Cinq romans pour faire un film? C'est faisable. La preuve: The Spiderwick Chronicles (Les chroniques de Spiderwick en version française) était au départ cinq livres pour enfants de Holly Black et Tony DiTerlizzi, qui sont devenus un long métrage signé Mark Waters, mettant en vedette Freddie Highmore et Sarah Bolger. Ils racontent comment...

À l'origine des Chroniques de Spiderwick, Holly Black et Tony DiTerlizzi. La première, auteure de romans jeunesse. Le second est connu pour ses illustrations. Ils se sont croisés dans les salons du livre puis se sont liés d'amitié. «Et un jour, Tony m'a montré les Guides d'identification des fées qu'il dessinait depuis toujours», mais qui dormaient dans ses portfolios. Ensemble, ils les ont sortis et ont écrit cinq courts romans destinés aux 8-10 ans, qui ont été publiés en un an et demi - entre mai 2003 et septembre 2004. Le succès a été immédiat. L'intérêt des studios aussi. Le cinquième tome n'était pas sur le marché que, déjà, les droits d'adaptation se négociaient.

Parce que cette série a ceci de particulier que l'enfant nord-américain moyen peut immédiatement s'identifier aux personnages et reconnaître les lieux et le temps où l'histoire se déroule: «Pour une fois, nous ne sommes pas en compagnie d'orphelins dans un pays et une époque qui semblent très très lointains», résume la productrice Kathleen Kennedy.

En effet, Les chroniques de Spiderwick - les romans comme le film de Mark Waters - se déroulent en Nouvelle-Angleterre (même si le tournage s'est fait à Montréal - au Cap Saint-Jacques et dans les studios Mel's) et met en scène la famille Grace: Helen, la mère; Mallory, la fille aînée; Jared et Simon, les jumeaux. Les parents viennent de divorcer et les enfants sont encore à digérer la chose (plus ou moins bien). D'autant plus que la nouvelle situation les oblige à changer de vie de bout en bout.

Ainsi, ils quittent la ville et s'installent au milieu de nulle part, dans un manoir délabré qui grouille et grenouille d'étranges créatures (gobelins, ogre...). D'abord invisibles. Puis, qui se laissent voir. Et qui, si elles proviennent du pays des fées, peuvent être maléfiques. En fait, beaucoup le sont. Et veulent s'emparer d'un livre magique écrit par l'arrière-grand-oncle des enfants, que Jared a trouvé - déclenchant une série d'événements qui déboulent sur cinq romans... et un long métrage qui les réunit tous, grâce à un rythme très soutenu et des effets spéciaux impressionnants.

Une équipe de premier ordre

Il faut dire que Kathleen Kennedy, connue comme «la productrice de Steven Spielberg», a contacté ces as des effets visuels qui sont Phil Tippett et Pablo Helman - avec qui elle a travaillé sur Indiana Jones, Star Wars, Jurassic Park. Côté écriture, après que le scénario fut passé entre plusieurs mains, elle a intéressé Karey Kirkpatrick, qui a entre autres scénarisé Chicken Run de Peter Lord et Nick Park (voir autre texte).

Pour la réalisation, elle a recruté Mark Waters, qui a si bien porté à l'écran les relations mère-fille dans Freaky Friday et la rébellion adolescente dans Mean Girls - qui est donc derrière deux des succès de Lindsay Lohan. À laquelle il ne compare pas ses vedettes des Chroniques de Spiderwick, Sarah Bolger (qui incarne Mallory et que l'on a découverte dans In America) et Freddie Highmore, qui a insisté pour avoir le rôle de Jared et de Simon. «À un moment donné, Lindsay s'est plus intéressée à devenir célèbre qu'à travailler. Mais elle a du talent et, si elle le désire, elle pourra retrouver une place.»

Sarah Bolger a impressionné le réalisateur par son sérieux, entre autres dans l'application qu'elle a mise à apprendre l'escrime, sport que pratique Mallory. À 16 ans, la jeune Irlandaise est, aussi, impressionnante par sa pétillante sagesse: «Mon plaisir, c'est de jouer, ce n'est pas la célébrité. Je vais m'arranger pour que les choses restent ainsi», dit-elle avant d'admettre qu'elle a eu à sacrifier quelques amitiés: «Vous ne pouvez pas travailler beaucoup et au loin, et penser que, quand vous revenez chez vous, rien ni personne n'a changé.»

Quant à Freddie Highmore, ça a été sa manière de «créer» les jumeaux Grace qui a frappé le réalisateur: «Il jouait deux rôles principaux, avait à se donner la réplique à lui-même et n'avait parfois que 10 minutes entre deux prises pour changer de personnalité, de coiffure et de vêtements.»

«C'est la possibilité d'avoir à jouer deux rôles dans un même film qui m'a attiré dans ce projet. J'aime les défis», fait le garçon qui aura 16 ans jeudi, et qui désire continuer ses études au cas où les défis, justement, ne se présenteraient plus à lui.

Il reconnaît être un bon élève, «mais pas dans le genre ennuyeux et sans amis!», précise, en souriant doucement, celui qui aime la personnalité différente des jumeaux Grace: «Jared, c'est celui qui est prêt à foncer pour ce qu'il croit et à se battre pour sa famille. C'est un genre de personnage que je n'avais pas eu à interpréter jusqu'à maintenant. Simon, c'est le gars sérieux qui sait beaucoup de choses et qui peut presque tout expliquer. Ça peut être utile aussi!»

Et ça lui ressemble un peu plus. Mais ce n'est pas lui qui le dit!