Une centaine de personnalités du 7e art russe ont annoncé leur sortie de l'Union russe des cinéastes, institution clé de la profession, pour protester contre «le style totalitaire» de son président, le célèbre metteur en scène Nikita Mikhalkov.

Dans une lettre ouverte, disponible mardi sur le site vertov.ru et intitulée «On n'aime pas», les signataires dénoncent «la verticalité du pouvoir absolu au sein de la communauté professionnelle», dirigée depuis plus de dix ans par l'influent auteur de Soleil trompeur (Oscar en 1994).

«On n'aime pas le style totalitaire de la gestion de notre union où une seule personne met aux postes importants des gens qui lui conviennent et avec qui il prend les décisions principales», écrivent les signataires, parmi lesquels figurent le maître de l'animation Youri Norstein et les metteurs en scène Alexandre Sokourov, Eldar Riazanov, Alexeï Guerman et Otar Iosseliani.

«On n'aime pas la quête obsédée de l'ennemi intérieur et l'expulsion des insoumis», écrivent-ils, avant d'annoncer leur sortie de l'Union et d'inviter leurs collègues à suivre leur exemple.

Cette «révolte» résulte d'une lutte que mène depuis plusieurs mois une partie de la profession contre le cinéaste «numéro un», proche du pouvoir, et initiateur d'une vaste réforme du système de subventions d'État. Cette réforme est très impopulaire auprès de beaucoup d'entre eux, désormais privés d'aides publiques.

Fin 2008, ses détracteurs, principalement des cinéastes de Moscou et de Saint-Pétersbourg, avaient déjà dénoncé publiquement la gestion de Nikita Mikhalkov et élu un nouveau président, le réalisateur de 83 ans Marlen Khoutsiev (J'ai 20 ans, 1962).

En mars 2009, Mikhalkov avait cependant réussi à faire invalider cette élection en se faisant reconduire à la tête de l'Union lors d'un Congrès de ses partisans des régions.

La nouvelle attaque contre Mikhalkov coïncide avec la sortie la semaine dernière de Soleil trompeur 2, accueilli très froidement aussi bien par les critiques qui dénoncent «un faux patriotisme» de l'auteur, que par le public, souvent dégoûté par la publicité présentant ce long métrage comme «Le Grand film sur la Grande guerre».