La langue française évolue à une vitesse folle. Chaque semaine, notre conseillère linguistique décortique les mots et les expressions qui font les manchettes ou qui nous donnent du fil à retordre.

Beaucoup de mots féminins sont couramment accordés, à tort, au masculin, et vice-versa. Certains mots ont changé de genre au fil du temps, ce qui explique parfois la méprise. Mais le plus souvent, l’erreur est commise parce que ces mots commencent par une voyelle ou un h muet, finissent par un e muet ou s’emploient au pluriel.

Quoi qu’il en soit, les pièges sont nombreux et les erreurs, au-delà des classiques comme « une belle avion », fréquentes. Par exemple, on dit bien un granule, même si une chanson et une émission de télévision ont employé ce mot au féminin.

Les mots pétoncle, tentacule et sandwich sont masculins. Les longs tentacules de la pieuvre. On dit aussi un haltère, un esclandre. Asphalte est également un nom masculin que l’on voit souvent au féminin. De l’asphalte ramolli par la chaleur. Et amiante. L’amiante est dangereux pour la santé. Démêlé, qui s’emploie surtout au pluriel, est masculin. Avoir des démêlés avec la justice.

Parmi les autres mots masculins qu’on croit féminins, il y a aussi antre, apogée, armistice, argent, ascenseur, astérisque, asthme, augure, autographe, cerne, effluve, embâcle, entracte, escompte, exergue, hémisphère, hiéroglyphe, holocauste, insigne, intermède, intervalle, oreiller, orteil, pétale, pore, termite, testicule et trille.

Parmi les mots féminins qu’on croit masculins, on trouve : algèbre, alluvion, alvéole, anagramme, apostrophe, apothéose, argile, artère, atmosphère, catacombes, ecchymose, échappatoire, échauffourée, épithète, espèce, flasque (d’alcool), fibre de verre, hécatombe, hernie, octave, ode, orque, orthographe, ténèbres, volte-face et volute.

Le cas de trampoline

Bien que l’usage ait été flottant et que le féminin soit courant dans la langue parlée au Québec, le substantif trampoline est aujourd’hui considéré comme un nom masculin par la plupart des ouvrages de référence. Pour des raisons d’uniformisation, à La Presse, on l’emploie toujours au masculin. Faire du trampoline. Le trampoline est un sport olympique depuis les Jeux olympiques de Sydney en 2000.

Courrier

Georgie ou Géorgie ?

Question : J’ai un souvenir de jeunesse possiblement erroné. Il me semble qu’à l’époque, on écrivait Georgie pour désigner l’État américain, pour le distinguer de la Géorgie, le pays européen sur le bord de la mer Noire. Or, aujourd’hui, dans La Presse, je vois Géorgie lorsqu’on parle de l’État du Sud américain. Est-ce que la règle a changé au fil du temps ?

Réponse

Beaucoup de gens croient que l’on doit faire cette distinction, notamment parce que l’État tient son nom du roi George II, mais ce n’est pas le cas. Les dictionnaires Robert et Larousse écrivent bien les deux noms avec un accent aigu, tout comme l’Office québécois de la langue française et Le Ramat de la typographie. On peut voir sur le site web de Radio-Canada que la société d’État distingue l’État (Georgie) et le pays (Géorgie). Mais d’autres médias, dont La Presse, ne le font pas.

Il est improbable que l’on confonde les deux endroits dans un article ; le contexte suffira à les distinguer, comme on peut le voir avec les deux exemples suivants : La Géorgie ouvre une enquête sur les pressions exercées par Trump. En Géorgie, élections locales décisives après l’arrestation de Saakachvili.