La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Comment devrait-on écrire le nom de Pierre de Coubertin sur les panneaux de signalisation routière ? nous a demandé une lectrice qui a photographié à Montréal des plaques de rue portant différentes graphies : Pierre-De Coubertin, Pierre-De-Coubertin et Pierre-de-Coubertin.

Selon les règles de la Commission de toponymie du Québec – que nous suivons à La Presse –, la bonne graphie pour un odonyme, soit un nom propre désignant une voie de communication, est Pierre-De Coubertin, avec un seul trait d’union et une majuscule à la particule. On ne met pas de trait d’union après un article ou une particule.

Par ailleurs, on écrit aussi, selon la même règle, pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. On écrit bien le nom de famille du célèbre homme politique en deux mots, avec deux majuscules, soit La Fontaine, bien qu’on trouve notamment à Montréal l’école primaire Louis-Hippolyte-Lafontaine et la circonscription électorale de LaFontaine (qui honore elle aussi le grand homme).

PHOTO PIERRE MCCANN, ARCHIVES LA PRESSE

Inauguration du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, le 11 mars 1967

Le nom du parc La Fontaine rend également hommage à celui qui écrivait parfois son nom LaFontaine ou Lafontaine. On trouve aussi les graphies Hyppolite ou Hypolite (avec le y à la première syllabe) pour son prénom.

On doit par ailleurs écrire pont Samuel-De Champlain et pont ou place Charles-De Gaulle. À ce sujet, un autre lecteur a relevé que l’on voyait en France la graphie Charles-de-Gaulle (avec deux traits d’union) pour l’aéroport. On voit aussi Charles de Gaulle (sans trait d’union).

Ce n’est pas si étonnant. Les règles diffèrent d’un guide de typographie à l’autre.

Dans son Dictionnaire orthotypographique moderne, Jean-Pierre Colignon, ancien chef-correcteur du Monde, écrit : « Les noms et les adjectifs des dénominations composées prennent une majuscule, mais pas les prépositions, les articles, ni les pronoms relatifs. » L’avenue du Général-de-Gaulle.

La Commission de toponymie du Québec, elle, considère que la particule doit prendre une majuscule parce qu’elle fait partie du nom de famille. L’important est de tenter de suivre les règles établies à un endroit donné pour uniformiser l’écriture des noms de lieux.

Courrier

Pour ne pas le nommer

J’entends, dans une conversation : « Monsieur Untel, pour ne pas le nommer ». Si on vient de le nommer, pourquoi dire pour ne pas le nommer ?

Réponse

Pour s’amuser, par ironie, pour éveiller la curiosité de son interlocuteur ou attirer son attention sur ce que l’on dit.

Cette figure de style porte différents noms, prétérition ou prétermission, paralipse, venus de mots grecs ou latins signifiant omission, action de négliger, d’omettre, de passer sous silence.

On s’en sert aussi pour devancer les objections ou pour atténuer ce que l’on va dire parce que l’on sait que ce sera désagréable à entendre. Les exemples que fournit la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française sont éclairants à ce sujet : Si vous comptez sur moi pour vous révéler qu’il s’agit de trafic d’avions, vous vous trompez lourdement (dans un album de Tintin). Je ne vous ferai pas l’affront de vous rappeler que vous n’êtes pas invité à cette soirée. Un seul était en désaccord avec nous, monsieur Leblanc, pour ne pas le nommer. Je ne veux pas te démotiver, mais à quoi sert ton logiciel si personne ne l’utilise ?

Vous avez des questions sur la langue française ? Posez-les à notre conseillère linguistique. Elle répondra à une question chaque dimanche.