Malgré les crises qui se succèdent, ils mettent à profit leurs talents et leur énergie pour améliorer le monde qui les entoure. Pour la deuxième fois, La Presse vous présente sa sélection des vrais influenceurs de l’année, une douzaine de personnalités qui rêvent grand et voient large. Elles ont été choisies par un jury de journalistes et de chroniqueurs parmi les centaines de candidatures que vous nous avez soumises.

Lisez le mot de la directrice principale, développement stratégique de La Presse, Mélanie Thivierge

Yannick Nézet-Séguin

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Yannick Nézet-Séguin

Influenceur, Yannick Nézet-Séguin l’est résolument. Par ses choix artistiques, son attitude de leader rassembleur et ses looks qui défient les codes, celui qui est considéré comme l’un des chefs les plus doués de sa génération nous mène à la baguette. Et on ne s’en plaint pas.

Yannick Nézet-Séguin est né en 1975 à Montréal. Il a été formé notamment au Conservatoire de musique du Québec et à l’Université Rider, au New Jersey, il est nommé directeur artistique et chef principal de l’Orchestre Métropolitain en 2000.

De 2008 à 2018, il est à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam. En 2012, il devient directeur musical de l’Orchestre de Philadelphie. En 2018, il succède à James Levine au Metropolitan Opera de New York.

Il a remporté trois Grammy : Florence Price avec l’Orchestre de Philadelphie (2022), Fire Shut Up In My Bones avec le MET (2023) et Voice of Nature – The Anthropocene (2023). Il est en lice pour deux autres prix Grammy en vue du gala de février prochain.

Il est à la tête de deux orchestres établis sur deux continents différents, ainsi que d’un des opéras les plus réputés au monde – le Metropolitan Opera de New York. Qui d’autre a déjà été nommé chef ‟à vie” d’un orchestre (honneur que lui a fait l’Orchestre Métropolitain), à part lui ? Sa trajectoire en fait un modèle de réussite et une inspiration.

Alexandre Vigneault, journaliste

Lisez l'article de Mario Girard

Léa Clermont-Dion et Annabel Soutar

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Léa Clermont-Dion et Annabel Soutar

Une génération les sépare, mais elles appartiennent à la même communauté d’esprit et de valeurs. Annabel Soutar et Léa Clermont-Dion ont toutes deux décidé de prendre la parole et de créer des œuvres qui dénoncent l’inacceptable, pour faire bouger les choses et les gens.

Née au début des années 1990 à Rawdon, l’autrice et réalisatrice Léa Clermont-Dion est titulaire d’un doctorat en science politique de l’Université Laval. Elle est aujourd’hui chercheuse postdoctorale à l’Université Concordia. Elle a notamment coréalisé avec Guylaine Maroist le documentaire Je vous salue salope et la série T’as juste à porter plainte avec Gianluca Della Montagna. Il y est question du processus judiciaire encadrant les plaintes pour violences sexuelles. On y suit en partie son parcours.

Née à Montréal dans les années 1970, Annabel Soutar a étudié la dramaturgie et la mise en scène à l’Université Princeton, aux États-Unis. En 2000, elle crée la compagnie Porte Parole avec l’acteur Alex Ivanovici, qui mise sur le théâtre documentaire. Plus de 75 000 personnes ont vu la pièce J’aime Hydro, de Christine Beaulieu, produite par la compagnie. Projet Polytechnique, présentement à l’affiche du TNM, est aussi une création de Porte Parole.

Par son talent de communicatrice et son intelligence, Léa Clermont-Dion est devenue un visage incontournable du féminisme au Québec. À travers son documentaire sur la misogynie ou son livre racontant son procès contre son agresseur sexuel, elle met la lumière sur les violences faites aux femmes, encourageant des discussions difficiles, mais essentielles sur la place publique.

Alexandre Pratt, chroniqueur

Si le théâtre documentaire à la J’aime Hydro a fait son chemin, c’est beaucoup grâce à Annabel Soutar et à sa compagnie Porte Parole. Ils creusent depuis plus de 20 ans la réalité, avec la rigueur des journalistes les plus chevronnés, pour poser un regard sur le monde qui soit à la fois critique et plein d’empathie.

Alexandre Vigneault, journaliste

Lisez l’article de Stéphanie Bérubé

Sasha Luccioni et Ravy Por

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Sasha Luccioni et Ravy Por

Les progrès spectaculaires de l’intelligence artificielle vous dépassent ou vous inquiètent ? Notre grande chance : nous avons au Québec des experts qui maîtrisent cette technologie et font preuve de vigilance à son égard. Y compris deux étoiles montantes de cet écosystème : Sasha Luccioni et Ravy Por.

