La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

On voit régulièrement la graphie prêt quand c’est près qu’il aurait fallu écrire. Voici deux exemples fautifs. L’homme politique n’est pas prêt d’abandonner son poste. Le télétravail n’est pas prêt de disparaître.

Bien qu’il s’agisse d’une faute fréquente à notre époque – cette tournure n’a pas toujours été considérée comme fautive –, on peut assez facilement s’assurer de ne pas confondre ces deux homophones.

Soulignons d’abord qu’il peut y avoir une assez grande différence de sens entre près de et prêt à. Il était prêt à mourir et Il était près de mourir n’ont pas la même signification, même si l’issue peut être la même. Les phrases Il était près de changer d’avis (c’est-à-dire sur le point de le faire) et Il était prêt à changer d’avis (soit décidé, disposé à le faire) n’ont pas tout à fait la même signification non plus.

Si on hésite en écrivant Ils ne sont pas près de se laisser – ne serait-ce pas plutôt prêts ? – on peut s’assurer qu’on a choisi la bonne graphie en remplaçant près par loin. Ils ne sont pas loin de se laisser. Puisque la phrase fonctionne, on sait qu’il s’agit bien de l’adverbe et que près est donc correct. On peut aussi choisir une autre construction, si cela nous aide à déterminer la bonne graphie. Ils ne sont pas près de la rupture. Ils ne sont pas prêts à rompre.

On peut également mettre sa phrase au féminin. Il est alors plus facile de voir si on se trompe. On pourra parfois lire « il n’est pas prêt de rompre », au lieu de « pas près de », mais on verra beaucoup plus rarement la faute « elle n’est pas prête de rompre ».

Après une telle défaite, on n’est pas près de le revoir. La guerre n’est pas près de se terminer. Le régime en place semble près de s’écrouler.

La tournure passer proche de est considérée comme familière. « Passer proche de mourir, passer proche de la victoire. » Le Larousse signale qu’on n’emploie plus proche comme adverbe ou comme préposition. Au lieu d’écrire ils habitent proche de chez moi, on écrira plutôt ils demeurent près d’ici ; ils habitent près de chez moi.

Courrier

Doit-on dire « raser de frais » ou « raser de près » ?

L’expression « raser de près » me semble un pléonasme puisqu’on ne rase jamais de « loin ». Toutefois, je rencontre souvent « raser de près » dans les journaux et des romans. Pouvez-vous éclairer ma lanterne sur ce sujet barbant ?

Réponse

Les deux expressions sont correctes, mais elles n’ont pas tout à fait le même sens, nous indiquent les sources consultées. Être rasé de frais, c’est être rasé depuis peu (fraîchement), s’être rasé récemment. Et être rasé de près, c’est être rasé au ras des poils. Si on cultive le style barbe de trois jours, par exemple, on peut être rasé de frais sans être rasé de près.

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.