Deux cent treize ans après la publication du poème de Goethe; soixante-dix après le dessin animé qu'en a tiré l'oncle Walt pour Fantasia, la légende de l'apprenti sorcier refait surface dans une nouvelle incarnation. Et emprunte aujourd'hui les visages de Nicolas Cage et Jay Baruchel.

Nicolas Cage est un ardent admirateur de Fantasia, le dessin animé qu'a produit Walt Disney il y a maintenant 70 ans. À ses yeux, ce film, le premier qu'il ait vu dans sa vie, est un chef-d'oeuvre absolu. Probablement même le plus beau à avoir jamais été réalisé dans l'histoire du cinéma. L'acteur se le repasse au moins une fois l'an, en guise de film de chevet.

«Je suis aussi naturellement fasciné par tout ce qui relève de l'ordre de la magie et de la métaphysique, a déclaré Cage au cours d'une conférence de presse tenue récemment à Los Angeles. Quand je me suis mis à réfléchir sur l'idée d'un film qui pouvait faire écho à des pouvoirs magiques, l'histoire de L'apprenti sorcier m'est tout de suite venue à l'esprit. Je me disais qu'il serait amusant de concevoir une version contemporaine, campée à notre époque, dans une grande cité.»

Il s'est alors naturellement tourné vers le producteur Jerry Bruckheimer, avec qui il avait déjà collaboré six fois. Et aussi vers Jon Turteltaub, le réalisateur avec lequel il a notamment tourné les deux National Treasure. Cage s'est ainsi retrouvé au coeur d'un processus créatif résultant en une superproduction de 150 millions de dollars environ, truffée d'effets spéciaux, résolument destinée à un public familial.

«Il n'est pas question de magie noire dans The Sorcerer's Apprentice, tient à préciser l'acteur, aussi producteur délégué. Nous avons voulu proposer une histoire qui élargit les horizons des enfants tout en leur accrochant un sourire aux lèvres. Je crois que Walt Disney lui-même aurait été heureux de notre travail. Nous avons en tout cas tenté de respecter l'esprit de ce qu'il avait créé à l'époque de Fantasia

Dans les souliers de Mickey

Tous les artisans étaient bien conscients de s'aventurer en terrain délicat. Même si le film puise autant son inspiration dans le poème original de Johann Wolfgang von Goethe, publié en 1797, que dans ce segment légendaire de huit minutes inclus dans le film classique qu'a produit Walt Disney en 1940, il reste que l'imagerie est déjà bien ancrée dans la mémoire des gens.

«Dans la partie où l'on évoque la fameuse scène des balais du dessin animé, nous n'avions surtout pas droit à l'erreur», reconnaît Jay Baruchel, covedette du film et meilleur ambassadeur de Montréal à Hollywood.

La vedette de The Trotsky incarne ici Dave, un jeune étudiant friand d'expériences scientifiques, en qui Balthazar (Nicolas Cage), un sorcier millénaire évoluant à Manhattan, voit un digne successeur du mage Merlin. La recherche ayant pris des siècles, Balthazar ne veut évidemment pas lâcher le morceau, l'apport d'un apprenti se révélant essentiel dans son combat contre son ennemi Maxim (Alfred Molina), bien résolu à détruire le monde. Or, Dave se fait tirer l'oreille, ne connaissant pas encore son potentiel surnaturel.

«C'était absolument enthousiasmant de participer à cette aventure, indique Baruchel. Cela dit, il y avait quand même deux sources de préoccupation. Je devais d'abord enfiler les souliers de Mickey. Il n'est vraiment pas évident de s'attaquer à l'une des scènes les plus aimées de l'histoire du cinéma. Cela peut être intimidant. C'est comme refaire la scène du baiser sur la plage de From Here to Eternity. Le pari est pratiquement impossible à relever. Et puis, je devais donner la réplique à Nicolas Cage, qui, pour moi, est une idole, un héros. Dans un cas de figure comme celui-là, on perd toute contenance, ou alors, la situation nous stimule. Une chose est certaine, je ne voulais rien faire rater. J'ai essayé d'être aussi bon que Nic.»

Le vétéran n'avait de son côté que de bons mots pour son jeune partenaire. «J'aime travailler avec de nouveaux acteurs, affirme Nicolas Cage. Ils m'obligent à être bon. Jay possède un style de jeu très «jazzy», très libre. Il n'a peur de rien. C'est très stimulant d'avoir en face de soi un acteur avec qui on peut essayer plein de choses. Aussi, je dirais que Jay a un atout rare: une voix immédiatement identifiable. C'était le cas de Bogart, notamment. D'autres grands acteurs aussi. Une longue et fructueuse carrière s'annonce pour lui.»

Pas de 3D

Malgré la frénésie qui entoure le cinéma en 3D présentement, The Sorcerer's Apprentice, qui a ouvert le festival Fantasia à Montréal hier, n'a jamais été pressenti pour faire partie des productions dont les images pourraient être vues en relief. Il ne s'agit pourtant pas d'une volonté des artisans.

«Il y a deux ans, nous sommes allés voir les patrons de Disney en leur disant que nous avions en main le film parfait pour la technologie 3D, raconte aujourd'hui en riant le réalisateur Jon Turteltaub. Jamais un de mes films n'a comporté autant d'effets spéciaux. À l'époque, on nous a répondu que la mode du 3D allait passer très vite, que c'était une idée frivole. On nous a aussi dit que c'était une perte de temps et d'argent. Nous avons alors pris la résolution de faire le meilleur film possible en 2D!»

«Et c'est réussi! insiste Nicolas Cage. Je suis en tout cas ravi de proposer un film qui puisse plaire à toute la famille, avec des personnages qui s'appuient sur des pouvoirs magiques plutôt que sur des armes!»

The Sorcerer's Apprentice (L'apprenti sorcier en version française) prend l'affiche mercredi 14 juillet.

Les frais de voyage ont été payés par Disney Pictures.