Il a réalisé On Golden Pond, finaliste pour l'Oscar du meilleur film en 1981 et tient les rênes de l'Actors Studio de la côte Ouest depuis des années. À partir d'aujourd'hui et pour 12 jours, l'Américain Mark Rydell sera à Montréal, à titre de président du jury du 32e FFM. La Presse a pu s'entretenir avec lui peu avant son arrivée.

Joint au téléphone à la veille de son départ pour Montréal, Mark Rydell disait être fébrile à l'idée de présider le jury du 32e Festival des films du monde. «On n'accepte pas ce genre de proposition d'emblée. Mais ce festival se distingue. Et mon horaire le permet. Alors, me voici!»

Bien qu'il se retrouve à la barre du jury d'un festival international de cinéma pour la toute première fois, le réalisateur de The Rose, candidat à l'Oscar de la meilleure réalisation en 1981 grâce à On Golden Pond (La maison du lac, en version française), place depuis toujours la réflexion au coeur de sa démarche. Avec Martin Landau, il assume notamment la direction artistique de l'Actors Studio sur la côte Ouest depuis de nombreuses années.

«Forcément, l'évaluation des oeuvres et des artistes fait partie de mon travail, explique-t-il. La réalisation donne aussi les outils nécessaires pour officier au sein d'un jury. Dans l'exercice de ses fonctions, un cinéaste est continuellement appelé à faire des choix, à évaluer son travail.»

Issu de la même génération de cinéastes que son grand ami Sydney Pollack, avec qui il a fondé une société de production dans les années 70 (Sanford Productions), Mark Rydell tient un peu le même discours que son comparse disparu récemment.

«Sydney me manque terriblement. Il était un cinéaste accompli et, surtout, un être humain remarquable. Il avait tout à fait raison quand il affirmait qu'il devient plus difficile pour les cinéastes de notre génération de trouver des projets enthousiasmants. À Hollywood, tout est désormais orienté vers un public très jeune, et les productions qui en sortent n'ont que faire de la condition humaine. Quand je vois un film comme Tropic Thunder - une horreur - ramasser autant de fric au box-office, je trouve cela navrant.»

À ses yeux, cette orientation a un grave effet d'entraînement, dans la mesure où le public adulte se détourne d'un art qui n'a plus grand-chose à lui offrir.

«Il se produit encore de très bons films, mais ils se font de plus en plus rares. L'ennui, c'est que l'argent a pris le dessus. Avec pour résultat que les studios doivent produire des films rentables qui plairont à tous les publics à la fois. Or, à force de vouloir plaire à tout le monde, on ne fait plus rien de significatif.»

Malgré le contexte actuel plus difficile, Rydell consacre toutes ses énergies à monter un projet de film sur le jazzman Chet Baker. «Il faut être fou, mais je sais comment mobiliser mes élans passionnels quand il le faut!» dit-il. Mark Rydell trouve aussi sa motivation dans son travail à l'Actors Studio. «J'adore enseigner. Le contact avec les jeunes me régénère. Malgré la présence de ceux qui ne sont là que pour devenir des stars de la télé, on rencontre aussi de jeunes gens remarquables qui sont vraiment intéressés par le travail de l'acteur. James Franco, par exemple, fait partie de ceux-là.»

Rydell rencontrera aujourd'hui les autres membres du jury pour la toute première fois. Rappelons que la comédienne Evelyne Bouix, la cinéphile Johanne Dugas, et les auteurs cinéastes Xie Fei, Vojtech Jasny et Dany Laferrière auront la tâche de départager, sous la présidence de Rydell, les 20 films présentés dans la compétition officielle. Ils attribueront en outre le Grand Prix des Amériques, récompense suprême du FFM.

«Je ne connais aucun des autres membres du jury, conclut Mark Rydell. Ils me sont parfaitement étrangers et je trouve cela très bien comme cela, sinon mieux. Nous pourrons établir nos rapports sur une base complètement fraîche. J'ai bien hâte de les rencontrer!»