Un seau de 6,5 litres plein de sucre. C’est ce que chaque Québécois absorbe année après année, en moyenne, en avalant 15 types d’aliments transformés parmi les plus populaires en épicerie. Voici ce qu’a découvert l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire de l’Université Laval, créé pour provoquer des changements.

À quoi sert l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire ?

Né à l’Université Laval à la fin de 2016, l’Observatoire a reçu la mission de suivre l’évolution de l’offre alimentaire pour contribuer à améliorer sa qualité et son accessibilité. Des biscuits aux pizzas en passant par les sauces, les soupes et les saucisses⁠1, il a ainsi entrepris de croiser les ventes et la teneur en sel, en sucres et en gras saturés de 4000 aliments industriels très consommés. Et nous a transmis ses données, qui paraîtront au printemps. Un portrait de suivi sera publié dans cinq ans.

Quels aliments doivent être reformulés en priorité ?

PHOTOMONTAGE FOURNI PAR SANTÉ CANADA

Les boîtes de biscuits qui contiennent trop de sucres seront munies du nouveau symbole nutritionnel.

Environ 60 % des 4000 produits vendus⁠2 contenaient trop de sel, de sucres ou de gras saturés pour respecter les seuils établis par Santé Canada⁠3. La présence de ces nutriments en doses trop fortes sera signalée sur le devant des emballages à partir de 2026, puisqu’ils augmentent les risques de maladies chroniques graves. Les fabricants seront obligés de reformuler leurs recettes s’ils veulent échapper à cette nouvelle règle. L’Observatoire a ciblé les changements les plus urgents.

Les céréales pour enfants en 2021

16 g

Quantité de sucre par portion dans les céréales dont l’emballage cible les enfants

10 g

Quantité de sucre par portion dans les autres céréales

Source : Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire

Comment évolue la situation ?

PHOTO FOURNIE PAR L’UNIVERSITÉ LAVAL

Julie Perron, nutritionniste et professionnelle de recherche à l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire de l’Université Laval

Il y a peu d’amélioration jusqu’ici, exception faite d’une catégorie importante. « Plusieurs pains blancs, souvent de grands vendeurs, ont réussi à réduire leur teneur en sodium de manière significative au cours des dernières années », se réjouit la nutritionniste Julie Perron, professionnelle de recherche à l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire de l’Université Laval. Les tranches de pain peuvent sembler inoffensives, mais puisque les Québécois en consomment beaucoup et très souvent, c’est leur principale source annuelle de sodium et de sucres parmi les aliments étudiés, et la cinquième source de gras saturés.

Céréales à déjeuner

2016

33 % dépassaient au moins un des trois seuils (sel, sucres ou gras) de Santé Canada.

2021

28 % dépassaient au moins un des trois seuils de Santé Canada.

Pains tranchés

2017

71 % dépassaient au moins un des trois seuils de Santé Canada.

2021

31 % dépassaient au moins un des trois seuils de Santé Canada.

Barres granola

PHOTOMONTAGE FOURNI PAR SANTÉ CANADA

Près de la moitié des barres granola commercialisées dépassaient l’année dernière au moins un des trois seuils de Santé Canada.

2018

41 % dépassaient au moins un des trois seuils de Santé Canada.

2023

49 % dépassaient au moins un des trois seuils de Santé Canada.

Source : Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire

Pourquoi les améliorations tardent-elles ?

« Ça demande parfois beaucoup de recherche et développement pour ajuster un produit », répond Julie Perron. Le sel a un impact sur la salubrité des viandes et le moelleux des pains. Tandis que le gras change la texture et la saveur. Des fabricants ont déjà lancé – parfois sans succès – des yogourts et des soupes réduits en sucres ou en sodium. « Puisqu’il y a une grande variabilité à l’intérieur même des catégories analysées, on sait que c’est faisable », remarque la nutritionniste. Procéder plus graduellement pourrait aider les consommateurs à s’habituer, suggère-t-elle.

Le portrait est-il complet ?

« On n’a pas encore étudié tout ce qui se trouve sur les tablettes du supermarché, comme les boissons sucrées ou les gâteaux », indique Julie Perron. Autrement dit, les Québécois consomment annuellement plus de sucres, de sel et de gras que ce que l’Observatoire a pu calculer jusqu’ici.

1. Céréales à déjeuner, pains tranchés, craquelins, grignotines, barres granola, biscuits et galettes, produits de fromage, yogourts et desserts laitiers, boissons laitières et végétales, soupes prêtes à servir, sauces pour les pâtes, pizzas, viandes transformées tranchées, saucisses, repas surgelés.

2. Données pondérées pour les ventes, un plus grand poids est accordé aux produits les plus vendus, et vice-versa.

3. Soit 15 % ou 30 % de la valeur quotidienne des nutriments risqués, selon leurs caractéristiques. Les produits de fromage seront exemptés de l’obligation d’afficher une mise en garde s’ils recèlent assez de calcium.

Consultez le site de l’Observatoire de la qualité de l’offre alimentaire