La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Quand doit-on mettre un trait d’union pour lier l’adverbe non au mot qui suit ? La règle est assez simple.

On mettra un trait d’union quand le mot formé est un substantif. Au pluriel, le dernier élément du mot prendra un s. Des non-dits. Faire preuve de non-conformisme. Messages de non-violence. Clause de non-responsabilité. Non-assistance à personne en danger. Point de non-retour. Pacte de non-agression. Non-ingérence et non-indifférence.

Pour les adjectifs formés avec l’adverbe non, la règle générale est de ne pas mettre de trait d’union. Une personne non binaire, une personne de genre non binaire. Des organismes non gouvernementaux. Une liste non exhaustive. Une grossesse non désirée. Être non solvable. Plaider non coupable.

Dans certains cas, avec un adjectif, l’usage est flottant, parce que le syntagme formé avec l’adverbe non peut aussi être employé comme nom. Plutôt que d’hésiter, on peut choisir de suivre la règle, ce qui permet d’uniformiser des textes, par exemple. Les pays non alignés. Une attitude non conformiste. La peinture non figurative.

Le nom non-fumeur s’écrit toujours avec un trait d’union. C’est une non-fumeuse. Ce restaurant n’a pas de section réservée aux non-fumeurs. Ce restaurant est non-fumeurs. (Il ne fume pas, bien sûr. La préposition pour est sous-entendue.)

À La Presse, on préfère employer le terme non-Autochtones quand un texte doit distinguer les Autochtones et les autres personnes, plutôt qu’allochtones.

La définition que donne l’Office québécois de la langue française du nom allochtone est la suivante : « Personne qui n’est pas née dans le pays qu’elle habite. » L’outil Clés de la rédaction du Bureau de la traduction du gouvernement du Canada donne la précision suivante : « Le nom englobe les personnes nées à l’étranger ou dont au moins l’un des parents est né à l’étranger. » Peut-on vraiment dire que tous ceux qui ne sont pas autochtones sont des étrangers ?

La numéro une ?

Pourriez-vous nous éclairer sur l’emploi de plus en plus fréquent de une à la place de un quand on parle de numéro ? J’entends souvent des gens dire « question numéro une » même à la télé française. Fait-on l’élision entre le et le chiffre un ? J’ai entendu récemment sur un enregistrement « Pour tel service, faites l’un ».

Réponse

On doit bien dire question numéro un, page un, etc. Un est ici adjectif ordinal, il indique le rang de la question dans une série. La question numéro un est au premier rang. On peut aussi dire, de façon elliptique, la question un ou, encore, première question.

Quand il s’agit de désigner une femme, par exemple une joueuse de tennis qui occupe la première place au classement, on peut dire qu’elle est la numéro un mondiale, lit-on dans Le Petit Robert de la langue française. Mais ce n’est pas obligatoire. Cette militante est le numéro un du parti.

Quand un et une sont employés comme noms et désignent un chiffre ou un numéro, on ne fait pas l’élision, indiquent le Multidictionnaire de la langue française et l’Office québécois de la langue française. Faites le un. Habiter au un de telle rue. La une d’un journal (mais la page un d’un livre).

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.