Jimmy Page de Led Zeppelin, The Edge de U2 et Jack White des White Stripes révèlent leur quête du son parfait dans un documentaire sur la guitare électrique, héros hypnotisant de la musique populaire depuis plus d'un demi-siècle.

Le réalisateur Davis Guggenheim a réuni ce trio improbable pour It might get loud présenté en première mondiale vendredi soir au Festival international des films de Toronto dans une vaste salle de l'université Ryerson.

Guggenheim, qui avait mis en scène Al Gore dans «An inconvenient truth», suit ici Jimmy Page, The Edge et Jack White, en Grande-Bretagne, en Irlande et aux Etats-Unis dans leur laboratoire respectif où ils écoutent, taquinent la guitare et composent.

Le jeu à la fois dépouillé, énergique et mélodique de The Edge se révèle en fait une savante alchimie, un dosage de différentes pédales d'effets (delay, flanger, phaser, distorsion, etc...) modulant le son pour lui donner une texture unique.

Les quêtes de Jimmy Page et Jack White, représentants respectifs de groupes phare des années 1960-70 et 2000, puisent leurs origines dans le blues des années 30, ce son tiraillé, tendu, distordu créé par les guitaristes Noirs américains puis récupéré au milieu des années 50 pour donner naissance au rock blanc.

Sinueux, le documentaire de Guggenheim n'a rien de biographique ou de didactique. Les trois guitaristes, filmés chacun chez eux, parlent de façon décontractée de leurs premiers enregistrements, leurs premiers concerts, leurs influences.

À ces moments isolés se greffent la rencontre, tournée en janvier dernier, entre les trois musiciens, discutant de leur jeu, puis grattant la guitare ensemble comme des adolescents après l'école, plaquant un accord majeur en regardant attentivement les doigts de leur comparse pour mieux le suivre.

The Edge et Jack White observent avec une admiration sans borne le mentor Jimmy Page, un sourire satisfait au visage en jouant la mélodie de «whole lotta love».

 «Ce soir, ce fut incroyablement inspirant de voir la façon dont Jimmy et Jack jouent, j'ai vu des choses que je n'avais jamais vues auparavant. Je pense que je dois retourner m'exercer», a dit The Edge après avoir vu pour la première fois le montage du documentaire.

Le trio de rêve s'était réuni vendredi soir, mais sans guitare, dans la métropole canadienne pour assister à la première devant un public composé en majeure partie de jeunes universitaires.

 «J'ai joué de la guitare pendant longtemps, mais je n'avais rien vu qui en captait l'essence», a confié le producteur Thomas Tull, incrédule lorsque Jimmy Page a accepté son offre.

 «Qu'est-ce qui fait en sorte que des gens choisissent cet instrument, que guitar hero est le jeu vidéo le plus populaire, encore dans le top-50? Qu'y a-t-il avec cet instrument en particulier qui symbolise le blues et le rock à travers le monde?», s'est-il interrogé.

 «Pourquoi sommes-nous si attachés à cet instrument à six cordes, pourquoi ce n'est pas pas la sitar ou la clarinette?», a résumé Jack White, qui confectionne dans le film une guitare électrique à une corde avec un fil de fer, du bois, une bouteille de cola, et un microphone.

D'autres documentaires abordent le rock ou la pop cette année au Festival de Toronto dont «Soul Power», retour sur le festival «Zaïre 74» réunissant James Brown, B.B King et The Spinners à Kinshasa en marge du célèbre combat de boxe opposant Mohammed Ali à George Foreman, et «Sounds like teen spirit: a popumentary» sur la version junior du concours musical Eurovision.