La Mostra a réservé jeudi un accueil chaleureux à Soul Kitchen, la première comédie du jeune cinéaste germano-turc Fatih Akin, tandis que le Philippin Brillante Mendoza dévoilait Lola, une bouleversante chronique sociale, l'un des films les plus forts en compétition.

Lola est le deuxième film-surprise en lice pour le Lion d'or de cette 66e édition (2-12 septembre), une compétition qui comprend 25 longs métrages.

Parmi les stars du jour sur le tapis rouge figuraient l'Égyptien Omar Shariff et la chanteuse libanaise Cyrine Abdel Nour, réunis par The Traveller d'Ahmed Maher, lui aussi en compétition.

??l'avant-veille de la remise du Lion d'or par le jury que préside le cinéaste Ang Lee, trois films se distinguaient dans le palmarès des critiques italiens interrogés par le magazine du festival : deux américains, Life During Wartime de Todd Solondz et Capitalism : A Love Story de Michael Moore, et un israélien, Lebanon de Samuel Maoz.

Tourné à Hambourg où vit Fatih Akin, 36 ans, ce film met en scène un jeune Grec dénommé Zinos (Adam Bousdoukos) propriétaire d'un restaurant quelque peu rustique installé dans un vieil entrepôt, Soul Kitchen.

Un lave-vaisselle briseur d'assiettes, une petite amie (Pheline Roggan) en partance pour la Chine, un frère (Moritz Bleibtreu) tout juste sorti de prison et un effroyable tour de reins rendent la vie de Zinos quelque peu mouvementée.

Lorsqu'il engage un cuisinier (Birol Ünel) aussi irascible que doué et qu'un agent immobilier aux méthodes crapuleuses (Wotan Wilke Möhring) décide de racheter Soul kitchen par tous les moyens, un tourbillon d'ennuis s'annonce.

Bourré de fantaisie, rythmé par une belle bande originale et interprété avec énergie par ses jeunes comédiens, Soul Kitchen célèbre gaiement l'amitié et le métissage des cultures.

«J'étais un peu esclave de mon succès, je pensais devoir faire des films sérieux et après la mort de mon producteur dont j'étais très proche, il m'a fallu six mois pour faire mon deuil et comprendre que le rire comme la mort, fait partie de la vie», a affirmé le lauréat de l'Ours d'or au Festival de Berlin avec Head-On (2004) et du prix du meilleur scénario à Cannes avec De l'autre côté en 2007, deux drames.

«Je voulais aussi voir si j'étais capable d'écrire un scénario traditionnel en trois actes, et cela s'est avéré plus difficile que prévu», a-t-il ajouté.

En compétition ces deux dernières années à Cannes, où il a remporté le prix de la mise en scène en 2009 pour Kinatay, Brillante Mendoza signe un film très émouvant et juste, avec les portraits croisés de deux vieilles femmes.

Frêle et dérisoire silhouette courbée sous un parapluie déchiré par la pluie battante, Lola Sepa (Anita Linda) allume une bougie sur le trottoir où son petit-fils a été tué d'un coup de couteau par un voleur de téléphone portable.

Lola Puring (Rustica Carpio, un extraordinaire visage), la grand-mère du meurtrier, vit elle aussi dans la plus grande précarité, dans une impitoyable ville de Manille.

Elles déambulent dans une bruyante ville-fourmilière, contractant auprès d'usuriers des prêts pour payer, l'une l'enterrement, l'autre, le procès, et luttant infatigablement malgré leur grand âge, pour le salut de leur famille.

Filmée à la façon d'un documentaire comme tous les films de Mendoza, cette chronique sociale est d'une grande force et devrait rejoindre les films favoris des critiques.