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Dans les villes comme Montréal, comment la recharge des voitures électriques se fera-t-elle ? Le long des trottoirs ? La majorité de ces habitations n’ont ni garage ni entrée.

Julien Cordeau

M. Cordeau,

La première chose à savoir est que la technologie évolue rapidement et que les nouvelles voitures électriques ont généralement une autonomie de 400 km ou plus.

Daniel Breton, président et directeur général de Mobilité Électrique Canada, rappelle également que la recharge se fait beaucoup plus rapidement qu’il y a 10 ans. À l’époque, on considérait qu’il fallait une heure pour accumuler l’énergie nécessaire pour parcourir 30 km. Aujourd’hui, les bornes de recharge rapide permettent d’accumuler 400 km d’autonomie sous le capot en 20 minutes.

« Et ça ira en s’accélérant », souligne M. Breton.

Bref, l’idée qu’il faut absolument brancher son véhicule toute la nuit, toutes les nuits, est de moins en moins vraie.

Pour ceux qui n’ont pas de stationnement, une première option est d’utiliser les bornes sur rue. Le Circuit électrique, le réseau public de recharge d’Hydro-Québec, compte plus de 3400 bornes de recharge publiques dans la province, dont 600 bornes de recharge rapide.

Les tarifs ? Avec une borne de 240 V, par exemple (la borne « standard », par opposition à une borne rapide), il vous en coûtera soit 2,50 $ par recharge, soit 1 $ l’heure.

Montréal, qui participe au Circuit électrique, a ainsi déployé plus de 1000 bornes électriques sur son territoire. Trop peu ?

« Si vous vous promenez dans les rues, vous verrez qu’il y a beaucoup de bornes qui ne sont pas utilisées, répond Simon-Pierre Rioux, président de l’Association des véhicules électriques du Québec. Il y a certains moments où elles le sont davantage, mais pour ceux qui ont des véhicules électriques, en ce moment, ça fonctionne. »

Les statistiques provinciales montrent d’ailleurs qu’en moyenne, une borne est utilisée moins d’une fois par jour.

Il faut dire que d’autres réseaux s’ajoutent au Circuit électrique, dont celui de FLO, filiale de l’entreprise québécoise AddÉnergie. Le constructeur Tesla a aussi son propre réseau de « superchargeurs ».

À Montréal, des bornes rapides ont aussi été installées dans les stationnements souterrains du centre-ville. Et les commerces commencent à embarquer. Le Jour de la Terre s’est par exemple associé à l’épicier IGA pour installer 100 postes de recharge dans le stationnement de ses magasins.

« La Ville de Montréal a également la volonté de conclure un partenariat avec des institutions et des entreprises montréalaises, notamment les stations-service, les centres commerciaux et les supermarchés, pour qu’elles participent au développement du réseau de bornes de recharge publiques », affirme Hugo Bourgoin, relationniste à la Ville.

L’idée est que les propriétaires de voitures électriques puissent recharger leur véhicule le temps de faire leurs courses, de prendre un café ou de casser la croûte. Les employeurs peuvent évidemment être mis à contribution (même si on souhaite que les travailleurs privilégient les transports actifs ou le transport en commun pour aller au travail !).

Une autre option consiste à déployer des stations de recharge, à l’image des stations-service d’essence, comptant plusieurs bornes de recharge. Montréal compte quatre ces « pôles » et veut en augmenter le nombre.

Communauto, qui gère 120 véhicules complètement électriques à Montréal, connaît bien le défi de la recharge. Dans son cas, les choses sont plus compliquées, puisque les voitures sont partagées. Si un utilisateur branche une voiture à une borne de recharge publique le soir, par exemple, il est possible que le prochain utilisateur ne prenne le véhicule que le lendemain. Communauto se voit souvent imposer un tarif pour toute la nuit, alors que la recharge n’a peut-être pris que quelques heures.

Pour cette raison, l’entreprise doit déployer des employés qui déplacent et branchent les véhicules. Marco Viviani, vice-président, développement stratégique, fait toutefois remarquer que pour un utilisateur, il s’agit d’une façon simple d’avoir accès à un véhicule électrique si on ne possède ni stationnement ni borne de recharge.