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On parle beaucoup de l’inflation causée par plusieurs facteurs qui ont abondamment été mis en évidence dernièrement. Mais j’aimerais bien savoir quelle part de cette inflation est causée par la guerre commerciale et les nombreux tarifs douaniers instaurés entre la Chine et les États-Unis sous l’administration Trump, entre autres.

M. Glazer

L’inflation est multifactorielle, vous avez raison de le souligner. Mais il y a malgré tout un coupable de premier plan : la pandémie.

Elle a provoqué une réaction en chaîne qui n’a pas fini de nous toucher, d’autant que la Chine, avec sa politique zéro COVID, demeure à la merci des nombreux confinements qui mettent des bâtons dans les roues de ses chaînes de production.

En Europe, par exemple, selon une enquête de la Chambre de commerce de l’Union européenne dévoilée en septembre dernier, les trois quarts des entreprises se disent pénalisées par la politique sanitaire intransigeante de la Chine. L’impact est donc global et nous ne sommes pas les seuls, en Amérique du Nord, à être touchés.

À cet obstacle majeur s’en est ajouté un deuxième l’hiver dernier. Et c’est la décision d’un autre dirigeant autoritaire qui en est responsable. On parle bien sûr de l’invasion russe de l’Ukraine.

Cette guerre contribue elle aussi à la flambée des prix, à commencer par ceux de l’énergie. On dit parfois que le battement d’ailes d’un papillon peut engendrer un ouragan. Il est clair qu’une guerre en Ukraine peut avoir un impact majeur, même sur… le prix du pain qu’on achète à l’épicerie à Trois-Rivières.

Sous-estimer les risques géopolitiques n’est jamais une bonne idée.

Mais qu’en est-il des tarifs douaniers imposés par l’administration de Donald Trump, donc ?

« Comme les droits de douane imposés par la Chine et les États-Unis dans le cadre de leur conflit commercial sont en place depuis quelques années, ils ne peuvent pas être responsables de la montée de l’inflation au cours de la dernière année », explique le professeur Patrick Leblond, de l’École supérieure d’affaires publiques et internationales à l’Université d’Ottawa.

Cela dit, règle générale, l’imposition de droits de douane « peut avoir un impact direct » sur l’inflation, précise l’expert. Mais tout dépend du genre de produits touchés par les tarifs mis de l’avant, bien sûr.

Dans certains cas, un produit visé ne changera rien à l’inflation globale. Un tarif sur le vin, par exemple. Dans d’autres cas, l’impact peut être plus sérieux. « Si les États-Unis imposent des droits de douane sur l’acier et l’aluminium, ça fait par exemple augmenter les coûts pour les entreprises du secteur automobile », dit Patrick Leblond.

Ces entreprises peuvent décider d’absorber cette augmentation, mais elles peuvent aussi choisir de la refiler aux consommateurs en faisant grimper le prix des véhicules.

Terminons en soulignant que votre question en soulève une autre, à laquelle il est impossible de répondre pour l’instant : Donald Trump pourrait-il imposer de nouveaux tarifs sur les produits chinois… s’il est réélu en 2024 ?