(Paris) Le cinéaste français Laurent Cantet, qui avait reçu la Palme d’or du Festival de Cannes pour son film Entre les murs, est décédé jeudi, a annoncé son agent à l’AFP.

« Il est mort ce matin à Paris de maladie », a indiqué Isabelle de  la Patellière, confirmant une information du quotidien Libération.

Le réalisateur de 63 ans, auteur de neuf longs métrages, travaillait sur un projet de film intitulé L’apprenti qui devait sortir en 2025.

Réalisateur discret à la fibre sociale assumée, Laurent Cantet était entré dans la légende de Cannes en 2008, en recevant la Palme d’or pour Entre les murs, décernée par un jury présidé par Sean Penn.

Mi-documentaire, mi-fiction, ce film d’un budget de 2,4 millions d’euros met en scène un professeur de français, François Bégaudeau (auteur du roman éponyme dont il s’inspire), et des élèves de 13 à 15 ans, aux origines géographiques et sociales multiples, dans un collège parisien.

Le Festival de Cannes a immédiatement réagi jeudi, saluant la mémoire d’un « humaniste acharné, qui cherchait la lumière malgré la violence sociale, qui trouvait l’espoir malgré la dureté de la réalité ».

Un cinéaste et scénariste « dont l’œuvre cohérente et humaniste dessine un cinéma sensible, à fleur de peau et à fleur de société », ajoute le festival. Et pour Entre les murs, un film « au naturalisme déconcertant ».

Il était revenu à Cannes en 2017 avec L’atelier, dans lequel un groupe de jeunes en insertion effectue un stage d’écriture.

« Le film fait le constat d’un monde peut-être plus dur encore que celui que décrivait Entre les murs. Mais en même temps, j’espère que le film démontre aussi que la parole est importante. Et que les jeunes la maîtrisent plutôt bien », disait alors Laurent Cantet.

Son dernier film, Arthur Rambo, sorti en 2021, se penchait sur la destruction d’une réputation sur les réseaux sociaux. Il s’inspirait de l’histoire vraie de Mehdi Meklat, un jeune auteur qui avait acquis une notoriété en chroniquant les quartiers défavorisés, avant de tout arrêter face à la découverte en 2017, de tweets antisémites, homophobes, racistes et sexistes.

« Cinéaste fin, discret et plein d’humanité, nullement ébloui par sa Palme d’or, Laurent Cantet réussissait avec précision et sens du rythme ce qu’il y a de plus difficile au cinéma : filmer les conversations, c’est-à-dire la vie », a réagi auprès de l’AFP l’ancien président du Festival de Cannes, Gilles Jacob.

Il avait cofondé en 2015 La Cinetek, plateforme de VOD de films éditorialisée par des cinéastes.