Après plusieurs années de vaches maigres, Montréal a repris de la vigueur cette année comme hôte de tournages étrangers. En 2007, les retombées économiques des tournages internationaux ont rapporté près de 200 millions à la Ville. C'est deux fois plus qu'en 2006.

L'année 2007 a été un bon cru pour la métropole québécoise en matière de tournages étrangers. De Hollywood, Montréal a accueilli les équipes de quelques productions poids lourds: The Curious Case of Benjamin Button, The Mummy III, The Punisher, Get Smart ou encore Death Race.

Du côté des coproductions, Montréal a attiré les tournages de Magique!, Shoe at your Foot, mais aussi de l'imposant tournage de Mr Nobody. «Ici, on a une bonne saison, et ça se poursuit», estime le commissaire du Bureau du cinéma et de la télévision de Montréal, Daniel Bissonnette.

«Cette année, les tournages internationaux ont rapporté près de 200 millions. L'an dernier, c'était seulement 100 millions», fait remarquer M. Bissonnette. En 2002 et en 2003, les retombées économiques des tournages étrangers pour la Ville de Montréal avaient atteint les 400 millions, avant de tomber à 150 millions en 2005.

La raison de l'embelllie? Le conflit entre le syndicat des scénaristes (WGA) et le syndicat des producteurs (Alliance of Motion Pictures and Television Producers). La menace de grève a peut-être fait le malheur des studios hollywoodiens, mais elle a encouragé les producteurs à tourner ici... et maintenant!

«Les menaces de grève font que les projets vont plus vite, raconte Daniel Bissonnette. En 2007, il y a eu beaucoup de tournages, et les studios américains espèrent pouvoir sortir les films s'il y a une grève.»

Toute la province gagnante

Les bienfaits de ce nouvel élan se font sentir à l'échelle de la province. À la fin de l'année 2007, les tournages de productions américaines et de coproductions internationales auront engendré des revenus de 300 millions pour l'ensemble du Québec.

«Ça signifierait une augmentation de 50 % par rapport à 2006», se félicite le commissaire du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec, Hans Fraikin, joint à l'American Film Market de Los Angeles. En 2006, les retombées économiques pour l'ensemble de la province s'élevaient à 200 millions; en 2005, elles représentaient moins de 100 millions.

Créé en 2005, le bureau du cinéma fait la promotion du Québec, de ses artisans et de ses nombreux lieux de tournage urbains ou champêtres. Voilà, selon Hans Fraikin, la grande explication du retour des productions internationales au Québec.

«J'ai fait des centaines de réunions. Chaque fois, j'informe des producteurs et des maisons de production d'un avantage du Québec qu'ils ignoraient: les équipes, les crédits d'impôts, les plateaux», explique-t-il.

Dans les Laurentides, les affaires se portent mieux que l'an dernier, où un conflit opposait l'Alliance québécoise des techniciens de l'image et du son et l'Alliance internationale des employés de scène et de théâtre. «On est contents, les Américains sont revenus», constate la commissaire adjointe du Bureau du cinéma des Laurentides, Marie Josée Pilon.

Cette année, les retombées économiques des tournages étrangers dans les Laurentides s'élèvent à 600 000 $ environ, soit les deux tiers des retombées de tous les tournages confondus pour la région. «2007 a été une très bonne année. On a eu une vingtaine de tournages et deux productions américaines (Get Smart, The Mummy)», poursuit Mme Pilon.

La capitale a perdu son élan

Le retour des productions américaines se fait encore peu sentir à Québec, où l'on se remet d'une période creuse de ce côté. «Là où on avait trois ou quatre longs métrages d'envergure en 2002-2003, on n'en a pas cette année», constate la commissaire au cinéma et à la télévision de Québec, Lorraine Boily.

Aujourd'hui, la capitale, où Steven Spielberg était venu tourner Catch Me If You Can, essaie de revenir à l'avant-plan. «On subit le contrecoup de ce qui n'a pas été fait en promotion les années précédentes. On a perdu l'élan qu'on avait et qui nous aurait permis d'accroître le nombre de nos tournages», précise Lorraine Boily.

Si 2007 marque incontestablement une amélioration par rapport à 2006 pour Montréal et le Québec, le volume de tournages internationaux n'a pas encore atteint son plein potentiel, croit Daniel Bissonnette. «La question est: aura-t-on de meilleurs résultats en 2008?» demande-t-il.

Pour répondre à la question, les bureaux du cinéma doivent compter avec de nombreuses inconnues: une grève à Hollywood qui pourrait perdurer et s'étendre aux acteurs et aux réalisateurs, le huard qui pourrait voler encore plus haut... Le Bureau du cinéma du Québec espère que le gouvernement accordera de nouveaux crédits d'impôts pour les régions et pour les effets visuels.

«On espère augmenter le volume de tournages, mais ça sera probablement des types de tournages différents. Sachant ce qui se passe, on va consacrer plus d'énergie aux productions européennes et aux coproductions. Et on va axer plus d'efforts sur les films publicitaires, qui ne dépendent pas de syndicats», explique Hans Fraikin.