Les «gens de Rome», célèbres et anonymes, ont rendu hommage au réalisateur italien Ettore Scola jeudi à la Maison du cinéma, où le «maestro», mort mardi à 84 ans, se sentait aussi chez lui.

Des centaines de ces Romains que le réalisateur avait dépeints en 2003 dans son film Gens de Rome, ont défilé toute la journée devant son cercueil, disposé sous l'écran de cette grande salle de cinéma.

C'est là qu'il avait fêté ses 80 ans et où il comptait retourner pour ses 85 ans en mai, a expliqué à l'AFP le président de la «Casa del cinema», Giorgio Gosetti, qui connaissait bien le réalisateur.

L'hommage public a débuté jeudi en milieu de matinée et prendra fin vendredi avec les témoignages de ses amis du cinéma italien et d'ailleurs, avant une cérémonie de crémation.

Ettore Scola, mort mardi soir à la polyclinique de Rome, est l'auteur de nombreux films dont certains inoubliables comme Nous nous sommes tant aimés ou Une journée particulière, qui met en scène deux «monstres sacrés» du cinéma italien, Marcello Mastroianni et Sophia Loren.

Gigliola et Paola

L'actrice de 81 ans, légende vivante du cinéma italien, est venue jeudi matin dire adieu à celui qui lui a donné l'un de ses plus beaux rôles à l'écran, celui d'Antonietta dans Journée réalisé en 1977.

Elle a embrassé Gigliola et Paola, la veuve et la fille du réalisateur, effleuré de la main le cercueil recouvert de fleurs, avant de repartir les yeux pleins de larmes, incapable de prononcer un mot.

Avec elle, c'est toute une foule d'admirateurs qui pleure l'un des derniers grands maîtres de la comédie italienne.

À côté du cercueil, imperturbables, deux gardes républicains en grand uniforme se tiennent de chaque côté d'une énorme couronne de fleurs offerte par le président italien Sergio Mattarella.

Un peu plus loin, le public installé, en spectateurs, dans les fauteuils rouges de la grande salle regarde défiler des photos du réalisateur et de ces films, sur fond de musiques tirées de ses plus grands chefs-d'oeuvre.

«Une part précieuse de l'histoire de l'Italie est maintenant partie. Nous avons perdu l'un des meilleurs Italiens», a résumé l'ancien maire de Naples, Antonio Bassolino.

Ettore Scola est né en 1931 à Trevico, dans la région de Naples. Monté très jeune à Rome, il commence à écrire des scénarios dans les années 1950 avant de passer derrière la caméra en 1964 pour son premier film Si vous permettez, parlons de femmes.

Il met alors en scène les plus grands acteurs de l'époque, Vittorio Gassman, Marcello Mastroianni et Nino Manfredi.

L'un des maîtres de la comédie à l'italienne avec Dino Risi ou Mario Monicelli, Ettore Scola laisse une oeuvre foisonnante et composite explorant par différentes voies stylistiques les relations entre histoire et individu.

«Scola nous a expliqué qu'il était possible d'avoir recours à la comédie pour raconter n'importe quelle histoire, politique, historique ou d'amour. La comédie est un genre très important, et c'est sans doute le plus important pour le cinéma italien», a expliqué à l'AFP le scénariste italien Enrico Vazina.