Le Cambodge a interdit à l'actrice américaine Mia Farrow d'organiser une manifestation symbolique en faveur du Darfour visant à faire pression sur la Chine avant les Jeux Olympiques d'été, a indiqué mercredi un responsable de Phnom Penh.

Mia Farrow a lancé une campagne baptisée «Un rêve pour le Darfour» consistant à mimer le relais de la torche olympique dans des pays ayant connu des génocides, afin de dénoncer la complaisance de Pékin vis-à-vis du Soudan, accusé de commettre des atrocités au Darfour.

L'actrice voulait organiser une petite cérémonie dimanche à l'ancienne prison tristement célèbre de Tuol Sleng à Phnom Penh où des milliers de personnes avaient été torturées avant d'être tuées sous le régime ultra-communiste des Khmers rouges (1975-1979).

Mais les autorités cambodgiennes ont fait savoir qu'elles n'autoriseraient pas cette manifestation.

«Les Jeux olympiques ne sont pas une question politique», a déclaré à l'AFP Khieu Sopheak, porte-parole du ministère de l'Intérieur. «Par conséquent, nous n'autoriserons aucun rassemblement pour allumer une torche et nous ne les laisserons pas politiser les Jeux prévus en août à Pékin», a-t-il dit en menaçant les amis de Mia Farrow de poursuites judiciaires s'ils allaient de l'avant.

De son côté, le groupe animé par l'actrice a expliqué que la cérémonie visait au contraire à attirer l'attention sur le rôle positif que la Chine pourrait jouer en faveur du Darfour.

«Le relais symbolique de la torche olympique demande au gouvernement chinois, hôte olympique et principal partenaire politique et économique du Soudan, d'user de son influence spéciale pour s'assurer (de la mise en place) d'une force robuste de protection civile au Darfour avant le début des Jeux», a-t-il dit.

Le Cambodge serait la sixième étape du groupe de Mia Farrow après le Tchad, le Rwanda, l'Arménie, l'Allemagne et la Bosnie.

Le conflit du Darfour et ses conséquences ont fait quelque 200 000 morts en près de cinq ans et quelque 2,2 millions de déplacés sur une population de six millions d'âmes, selon des organisations internationales. Khartoum conteste le chiffre des victimes. La Chine achète d'importantes quantités de pétrole au Soudan.