Le cinéaste Roman Polanski, malgré tout son talent, n'est «pas au-dessus des lois», jugeait mardi une partie de la presse britannique, même si quelques journaux considèrent excessive son arrestation samedi en Suisse dans le cadre d'une affaire de moeurs datant de 30 ans.

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Pour le Times, la police suisse «a eu raison» d'arrêter Polanski. Le quotidien de centre-droit s'étonne du soutien apporté par les plus hautes autorités françaises au cinéaste franco-polonais de 76 ans. Il relève que le président Nicolas Sarkozy lui-même «suit le dossier avec la plus grande attention», selon les propos de son ministre de la Culture Frédéric Mitterrand.

«C'est extraordinaire. Même si les chefs d'accusation les plus sordides ont été abandonnés, Polanski aura été pendant ces trois dernières décennies un pédophile avoué et condamné, en fuite», note le journal dans un éditorial.

«Grand artiste ou pas, la liberté de Polanski toutes ces années n'avait aucune justification morale, et de la même façon il ne saurait y avoir d'objection morale à son arrestation», conclut le quotidien.

Même son de cloche dans l'Independent, qui souligne avec force détails les faits reprochés au réalisateur et s'étonne du «soutien inconditionnel de l'establishment politique et littéraire».

À tous les «défenseurs de Polanski au sein de l'élite culturelle», le journaliste Dominic Lawson demande: «si c'était leur fille de 13 ans qui avait été droguée et sodomisée, penseraient-ils toujours que l'auteur est en fait une victime?»

Le Daily Telegraph se montre plus conciliant. «Le crime de Polanski contre Samantha Gailey était totalement condamnable, mais les années 70 étaient une autre époque, et son comportement n'était pas aberrant au regard des normes qui prévalaient alors» dans ce milieu, estime le journal.

«Si tous les rockeurs britanniques ayant séduit une mineure lors d'une tournée en Amérique avaient été arrêtés, notre secteur musical aurait été décimé», ajoute-t-il.

Polanski est recherché par la justice américaine après une procédure ouverte en 1977 pour des «relations sexuelles illégales» avec une adolescente de 13 ans. Celle-ci, Samantha Geimer, a elle-même demandé l'abandon des poursuites.