Le réchauffement climatique ne menace pas seulement les ours polaires, mais aussi des millions d'être humains, contraints à l'exil par les catastrophes naturelles, dans l'indifférence de la communauté internationale, dénonce un documentaire au Festival de Sundance.

Présenté hors compétition, Climate Refugees, de l'Américano-irlandais Michael P. Nash, dresse un constat accablant des conséquences du changement climatique sur les populations de régions, voire de pays entiers, en première ligne face à la montée des eaux ou aux catastrophes naturelles.

Le Festival du cinéma indépendant de Sundance, dont la 26e édition se tient jusqu'au 31 janvier à Park City, dans les montagnes de l'Utah, non loin de Salt Lake City, organisera dimanche une conférence sur le sujet.

«Il y a trois ans, les personnes inquiètes du réchauffement climatiques se demandaient combien d'années les ours polaires allaient-ils pouvoir survivre», déclare Michael P. Nash. 

«Mais ce qui se passe aujourd'hui affecte des dizaines de millions de personnes dans le monde», dit-il dans un entretien à l'AFP.

Le documentaire, très pédagogique, alterne entretiens avec experts, hommes politiques, membres d'organisations internationales ou humanitaires, et images prises aux quatre coins du globe, dans les régions et pays où les migrations climatiques sont aujourd'hui devenues inévitables.

Aucune partie du monde n'est épargnée: du Bangladesh, victime de cyclones toujours plus nombreux, à la Chine, où frappent à la fois sécheresse et inondations, en passant par les îles Tuvalu, qui pourraient être les premières à disparaître avec la montée des océans, ou l'Afrique en voie de désertification.

Sans oublier les États-Unis et leurs 300 000 réfugiés climatiques, chassés de chez eux par l'ouragan Katrina en 2005, souvent sans espoir de retour.

«Les gens, aux États-Unis, ont peur des ouragans, ou des glissements de terrain et des incendies en Californie, mais ce n'est rien comparé aux 50 ou 100 millions de réfugiés climatiques qui vont traverser les frontières à la recherche d'eau et de nourriture», prévient M. Nash.

Le réalisateur a participé à la conférence sur le climat de Copenhague en décembre dernier, une expérience «frustrante». 

«C'est un peu comme vouloir résoudre un Rubik's cube avec un bandeau sur les yeux. Chacun a son propre ordre du jour», déplore-t-il.

Pour lui, la question n'est plus de savoir à quoi est dû le réchauffement climatique. «Ça n'a vraiment aucune importance de savoir quelle espèce de requin a attaqué le femme qui saigne sur la plage. Ce qu'il faut, c'est s'occuper de cette femme!», s'exclame-t-il.

Michael P. Nash estime que le problème fondamental est qu'«il n'existe pas de loi internationale pour protéger les réfugiés climatiques», comme le fait la Convention de Genève pour les réfugiés politiques.

«Il faut créer une nouvelle organisation, au sein des Nations Unies ou complètement séparée, qui puisse prendre en charge les aspects humanitaires du changement climatique», assure-t-il.

Une organisation qui pourrait avoir une action à long terme sur les populations menacées - comme les îles Tuvalu, par exemple - mais qui serait aussi capable, en cas de catastrophe naturelle, «de débloquer des fonds à destination des victimes en l'espace de quelques heures».

Le drame d'Haïti est pour lui un cas d'école. «Le séisme a provoqué des destructions, mais vous savez, les Haïtiens ont vécu ces trois dernières années sans nourriture. La crise humanitaire que traverse le pays en ce moment est vraiment une honte pour l'humanité».