Qu’ont en commun les grands restaurants et les partis politiques ? Ils ont tous les deux besoin d’un chef qui est capable de supporter la chaleur des fourneaux. Corollaire : quand ils n’en ont pas, la marque de commerce va inévitablement péricliter.

C’est ce qui est en train d’arriver au Parti libéral du Québec (PLQ), qui ressemble de plus en plus à un restaurant qui a connu ses jours de gloire, mais qui ne réussit plus à attirer la clientèle.

Pourtant, non seulement le parti n’a toujours qu’un chef intérimaire, mais il n’a pas encore décidé de la date et des modalités d’une course au leadership.

Tout ce que nous indique la constitution du PLQ, c’est que le chef doit être élu au scrutin universel des membres en règle du parti. Les règles précises seront déterminées par le conseil exécutif du parti, qui n’est pas pressé et ne devrait dévoiler le tout qu’à l’automne.

Malheureusement pour le PLQ, le temps commence à presser. Dans le dernier sondage Léger, les libéraux n’obtiennent plus que 4 % des voix chez les francophones. Dans un sondage qui a une marge d’erreur de 3 %...

Ce que cela signifie, c’est que le PLQ, on le voit bien, n’a pratiquement plus d’influence sur le cours de la politique québécoise. Le gouvernement Legault vient de connaître sa pire session depuis qu’il est au pouvoir, mais l’opposition officielle n’a pas réussi à en profiter de quelque manière.

Pourtant, ce statut d’opposition officielle devrait rapporter quelque chose au PLQ. Ne serait-ce que parce que c’est lui qui a la première question à l’Assemblée nationale chaque jour et qui en a plus que tout autre parti.

Même sur le plan du financement, traditionnellement la force du PLQ, le parti est maintenant au dernier rang des partis représentés à l’Assemblée nationale au chapitre des contributions des électeurs.

Pour financer la modeste tournée du comité de relance coprésidé par André Pratte et la députée Madwa-Nika Cadet, le parti a été obligé de faire un appel d’urgence à ses membres pour qu’ils envoient 25 $, avec un succès pour le moins mitigé.

Quant au militantisme, il y avait peut-être quelque 400 membres du parti au récent conseil général à Victoriaville, mais il reste que plusieurs associations de circonscription – le nerf de la guerre dans des élections générales – n’existent plus guère que sur papier.

À tous ces malheurs, il faut ajouter celui du leadership par intérim. Marc Tanguay a beau être sympathique et dévoué, il brille trop souvent par son manque de jugement.

Actuellement, les libéraux – qui se décrivent toujours comme le parti des libertés fondamentales – sont le seul parti de l’opposition qui appuie le gouvernement Legault dans sa décision de juger « au cas par cas » qui peut ou ne peut pas louer une salle appartenant à l’État. Une décision qui ouvre la porte à l’arbitraire et qui va à l’encontre de la Charte québécoise des droits et libertés. Une décision de M. Tanguay...

Tout comme celle, tout aussi incompréhensible, de faire un amalgame douteux entre un livre écrit il y a plus d’une décennie par le nouveau commissaire à la langue française, Benoît Dubreuil, et le discours de Jacques Parizeau le soir du référendum de 1995. D’autant que chaque fois que les libéraux essaient de ressusciter cette controverse, ils ne font que montrer combien ils sont à court d’idées.

On comprend pourquoi les militants libéraux ne sont pas très enclins à confier la direction du PLQ sur une base permanente au député de LaFontaine. Dans le dernier sondage Léger, seulement 27 % de ceux qui se sont identifiés comme libéraux voyaient M. Tanguay comme chef permanent. Il était au premier rang des noms sondés, mais loin derrière les refus de répondre, à 55 %.

Tout cela pourrait être une raison d’attendre que le parti soit davantage prêt pour tenir un congrès au leadership. Après tout, être choisi à quelques mois des élections n’a pas mal tourné pour les deux derniers premiers ministres libéraux, Jean Charest et Philippe Couillard, tous deux choisis dans l’année qui a précédé les élections.

Mais, objectivement, la situation du PLQ était alors pas mal moins critique qu’aujourd’hui et il était toujours vu, par la grande majorité des électeurs, comme le gouvernement en attente.

Ce n’est plus le cas aujourd’hui alors que le Parti québécois est, de plus en plus, en voie de s’établir comme la solution de rechange, bien qu’il n’ait que trois députés à l’Assemblée nationale.

Attendre à 2024 pour choisir un chef serait un grand risque pour le PLQ. À commencer par celui d’avoir encore perdu du terrain, surtout dans l’électorat francophone.

Et tant pis si un échéancier plus rapide bouscule un peu certains candidats potentiels ou la direction actuelle du parti. Parce que si on ne les bouscule pas, il pourrait bien être trop tard pour sauver le PLQ.

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