Sasha Luccioni est née en 1990 en Ukraine. Elle habite Montréal depuis l’âge de 21 ans. En 2016, elle a fait un doctorat en informatique cognitive à l’UQAM.

Ses modèles ? « Je viens d’une longue tradition de femmes en science. Ma mère est en statistiques mathématiques, ma grand-mère était chimiste, mon arrière-grand-mère était géologue. C’est une culture de femmes qui font de la recherche qui m’inspire beaucoup. »

Ravy Por est née en 1985 à Québec de parents originaires du Cambodge. Elle a notamment un baccalauréat en mathématiques de l’Université de Montréal et fait actuellement une maîtrise à temps partiel en génie industriel à Polytechnique Montréal.

Ses modèles ? Son père et sa mère. « Ce qu’ils ont traversé, que ce soit le génocide au Cambodge, arriver dans un nouveau pays en hiver sans parler français ni anglais, se débrouiller, aider les gens de la communauté, aider leurs familles au Cambodge… Je me dis que j’aimerais être aussi résiliente et humble que mes parents. »

Les membres du jury n’ont pas débattu longtemps de la candidature de Sasha Luccioni, de Hugging Face. Son parcours remarquable, son rayonnement international, ses préoccupations environnementales et son implication sociale en font une incontournable de notre palmarès.

Philippe Mercure, chroniqueur

Non seulement Ravy Por impressionne par son parcours scolaire et professionnel, malgré une enfance en milieu défavorisé, mais elle s’implique aussi beaucoup socialement. Elle ouvre l’univers des finances, des mathématiques et de la technologie au plus grand nombre et de multiples manières, en plus d’avoir fondé l’OBNL Héros de chez nous et créé une websérie.

Marie-Eve Fournier, chroniqueuse

Lisez l’article d’Alexandre Sirois

Stéphanie Jecrois et Laurent Levesque

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Stéphanie Jecrois et Laurent Levesque

Certains sont plus doués que d’autres pour s’attaquer à bras-le-corps à ce qui cloche autour d’eux. Les étudiants n’arrivent plus à se loger ? Laurent Levesque mise sur la construction de milliers de logements. Il manque de femmes en entrepreneuriat et en technologie ? Stéphanie Jecrois outille des centaines d’entre elles. Portrait de deux entrepreneurs inspirants.

Stéphanie Jecrois est née à Port-au-Prince, en Haïti, en 1973. Elle est diplômée en marketing et en gestion d’entreprise. Elle est la cofondatrice et directrice générale de Technovation Montréal.

Laurent Levesque est né à Montréal en 1988. Il est diplômé en urbanisme et en gestion de l’innovation sociale. Il est le cofondateur et directeur général de l’UTILE, entreprise d’économie sociale spécialisée dans la construction de logements étudiants.

En ‟reprogrammant” des générations de jeunes filles pour qu’elles osent se projeter en technologie et en entrepreneuriat avec son entreprise Technovation Montréal, Stéphanie Jecrois a indéniablement une influence positive sur la société. Le jury a vu dans son programme de mentorat une formidable source d’inspiration pour des adolescentes appelées à écrire les nouveaux codes de notre monde.

Rima Elkouri, chroniqueuse

D’ici trois ans, 3000 étudiants pourront se loger à un prix abordable grâce à l’UTILE, l’entreprise sociale qu’il a fondée. Une initiative concrète, qui améliore la qualité de vie de milliers de jeunes.

Alexandre Pratt, chroniqueur

Lisez les articles de Louise Leduc

Farnell Morisset

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Farnell Morisset

Des parents et des enseignants montrent ses vidéos aux ados, des moins jeunes le reconnaissent dans les aéroports. Pourtant, Farnell Morisset mise sur des faits plutôt que sur ses opinions, et traite de sujets complexes comme l’immigration, la démocratie ou l’avortement.

Farnell Morisset est né à Québec en 1988. Il est un ingénieur diplômé de l’Université Laval, bachelier en droit de l’Université McGill, étudiant à la maîtrise à la London School of Economics and Political Science. Avocat membre du Barreau de l’Ontario et de l’État de New York, il a travaillé pendant près de cinq ans au bureau new-yorkais de la firme Goodwin.

Ses vidéos en français sur des sujets sociaux, politiques et économiques sont suivies par plus de 59 000 abonnés sur son compte TikTok. Désireux d’offrir également un point de vue québécois en anglais, il alimente un compte TikTok anglophone suivi par près de 9000 abonnés.

En abordant des sujets d’actualité de façon intelligente et posée sur les réseaux sociaux, Farnell Morisset nous est apparu comme un influenceur qui fait vraiment œuvre utile à l’heure où les réseaux sociaux sont gangrenés par la désinformation et la polarisation. Il contribue de brillante manière à nourrir le débat et la réflexion.

