La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Sans y penser (ou le savoir), on utilise couramment des mots latins et locutions latines comme alibi, alter ego, grosso modo, in vitro, lapsus, post-partum, statu quo (qui s’écrit status quo en anglais), virus, visa ou vice versa. Cette locution adverbiale peut s’écrire avec ou sans trait d’union, au choix, tout comme mea culpa. Faire son mea-culpa, c’est-à-dire avouer sa faute ou reconnaître ses torts.

À l’écrit, on n’a pas à mettre en italique les mots latins et locutions latines les plus fréquemment employés. On peut les laisser en romain, comme les autres mots. Par ailleurs, des mots peuvent rester invariables et s’écrire sans accent comme credo ou veto, mais d’autres sont francisés comme déficit ou référendum.

Certains mots latins se retrouvent plus particulièrement dans les articles qui traitent de l’actualité judiciaire et des faits divers. On décrira ainsi le modus operandi d’un criminel, c’est-à-dire son mode opératoire, sa façon de procéder. Le modus operandi d’un tueur en série.

Cela peut sembler curieux, mais certains mots d’origine latine sont considérés comme des anglicismes, qu’il est préférable d’éviter en français. Ainsi, momentum, qui ne manque pas de synonymes en français comme, selon le contexte, cadence, conjoncture favorable, élan, lancée ou rythme.

À La Presse, on corrige donc l’anglicisme « affidavit », auquel on préfère le terme déclaration sous serment (et non assermentée) qui a d’ailleurs remplacé affidavit dans le Code de procédure civile. On remplace aussi « subpoena » par citation à comparaître.

On n’emploiera pas non plus au figuré le terme post mortem – qui signifie après la mort –, pour parler de l’« examen approfondi d’une situation, d’un échec » ou d’une « analyse après coup ». On peut aussi parler d’un bilan. Ou employer le mot autopsie. Le parti doit faire l’autopsie de sa campagne électorale. Mais post mortem peut s’employer au sens propre en français. Des blessures infligées post mortem. Des blessures posthumes.

Par ailleurs, un mot latin comme consortium, qui désigne un « groupement d’entreprises constitué pour la réalisation d’une opération financière ou économique », venu lui aussi au français par l’anglais, est admis. Un projet réalisé en consortium. Il en est de même pour le nom média. Évènement couvert par les médias. Les médias sociaux.

Courrier

Accès ou excès de folie ?

Doit-on dire que telle personne a agi dans un accès de folie ou dans un excès de folie ?

Réponse

Le nom accès peut désigner une « crise morbide qui, dans certaines affections, peut revenir par intermittence ». Un accès de toux, de fièvre. Avoir un accès de folie. Par extension, le mot désigne aussi un « mouvement intérieur brusque et passager sous l’empire duquel on agit ». Un accès de colère, de rage, de désespoir, de fou rire.

Mais excès, que l’on n’emploierait pas avec folie, n’est pas nécessairement fautif par ailleurs. Il « peut aussi s’employer en parlant d’émotions, de dispositions d’esprit. […] Toutefois, excès exprime l’idée de trop-plein, de débordement », explique la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française. Excès de langage, de rigueur, excès de vitesse, excès de travail, de fatigue, de zèle. Un excès de confiance, d’orgueil. Un excès de précautions, de scrupules, de prudence.

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