Un expert américain en neutralisation de bombes qui a participé à la guerre en Irak souhaite poursuivre les créateurs de The Hurt Locker (Démineur).

Le sergent Jeffrey Sarver prétend en effet qu'il est l'inspiration pour le personnage principal du film et croit que les producteurs lui doivent par conséquent une compensation financière, a indiqué son avocat, Geoffrey Fieger, au cours d'une conférence de presse mercredi.

Me Fieger a ajouté que son client prévoyait déposer une poursuite de plusieurs millions de dollars.

M. Sarver affirme que le scénariste et journaliste Mark Boal a été intégré dans son unité et que l'information qu'il a récoltée a été utilisée dans le scénario du film. The Hurt Locker est en nomination dans neuf catégories aux Oscars, incluant celle du meilleur scénario original.

Selon M. Sarver, le personnage principal du film, Will James, est inspiré de lui et il utilise le signal d'appel «Blaster One», qu'il avait lui-même l'habitude d'utiliser pendant ses missions. M. Sarver allègue également que l'expression «The Hurt Locker» vient de lui.

Toujours selon M. Sarver, M. Boal s'est servi de son expérience avec l'unité pour écrire un article à son sujet pour le magazine Playboy, et cette histoire aurait plus tard été adaptée pour devenir le scénario de The Hurt Locker.

Jeffrey Saver, qui était présent lors de la conférence de presse mercredi, a déclaré qu'il aurait pu aider les créateurs du film s'ils lui en avaient donné la chance.

«(Je me sens) un peu blessé, un peu laissé de côté», a révélé le sergent. «J'espère seulement que M. Fieger pourra arranger tout cela.»

Le distributeur américain du long métrage, Summit Entertainment, a émis une déclaration dans laquelle il dit espérer «en arriver à un règlement rapide de la plainte».

«Le film raconte l'histoire de héros et se veut un compte rendu fictif de ce que des femmes et des hommes courageux accomplissent sur le champ de bataille», a fait savoir l'entreprise. «Nous ne doutons pas que le sergent Sarver a servi son pays avec honneur et dévouement en risquant sa vie pour une grande cause, mais le film que nous distribuons est basé sur un récit fictif écrit par Mark Boal.»

De son côté, le scénariste et reporter a nié que son protagoniste principal s'inspirait uniquement de M. Sarver et a insisté sur le fait que The Hurt Locker était une oeuvre de fiction.

«Jeff est un brave soldat et un bon gars. Comme beaucoup de militaires, il s'identifie aux héros du film. Mais le personnage que j'ai créé est fictif», a souligné M. Boal dans une déclaration. «Le film est une fiction qui s'inspire de plusieurs personnes et non un cas vécu basé sur l'histoire d'un seul individu.»

Il pourrait s'avérer difficile pour Jeffrey Sarver de gagner son procès s'il ne parvient pas à prouver que Mark Boal lui avait fait des promesses lorsqu'il faisait partie de son unité, croit Jody Simon, un avocat de Los Angeles spécialisé en droit du divertissement.

«Les soldats n'ont pas de vie privée», a indiqué M. Simon. «Les militaires ont intégré le journaliste, alors ils lui ont donné la permission d'observer ce qui se passait. Les oeuvres de fiction comprennent toujours des éléments réels.»

Geoffrey Fieger a affirmé qu'il avait planifié la poursuite de façon à ne pas perturber le vote pour les Oscars, qui s'est terminé mardi.

L'action en justice vise plusieurs défendeurs, dont Mark Boal et Kathryn Bigelow, la réalisatrice du film, qui aurait, selon Me Fieger, communiqué avec le reporter alors qu'il était intégré à l'équipe de Jeffrey Sarver.