Rima Elkouri, chroniqueuse

Lisez l’article d’Ariane Krol

Ernest Jr. Edmond et Karine Gravel

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Ernest Jr. Edmond et Karine Gravel

Elle vit à Saguenay, lui est un Montréalais d’origine haïtienne. Elle s’occupe des tout-petits, lui, des ados. Mais leur point en commun transcende le reste : chacun, à sa façon, épaule les adultes de demain pour en faire des citoyens engagés. Lumière sur l’implication de Karine Gravel et d’Ernest Jr. Edmond, deux influenceurs de l’ombre qui ont à cœur le bien-être de la jeunesse.

Né à Port-au-Prince, en 1989, Ernest Jr. Edmond arrive au Québec à l’âge de 6 ans. Il détient un baccalauréat en langues modernes, une mineure en commerce et un certificat en gestion philanthropique. Cofondateur et directeur général des Ballons intensifs, organisme voué à renforcer l’engagement des jeunes en milieu défavorisé par l’entremise du basketball, il est également entraîneur de basketball.

Karine Gravel est née en 1982, dans les Laurentides. Technicienne en tourisme, elle est également diplômée de deuxième cycle en gestion de l’École nationale d’administration publique. Fondatrice et directrice générale de la Garderie Nature et maman passionnée de plein air, elle figure parmi les précurseures de l’éducation par la nature en petite enfance au Québec.

Aider des centaines de jeunes issus de milieux défavorisés à se découvrir à travers le basketball : voilà la mission que s’est donnée Ernest Jr. Edmond il y a près de 15 ans avec Les ballons intensifs. Depuis, il œuvre dans l’ombre à former l’engagement social et culturel de la jeunesse, de Montréal à Gatineau.

Léa Carrier, journaliste

Avec sa garderie dans la nature, Karine Gravel a une influence majeure sur un nombre relativement restreint d’enfants. Ce n’est pas moins admirable, au contraire. Pour les enfants qui fréquentent le lieu de vie qu’elle a créé, l’impact positif sera permanent, les premières années de vie étant décisives. Ce n’est pas pour rien que les autres milieux de garde s’en inspirent.

Marie-Eve Fournier, chroniqueuse

Lisez l'article de Catherine Handfield

France Labelle et Benoît Robert

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France Labelle et Benoît Robert

Parfois, l’influence naît d’idées toutes simples qui répondent à des besoins évidents. C’est seulement des années plus tard que ceux qui les portent – et ceux qui les voient aller – réalisent l’importance du rôle joué chemin faisant. La cofondatrice du Refuge des jeunes, France Labelle, et le fondateur de Communauto, Benoît Robert, peuvent en témoigner.

France Labelle est née à Montréal en 1955. Elle est titulaire d’un baccalauréat en enseignement de l’histoire de l’Université du Québec à Montréal et d’une scolarité de maîtrise en psychoéducation de l’Université de Montréal. Elle est cofondatrice du Refuge des jeunes et directrice générale depuis 1992.

Benoît Robert est né à Montréal en 1964. Il est titulaire d’un baccalauréat en biologie de l’Université du Québec à Montréal et d’une maîtrise en aménagement du territoire et développement régional de l’Université Laval. En 2022, il a été nommé au sein de l’Ordre du Canada « pour son apport au développement de l’industrie de l’autopartage et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ».

Depuis qu’elle a cofondé le Refuge des jeunes de Montréal, il y aura bientôt 35 ans, son travail acharné a permis à plus de 20 000 jeunes hommes sans abri et en difficulté de trouver du soutien, du réconfort, et d’être aidés dans la dignité.

Alexandre Pratt, chroniqueur

Benoît Robert est un entrepreneur animé d’une véritable mission sociale. Son bébé, Communauto, génère des bénéfices autant pour l’environnement et la mobilité que sur la qualité de vie des citoyens. Son influence sur le Québec est concrète, en croissance constante depuis 30 ans et en phase avec les plus grands défis de notre époque.

Philippe Mercure, chroniqueur

Lisez les articles de Marie-Eve Morasse

Découvrez notre jury

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Le jury qui a choisi les 12 vrais influenceurs 2023 de La Presse était formé des journalistes Alexandre Vigneault et Léa Carrier ainsi que des chroniqueurs Philippe Mercure, Rima Elkouri, Alexandre Pratt et Marie-Eve Fournier. Ce jury a évalué chaque candidature en fonction des retombées positives, du rayonnement, de la pérennité et du caractère innovant de ses actions, ainsi que de la qualité de son parcours.