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Q. Combien d’entreprises avons-nous en Chine ? Combien de Canadiens sont-ils en Chine ? Sont-ils à risque ? Si oui, pourquoi restent-ils ?

Denis Marquis

R. Votre question est très pertinente dans la foulée du retour au Canada de Michael Kovrig et de Michael Spavor.

Ils ont passé plus de 1000 jours derrière les barreaux, en Chine, et il semble plus évident que jamais qu’il s’agissait de représailles contre le Canada.

On parle donc ici d’un cas flagrant de détention arbitraire.

Les deux Michael n’avaient rien fait de mal… sauf être en Chine au mauvais moment.

Ils n’étaient pas les seuls Canadiens à se trouver sur le territoire de la deuxième puissance mondiale. Loin de là.

Vérification faite auprès du ministère des Affaires étrangères, il y a actuellement 16 976 Canadiens inscrits au « service d’enregistrement des Canadiens à l’étranger en Chine ».

Dont 8556 Canadiens qui se trouvent à Hong Kong.

« L’inscription à ce service étant volontaire, il ne s’agit pas d’un tableau complet des Canadiens en Chine », souligne cependant un porte-parole, John Babcock.

Du côté des entreprises, le Ministère signale que l’an dernier, « le Service des délégués commerciaux (SDC) du Canada a eu des discussions avec près de 1500 entreprises canadiennes concernant la Chine ».

Là encore, le portrait est incomplet puisque certaines entreprises canadiennes qui font des affaires en Chine ne sont pas en contact avec ce service offert par Ottawa.

Pour ce qui est de savoir si les Canadiens en Chine sont « à risque », toutefois, il n’y a, hélas, pas de réponse définitive à offrir.

« Le gouvernement du Canada recommande de faire preuve d’une grande prudence en raison du risque d’application arbitraire des lois locales. Les autorités chinoises peuvent considérer comme “mettant en danger la sécurité nationale” certains comportements et activités qui ne seraient pas considérés comme tels au Canada », souligne le ministère des Affaires étrangères.

L’ancien ambassadeur du Canada à Pékin Guy Saint-Jacques recommande à tous les visiteurs éventuels de s’inscrire auprès de l’ambassade du Canada ou du consulat qui, en Chine, est le plus près de l’endroit où ils comptent séjourner.

Il est aussi préférable, dit-il (comme c’est toujours le cas lorsqu’on voyage), de consulter l’avis consulaire offert sur le web par le gouvernement canadien.

« Même si on ne peut pas dire qu’il n’y a pas de risques, je pense qu’ils sont limités pour les touristes et les gens d’affaires, surtout s’ils créent de l’emploi en Chine et qu’ils respectent la loi », précise l’ancien diplomate.

Guy Saint-Jacques fait remarquer que ceux qui sont pris en otages sont généralement « des gens qui habitent en Chine même (et qui donc sont surveillés), surtout des chercheurs, des journalistes ou des gens qui travaillent pour des ONG ».

Cela dit, si vous avez critiqué la Chine sur les réseaux sociaux ou même dans les médias traditionnels, soyez prévenus, il pourrait être, selon l’expert, « dangereux de vous y rendre ».