Les récents problèmes de santé du roi Charles III et de la princesse de Galles Kate Middleton se traduisent par des tâches plus lourdes à accomplir pour les autres membres de la famille royale britannique. Mais quelle est, justement, l’ampleur de ces tâches et de ces engagements publics ? La Presse en parle avec Marc Laurendeau.

Anne, championne des engagements

PHOTO FOURNIE PAR REUTERS

La princesse Anne s’adresse à des volontaires d’Off the Streets, un groupe antiviolence, à Wellingborough le 16 février 2024.

Foi de Marc Laurendeau, analyste de la monarchie depuis 20 ans, c’est dans la presse britannique qu’on récolte le plus d’informations sur les engagements de la famille britannique. « Peu de choses ont été écrites là-dessus », dit-il, alors que dans les journaux anglais, on « s’y intéresse à fond ». M. Laurendeau nous aiguille vers un article du quotidien The Telegraph signé par Patrick Sawer et Hannah Furness et publié le 9 décembre 2023. Son titre ? « Hardest working royals of 2023 revealed ». On y apprend, tableau à l’appui, que la princesse Anne, fille d’Élisabeth II et sœur de Charles III, est la championne des engagements publics avec 457 mandats en 12 mois. Son frère Charles arrive bon deuxième avec 425 présences. « Anne est très dévouée à ces rencontres, ces inaugurations, dit M. Laurendeau. Très vaillamment, elle en fait beaucoup. On a d’ailleurs vu, au moment des funérailles de la reine, que c’est elle qui assumait le va-et-vient entre l’Écosse et l’Angleterre pour faire la représentation de la famille royale. Elle était très active et elle l’est restée. » De plus, ajoute-t-il, la princesse Anne est de bon conseil pour son frère.

Lisez l’article « Hardest working royals of 2023 revealed » (en anglais)

Des engagements de toutes sortes

PHOTO JORDAN PETTITT, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Président de l’Académie britannique pour les arts du film et de la télévision depuis 2010, le prince William s’entretient avec la comédienne Cate Blanchett lors du gala annuel des BAFTA Film Awards, le 18 février 2024 à Londres.

Un autre article retenu par M. Laurendeau, signé par James Beal et publié le 31 décembre 2023 dans The Times, est instructif du fait qu’il détaille les visites par catégories : visites officielles, cérémonies, sports, évènements caritatifs, réceptions, lunchs, banquets, etc. Sans oublier les engagements internationaux. Ces chiffres, différents de ceux du Telegraph, montrent néanmoins l’ampleur de la tâche. « Ma perception générale est que c’est une grosse job ! Feriez-vous 450 évènements par an ? Moi, je ne le ferais pas », lance Marc Laurendeau en s’esclaffant. Pour chacun de ces évènements, les membres de la royauté doivent se préparer. « Ils connaissent les gens qu’on va leur présenter, ils connaissent les buts des associations qu’ils vont parrainer. Ils sont consciencieux et se font briefer sur tout ça », poursuit M. Laurendeau. Le roi, qui rencontre le premier ministre chaque semaine, doit aussi être au courant des évènements de l’actualité et des activités parlementaires. Tout cela pour dire qu’avec le roi Charles et la princesse Kate sur le carreau, le prince Andrew en disgrâce et des membres vieillissants de la famille royale, la tâche est plus lourde pour ceux appelés à prendre le relais, notamment le prince William. « Ils sont en manque de ressources humaines », résume Marc Laurendeau.

Lisez l’article « Number of royal engagements fell in 2023 as family takes on less » (en anglais – abonnement requis)

Les regrets d’une souveraine

PHOTO ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

La reine Élisabeth II s’adresse aux familles des victimes de l’effondrement d’une décharge qui a tué 28 adultes et 116 enfants, le 28 octobre 1966 à Aberfan.

On s’entend ! Les coupures de rubans, les poignées de main et les inaugurations de chrysanthèmes, ce n’est pas très cinématographique. Ça ne fait pas de la bonne télé. Mais il arrive que des évènements, notamment tragiques, constituent l’exception. C’est ce qui est arrivé à la suite de la catastrophique coulée de débris survenue le 21 octobre 1966 à Aberfan, ville minière du pays de Galles, qui a tué 144 personnes, dont 116 enfants. Au départ, la reine Élisabeth II avait refusé de s’y rendre, ce qui avait créé un tollé. Elle changea d’avis et fut considérablement marquée par ce drame humain. Au point que dans les années subséquentes, elle revisita Aberfan plus souvent que tous les autres membres de la famille royale, dit-on à la fin de l’épisode 3 de la troisième saison de la série The Crown (Netflix). D’aucuns, chez les connaisseurs de la royauté, estiment que le premier refus de la reine constitua le « plus grand regret » de son règne.

Visitez la page de la série The Crown sur Netflix

L’histoire des tournées royales au Canada

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Sous le regard du premier ministre Pierre Elliott Trudeau, la reine Élisabeth II signe la proclamation de la Loi constitutionnelle de 1982, à Ottawa, le 17 avril 1982.

Les membres de la famille royale ont aussi des engagements à l’étranger, en particulier dans les pays du Commonwealth. Le gouvernement du Canada tient d’ailleurs rigoureusement à jour un registre de toutes les visites royales au pays depuis… 1786. Qu’elles soient effectuées par la reine Élisabeth II, le prince (et maintenant roi) Charles, le prince et la princesse de Galles, la reine mère et bien d’autres, toutes les visites sont répertoriées et détaillées. Pour l’anecdote, on retiendra que, seulement au Canada, Sa Majesté Élisabeth II a effectué 22 visites en tant que reine, en plus de faire 9 escales au pays. Une autre page du gouvernement canadien nous apprend par ailleurs que la reine était la marraine de quelque 600 organismes, dont 36 au Canada.

Consultez la page « Tournées royales passées » du gouvernement du Canada Consultez la page consacrée à la reine Élisabeth II par le gouvernement du Canada Qu’en pensez-vous ? Exprimez votre opinion

Nos sources : gouvernement du Canada, National Philanthropic Trust UK, royal. uk, Business Insider, magazine Geo

Qui est Marc Laurendeau ?

  • Diplômé en droit et en sciences politiques (maîtrise) de l’Université de Montréal, Marc Laurendeau a connu une carrière d’humoriste au sein du quatuor Les Cyniques dans les années 1960 et 1970.
  • En 1973, Marc Laurendeau amorce une carrière en journalisme. Il travaillera au quotidien Montréal-Matin (éditorialiste en chef), à CKAC, à La Presse (analyste politique) et à Radio-Canada. Il est aussi documentariste.
  • S’intéressant à la royauté britannique depuis des années, il se définit comme un analyste de la monarchie. Depuis 2003 sur la chaîne RDI, il couvre les visites royales au Canada et autres évènements royaux d’envergure (mariages, décès, couronnements).