La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Le déclenchement d’une campagne électorale s’accompagne pour les journalistes de tout un nouveau lot de fautes à éviter.

On n’emploie pas, par exemple, le nom comté pour désigner les circonscriptions électorales. Ou un terme comme agenda caché quand il est plutôt question des intentions cachées d’un parti ou de sa stratégie secrète. L’agenda politique, lui, serait plutôt le programme du parti, sa ligne d’action, sa liste des priorités ou encore sa plateforme électorale.

L’anglicisme background, qui sert à désigner entre autres « la totalité de l’expérience et de la formation d’une personne », se remplace facilement par l’un des termes suivants, selon le contexte : antécédents, bagage, compétences, états de service, expériences professionnelles, formation, etc.

Le terme feuille de route ne sert pas non plus à désigner le cheminement ou le parcours d’une personne. Il s’emploie plutôt quand il est question d’une « liste des étapes à suivre pour mener à bien une action ». Le parti détaille, dans sa feuille de route, les mesures qu’il entend prendre pour régler la crise du logement.

Qu’en est-il du verbe candidater ? Dans un avis daté du 3 janvier 2013, l’Académie française a écrit qu’il s’agissait d’un emploi fautif. Cet avis, qui traite des noms se terminant en at comme avocat, candidat, consulat, lauréat ou pontificat, n’est pas inintéressant. « On n’avocate pas, on ne lauréate pas, on se gardera de candidater », décrète l’Académie.

Cependant, en réalité, le verbe candidater a fait son chemin depuis cet avis. Il figure dans les dictionnaires Robert et Larousse, notamment, et on peut bien l’employer si on en a envie. Candidater aux prochaines élections.

Au journal, on utilise le pluriel pour le nom élection lorsqu’il est question des élections générales et le singulier lorsqu’il est question d’une seule élection complémentaire (ou partielle). Et l’usage est de mettre élection présidentielle au singulier parce qu’on élit un seul président. Lors d’élections générales, la date du scrutin est la même pour toutes les circonscriptions.

Courrier

Élisabeth ou Elizabeth ?

La Presse écrit le nom de la reine avec un s alors qu’en anglais, son nom est écrit avec un z. Il me semble étrange qu’en français, on ne suive pas l’épellation britannique pour le nom officiel de la reine.

Réponse

Les deux graphies sont attestées en français, mais c’est la graphie francisée Élisabeth que l’on trouve dans le Robert et dans le Larousse et sur le site de l’Office québécois de la langue française.

La Presse n’est pas le seul média qui écrit Élisabeth II et non Elizabeth II. On trouve aussi cette graphie sur le site de Radio-Canada et dans Le Devoir, entre autres. On garde la graphie Elizabeth pour le nom de la fille de George VI lorsqu’il est question d’elle avant son accession au trône.

Il n’est pas inhabituel de franciser le nom des souverains britanniques, bien que ce ne soit pas systématique. On écrit aussi Élisabeth Ire et Édouard VIII, mais George VI (et non Georges). On francise également d’autres noms, comme celui de l’empereur d’Autriche, par exemple, en écrivant François-Joseph Ier (et non Franz Joseph).

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.