y aura à nouveau la possibilité d’une fermeture du gouvernement fédéral semblable à celle du 1er octobre dernier. À ce moment-là, à la toute dernière minute, Kevin McCarthy avait fait un compromis avec les démocrates.

Même si le compromis de McCarthy a été considéré par un grand nombre d’observateurs comme positif pour les États-Unis, c’est celui-ci qui a déclenché les hostilités qui l’ont fait tomber. La grande question est donc de savoir, dans ce contexte, si Mike Johnson aura la souplesse personnelle et s’il bénéficiera de l’appui de son parti pour éviter la paralysie du gouvernement sans se faire démettre de ses fonctions lui aussi.

1. Consultez les résultats du sondage de Gallup (en anglais) Qu’en pensez-vous ? Participez au dialogue