L'année 2008 s'achève laissant derrière elle sa ribambelle de films «invisibles». Du côté du cinéma québécois, on pense au Banquet, de Sébastien Rose, un film imparfait, certes, mais qui méritait mieux que le silence et l'anonymat.

En 2008, mon coeur a battu pour un film lui aussi invisible - du moins, jusqu'à présent Hommes à louer, de Rodrigue Jean, un hommage sobre aux hommes de la rue, un documentaire dans sa forme la plus pure, à l'image de son réalisateur: sans compromis.

Il faut aller chercher sous les écrans radars aussi pour se souvenir des bouleversantes et élégantes Chansons d'amour, de Christophe Honoré, passé au Québec sans laisser de traces. Le cinéma français nous a gâtés cette année avec le petit bijou d'Abdellatif Kechiche, La graine et le mulet.

Trois documentaires ont retenu notre attention. Au Québec, on pense à l'excellent Junior, d'Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault, un film parfaitement maîtrisé pour un sujet en or, le hockey junior. Fantaisiste au possible, My Winnipeg, de Guy Maddin, est une invitation au rêve que l'on ne peut que plébisciter.

Très réussi aussi le portrait de Roman Polanski, à travers ses déboires avec la justice américaine, par Marina Zenovitch (Polanski: Wanted and Desired).

D'Allemagne, Andreas Dresen raconte et surtout montre, avec Wolke 9, la bouleversante histoire d'amour entre un homme et une femme. Il a 80 ans, elle a 76 ans et leur relation est du même bois que celui des plus belles «histoires d'a» au cinéma.

On a difficilement échappé cette année au tonitruant There Will Be Blood, de Paul Thomas Anderson, sorti au début 2008. La messe a déjà été dite aux Oscars: l'interprétation au poil de Daniel Day Lewis, la cinématographie grandiose, la composition de Jonny Greenwood... Le cinéma américain à son meilleur.

Enfin, en 2008, on a difficilement échappé à un autre étalage, particulièrement indigeste celui-ci: pensez «sex», pensez «city», et vous obtenez la plus grosse daube de l'année. Semblant tout droit sorti de l'imagination d'une sexagénaire du Wisconsin, Sex and the City a sans aucun doute été ma plus grande déception de l'année. La frivolité jamais trop légère de la série a disparu sous un trop plein de rose, de Fergie, de vulgarités, le tout porté par des actrices vieillissantes et disgracieuses. Épargnez-nous le «sequel», de grâce!

Les choix de 2008

Les «bijoux»
La graine et le mulet d'Abdellatif Kechiche (France)
Wolke 9 d'Andreas Dresen (Allemagne)
There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson (États-Unis)

Les documentaires

Junior d'Isabelle Lavigne et Stéphane Thibault (Québec)
My Winnipeg de Guy Maddin (Canada)
Polanski : Wanted and Desired de Marina Zenovitch (États-Unis)

Les «invisibles»

Hommes à louer de Rodrigue Jean (Québec)
Le banquet de Sébastien Rose (Québec)
Les chansons d'amour de Christophe Honoré (France)

Le «trop visible»

Sex and the City de Michael Patrick King (États-Unis)