Il a tour à tour fait craquer Xavier Dolan et Marie-Thérèse Fortin. Révélé grâce à J'ai tué ma mère, François Arnaud poursuit sa belle lancée en se glissant dans la peau d'un jeune délinquant, amoureux d'une femme plus mûre dans Les grandes chaleurs.


François Arnaud n'était pas à Cannes quand J'ai tué ma mère fut présenté à la Quinzaine des réalisateurs. L'interprète de l'amant de Xavier Dolan était retenu sur le plateau de Yamaska, le nouveau téléroman du tandem Boyer-d'Astous (Les poupées russes, Nos étés), dans lequel il incarne le fils d'un couple formé par Élise Guilbault et Denis Bernard.


«On ne sait jamais à quoi s'attendre, explique l'acteur. Plusieurs des films présentés à la Quinzaine passent pratiquement inaperçus. Il est certain que si nous avions pu prévoir un tel engouement autour du film, je me serais arrangé pour être là! Cela dit, j'ai quand même tout vécu cela d'ici en suivant l'incroyable couverture médiatique que le film a obtenue. Si un événement comme celui-là peut contribuer au rayonnement du cinéma d'auteur en général, tant mieux!»


Issu d'une famille où personne ne pratique un métier artistique, François Arnaud affirme devoir sa vocation aux nombreux films qu'il a vus.


«Quand j'étais adolescent, j'allais au cinéma - la plupart du temps tout seul - au moins quatre fois la semaine. Je dirais que ce fut là mon école. Autant que le Conservatoire. C'est en voyant des films que j'ai eu envie d'exercer ce métier.»


Il cite en vrac Kids de Larry Clarke, tout autant que les oeuvres de Michael Haneke, un cinéaste qu'il admire particulièrement. Il souscrit à la démarche d'un Christophe Honoré, dont il a notamment aimé Les chansons d'amour, et applaudit également le travail d'écriture et de réalisation de Ken Scott dans Les doigts croches.


«J'aime toujours les films à caractère réaliste - Harmony Korine, les frères Dardenne et tout ça - mais aujourd'hui, j'ai le sentiment de préférer les oeuvres qui transposent le quotidien, qui laissent place à la fantaisie. J'aime sentir que je suis au cinéma.»


C'est d'ailleurs sur ce terrain qu'il s'est d'abord entendu avec Xavier Dolan. Lors de leur première rencontre, les deux jeunes hommes se sont vite rendu compte qu'ils partageaient souvent les mêmes goûts cinématographiques.


«Il y a deux ans, Xavier est venu voir la pièce de fin d'année que nous avions montée au Conservatoire. Je ne le connaissais pas du tout. Lors de cette rencontre, il avait son scénario en main, dans lequel on pouvait déceler un talent d'écriture certain. Anne Dorval était déjà liée au projet à ce moment-là. Xavier est une boule d'énergie et d'enthousiasme devant laquelle tu ne peux pratiquement pas rester insensible. J'ai tourné Les grandes chaleurs avant J'ai tué ma mère, cela dit.»


Un acteur polyvalent



Les deux longs métrages prenant l'affiche à deux mois d'intervalle, l'acteur se retrouve ainsi à exhiber d'entrée de jeu sa polyvalence.


«À mon sens, c'est très bien comme cela. Ces deux films explorent des registres complètement différents.»


Avant même d'être sollicité pour jouer le délinquant amoureux des Grandes chaleurs de Sophie Lorain, François Arnaud était familier avec le personnage. Il avait en effet lu la pièce de Michel-Marc Bouchard peu de temps auparavant, alors qu'il était pressenti pour incarner Yannick sur scène dans un théâtre d'été.


«Je ne savais pas qu'un projet de film existait à l'époque. Je me suis retrouvé à une audition avec des dizaines d'autres garçons. Ce n'est que lorsque j'ai été rappelé que j'ai pu faire des essais avec Marie-Thérèse sous la direction de Sophie. Cela a tout de suite cliqué entre nous trois.»


La liaison amoureuse entre une femme mûre et un jeune homme 30 ans plus jeune est un sujet plus rarement abordé au cinéma. De nombreuses discussions ont eu lieu entre l'auteur-scénariste, la réalisatrice et les acteurs sur la manière de représenter le caractère intime de cette relation à l'écran.


«Mon premier souci, explique Arnaud, était d'établir d'emblée la nature charnelle de cette passion amoureuse. Je trouvais important qu'on sente que ce gars-là est amoureux de cette femme de façon adulte. Autrement dit, qu'il ne cherche pas sa mère!»


«Et puis, poursuit-il, il fallait rendre justice à la proximité intime de ces deux êtres sans tomber dans la représentation plus «choquante». Nous avons beaucoup parlé de ces choses Marie-Thérèse et moi.»


Sorti du Conservatoire il y a deux ans à peine, François Arnaud enchaîne pratiquement les projets depuis, tant au théâtre qu'au cinéma et à la télé. La belle lancée, quoi.