Le Festival de films sur les droits de la personne, qui s'est ouvert jeudi, se poursuit jusqu'au 21 mars. Un véritable happening pour les amateurs de documentaires de qualité, ou simplement pour ceux qui ont envie de découvrir d'autres réalités de notre monde. Aujourd'hui, les cinéphiles auront droit à une rencontre avec l'ancienne prisonnière d'opinion Rebiya Kadeer à la suite de la projection du film The 10 Conditions of Love, à la salle Marie-Gérin-Lajoie de l'UQAM, à 14 h. Mme Kadeer se bat, depuis les États-Unis désormais, pour le respect des droits des Ouïgours de la région du Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine. Voici quelques suggestions de La Presse tirées de la programmation que vous pouvez consulter en entier au www.ffdpm.com.

Kalandia, histoire d'un poste de contrôle ***

L'idée d'un documentaire naît parfois près de chez soi, parce qu'on est témoin de quelque chose qui ne doit pas passer sous silence. C'est ce qui est arrivé à la réalisatrice israélienne Neta Efrony, qui a filmé pendant six ans la vie quotidienne dans un point de contrôle militaire entre Jérusalem-Est et Ramallah. Ça commence comme une mesure temporaire en plein air, ça devient une véritable frontière étanche, d'une efficacité bureaucratique qui donne froid dans le dos. Si vous pensez que les mesures de sécurité dans les aéroports sont pénibles, imaginez devoir subir ça matin et soir pour aller travailler ou aller à l'école. C'est ce que vivent les Palestiniens. Une injustice qui révolte la réalisatrice, dont les réflexions personnelles ponctuent le documentaire, pour lequel elle a développé une véritable obsession.

> Demain, 19h, et mercredi, 21h, au Cinéma du Parc

Which Way Home ****

En nomination aux derniers Oscars, ce documentaire de Rebecca Cammisa est l'un de nos gros coups de coeur du festival. Parmi les milliers de Sud-Américains qui tentent au risque de leur vie de traverser la frontière américaine pour fuir la misère, il y a beaucoup d'enfants qui voyagent seuls, sans protection, uniquement guidés par leurs rêves. Ils font des milliers de kilomètres sur le toit des trains, et les dangers sont grands: accidents sur la voie ferrée, vols, viols, maltraitance. Nous suivons Olga, Freddy, Jose, Kevin, qui ont de 9 à 14 ans. Ils veulent retrouver un parent aux États-Unis, ils veulent aider leur maman en leur envoyant de l'argent, ils ont vécu et vu des choses qu'aucun enfant ne devrait vivre, ils sont d'une débrouillardise extraordinaire et la déception qui les attend n'en est que plus scandaleuse. Incontournable et poignant.

> Lundi, 19h, et dimanche 21 mars, 21h, au Cinéma du Parc

Weapon of War ****

On estime à 150 000 le nombre de femmes violées en République démocratique du Congo, où le viol est considéré comme une arme de guerre. Outre les conséquences psychologiques évidentes, cet état de fait mine la société puisque les victimes subissent le rejet dans leur milieu et ne peuvent plus se marier - à moins de se retrouver liées de force à un soldat. La particularité de ce documentaire de Femke et Isle Van Velzen réside dans son angle; on fait parler ces hommes qui ont tué et violé des femmes en suivant les ordres. Beaucoup souffrent du syndrome post-traumatique. L'un d'eux a décidé de se réformer et travaille à changer les mentalités dans l'armée en dénonçant les violences sexuelles, bien qu'il affirme avec candeur que sa femme, qui l'a épousé de force, l'aime beaucoup aujourd'hui... La détresse de ces hommes donne la mesure de celle des victimes.

> Mardi, 19h, au Cinéma ONF


Après la chute ***

Dans cette fiction d'à peine une heure, nous assistons à la fête donnée par Azad, exilé kurde en Allemagne, pendant la chute de Saddam Hussein en Irak en 2003. On danse, on chante, on boit, on rit, on crie, pendant que défilent les images de l'entrée des troupes américaines à Bagdad. Mais la fête prendra une tournure dramatique lorsque des secrets seront dévoilés, détruisant les amitiés, les familles. Intéressante allégorie de ce qui suivra en Irak, Après la chute, de Hiner Saleem, nous rappelle la liesse entourant ces premiers jours, avant que tout ne sombre dans le chaos, les dérapages et l'occupation.

> Aujourd'hui, 21h, au Cinéma du Parc et vendredi 19 mars, 17h, au Cinéma Parallèle

Women In Shroud ***

Pas de pitié en Iran pour les femmes coupables d'adultère, et qui peuvent être condamnées à la peine capitale, souvent sans autre preuve que quelques témoignages douteux. Des avocates et militantes iraniennes tentent de les protéger en travaillant sans relâche pour leur offrir un procès équitable. Elles réussissent parfois à les sauver, parfois non. Elles tentent aussi de prouver qu'il existe encore des exécutions par lapidation, alors que les autorités affirment que ces sentences n'existent plus. Women in Shroud est un documentaire très verbeux et assez statique, vu la nature juridique du sujet; il n'en demeure pas moins essentiel pour comprendre les faiblesses du système judiciaire iranien, et les forces vives que sont ces femmes engagées, très loin de l'image de la soumission qu'on imagine.

> Mercredi, 19h, et jeudi, 21h, au Cinéma du Parc

Ghosts *** 1/2


Abdullah Almalki, 22 mois de détention en Syrie. Muayyed Nureddin, 33 jours de détention en Syrie. Ahmad Abou-Elmaati, deux mois de détention en Syrie et 24 mois en Égypte. Trois citoyens canadiens très bien intégrés à la société qui ont été torturés à l'étranger avec la complicité de leur gouvernement, puisque les questions de leurs tortionnaires étaient les mêmes que celles de la GRC ou du SCRS, disent-ils. Nous les voyons dans leur lutte pour obtenir des réponses à leurs questions et retrouver leur dignité. Quant à la possibilité de retrouver confiance en ce gouvernement qui balaie la question sous le tapis, on ne peut leur reprocher d'en douter. Comme le titre l'indique, ce sont des fantômes qui apparaissent de temps à autre dans les médias, mais il faut voir ce documentaire pour découvrir la réalité et l'humanité de ces hommes brisés. Et ne pas oublier que leur combat n'est pas que personnel, puisqu'il touche aux droits fondamentaux que ce pays est censé respecter. D'une criante actualité et parfaitement dans l'esprit du Festival de films sur les droits de la personne.

> Jeudi 18 mars, 19h, au Cinéma du Parc