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Q. Pourquoi les gens sont-ils contre le développement des ponts et des routes, comme le troisième lien à Québec ? À l’avenir, nous le savons, l’automobile électrique va devenir la norme et nous allons toujours avoir besoin de routes, non ?

Luc B.

R. Vous souvenez-vous de Field of Dreams, un film culte pour les amateurs de baseball ?

L’histoire est simple : un homme décide, contre vents et marées, de bâtir un stade en Iowa. C’est qu’un fantôme lui a dit que s’il le construisait, les amateurs viendraient. Et ça marche !

Dans le cas des routes, c’est exactement la même chose qui se passe. Des études l’ont démontré : si on en construit de nouvelles, les gens viendront. En masse. Si bien que les problèmes de congestion qu’on espérait régler reviendront, eux aussi.

Pour une région métropolitaine, construire de nouvelles infrastructures routières, aussi ambitieuses soient-elles, c’est donc chaque fois une fuite en avant.

Le troisième lien ? « C’est comme si un pneumologue offrait à son patient fumeur de lui poser un troisième poumon pour qu’il fume davantage au lieu de l’aider à trouver des moyens pour réduire sa consommation de cigarettes », écrivait en mai dernier notre collègue Laura-Julie Perreault.

C’est plutôt sur les transports collectifs qu’il faut miser.

Ce n’est pas tout. Une question importante qui entre aussi en ligne de compte, c’est celle de l’utilisation du sol, nous explique Geneviève Boisjoly, professeure adjointe au département des génies civil, géologique et des mines à Polytechnique Montréal.

« La voiture, qu’elle soit électrique ou pas, consomme une quantité importante de sols comparativement aux transports collectifs (métro, autobus, etc.) ou au transport actif (vélo, marche, etc.) », dit-elle.

Il y a donc également des enjeux d’optimisation de l’espace (limité) de nos régions métropolitaines, de protection de l’environnement ou de sécurité des citoyens (plus de routes et plus de véhicules, ça signifie davantage d’accidents, de blessés et de morts).

Sans compter les coûts associés à de nouvelles infrastructures routières. Nos budgets aussi sont limités ! Le tunnel reliant Québec à Lévis coûterait, selon des estimations récentes, tout près de 10 milliards de dollars.

Enfin, le troisième lien se conjugue avec étalement urbain (perte de terres agricoles, perte de biodiversité, etc.). Et même si les voitures électriques deviennent la norme, ça n’y changera rien, hélas.