Pour le dernier jour de la compétition avant l'annonce samedi du palmarès de la Mostra de Venise, l'amour et l'humour ont pris vendredi le pas sur la mort, le thème le plus célébré de cette 67e édition.

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L'amour qui triomphe sur le temps qui file, dans Barney's Version, du Canadien Richard J. Lewis, l'amour tridimensionnel qui réinvente la famille avec Drei, de l'Allemand Tom Tykwer. Et plus difficile d'approche, l'amour du cinéma, vu par le cinéma en train de faire du cinéma, avec Road to Nowhere, de Monte Hellman, figure culte du cinéma américain des années 70 et 80 mais méconnue du grand public.

Barney's Version, adapté du roman éponyme de Mordecai Richler, suit sur deux continents et 40 ans les aventures de Barney Parnofsky (Paul Giamatti) et de ses trois épouses, dont la troisième, Miriam (Rosamund Pike) est véritablement son âme soeur, aimée à jamais.

De sa vie de Bohème à Rome (une liberté du script, le roman avait choisi Paris) au retour à Montréal au coeur du quartier juif, Barney jongle avec ses «ex», assure la production de séries télé «totalement inutiles» - le nom de sa maison de production - enterre son père adoré (Dustin Hoffman, qui ne s'est pas montré au Lido) et élève ses enfants...

Dès vendredi, l'acteur principal Paul Giamatti - d'origine italienne par son père - était donné parmi les lauréats possibles de la Coupe Volpi récompensant le Meilleur acteur.

Pour le producteur canadien Robert Lantos, «c'est un film sur la condition humaine, j'aime son humour, son sarcasme... il y a suffisamment de noirceur dans ce monde, pas besoin d'en rajouter. Cela ne peut pas être seulement horrible d'être vivant».

Ce projet, il a mis plus de dix ans à le boucler: «Autrefois, il aurait été tourné par un studio. Aujourd'hui, si vous ne visez pas un public de 15 ou 16 ans, tout film est une course d'obstacles».

Avec Drei, dernier film en compétition pour le Lion d'Or, le réalisateur allemand Tom Tykwer choisit d'élargir le champ de l'amour et suggère un couple tridimensionnel: Hanna (Sophie Rois) et Simon (Sebastian Schipper) vivent ensemble depuis vingt ans quand ils rencontrent, séparément, Adam (Devid Striesow) dont chacun finit par tomber amoureux dans un Berlin délavé par la pluie.

Peut-on s'aimer à trois et aimer plusieurs personnes à la fois? la question était déjà posée dans un des films français en compétition, Happy Few, mais Drei prend un autre chemin en pariant qu'un plus un font plus que deux parfois.

«Il ne s'agit pas de vendre un nouveau projet de famille, mais c'est juste un fait: aujourd'hui le mariage n'est plus la seule façon de vivre ensemble», constate Tom Tykwer.

Enfin, selon la rumeur du Lido, le réalisateur américain Monte Hellman, 78 ans, qui présentait Road to Nowhere, pourrait bien se voir décerner samedi un prix couronnant l'ensemble de sa carrière. Adulé dans la profession, il fut le découvreur et premier producteur de Quentin Tarantino (Reservoir Dogs), le président du jury de la Mostra.

Depuis le 1er septembre, 24 films ont concouru pour le Lion d'Or du meilleur film et pour le Lion d'argent, qui récompense la meilleure réalisation.

Pour 21 critiques de la presse internationale, les mieux placés seraient le film russe Ovsyanski d'Alexei Fédortchenko et Post Mortem, du Chilien Pablo Larrain, suivis de Potiche, du Français François Ozon - seul éclat de rire du festival - et de Somewhere de Sofia Coppola.

La cérémonie de clôture doit débuter samedi vers 19 h 30 locales. Elle s'achèvera avec la projection de The Tempest de Julie Taymor (adaptatrice du Roi Lion à Broadway et réalisatrice de Frida), avec Hélène Mirren.