Le Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ) célèbre son cinquième anniversaire. En cinq ans, la province a accueilli 33 productions étrangères dont les retombées économiques directes sont évaluées à 764 millions. L'année 2010 a été marquée par un record de 214 millions, en voie d'être dépassé cette année. Mais le Québec demeure tout de même loin derrière l'Ontario et la Colombie-Britannique, où les retombées des productions étrangères ont été de 318 et 777 millions uniquement en 2010. N'empêche! Le commissaire national, Hans Fraikin, s'est montré très optimiste en entrevue.

Q Que doit-on retenir des cinq ans du BCTQ?

R Il a été un élément crucial dans la restructuration de l'offre québécoise à des producteurs étrangers. Cette restructuration est née de la collaboration de beaucoup de personnes dans l'industrie qui avaient la même vision: offrir un produit alléchant en tenant compte d'une concurrence en croissance, que ce soit sur le plan des crédits d'impôt, de l'expertise, des studios, des lieux de tournage, etc. C'était la première fois que le Québec se dotait d'un guichet unique au service des productions étrangères. On partait de loin, car Vancouver a un tel bureau de cinéma depuis 30 ans.

Q Les statistiques du BCTQ montrent que les retombées sont en hausse. Est-ce unique à Montréal?

R À Vancouver, c'est stable (ndlr: en fait, la Colombie-Britannique a enregistré un net recul de 1,1 milliard en 2009 à 777 millions en 2010) alors qu'en Ontario, les chiffres sont en hausse, notamment en raison des nouveaux studios Pine Woods. Ailleurs, en Amérique, il y a des variations. Mais je crois qu'en fin de compte, Montréal se classe parmi les meilleurs en ce qui a trait à la croissance annuelle nette.

Q Des 200 millionsen retombées déjà annoncées en 2011, quelle est la part attribuable au film Blanche-Neige?

R Entre 80 et 85 millions. Lorsqu'on parle de retombées économiques, ce sont les sommes qui sont dépensées ici, au Québec: salaires des techniciens, studios, hôtels, etc. Les salaires des comédiens font partie de ces statistiques lorsqu'ils paient des impôts au Québec.

Q Peut-on espérer mettre le grappin sur d'autres grosses pointures telles que Blanche-Neige dans l'avenir?

R Absolument! D'ailleurs, le tournage du film The Mommy en 2007 avait généré des retombées équivalentes. Mais il ne faut pas uniquement chercher les gros tournages. Dix films dotés d'un budget de 10 millions de dollars font travailler plus de gens qu'un seul film de 100 millions. Dix films, ça signifie dix directeurs photo, etc.

Q En entrevue au magazine spécialisé Qui fait quoi, vous avez dit souhaiter dépasser le cap des 400 millions en retombées annuelles dans cinq ans. Comment y arriver?

R Les Américains demeurent notre première clientèle cible, mais il y a du potentiel du côté de la Grande-Bretagne et des pays émergents comme l'Inde. Évidemment, il faut que la capacité de notre offre suive nos objectifs. Pour cela, nous misons sur certains projets structurants.

Q Donnez-nous un exemple de projets structurants.

R Un des désavantages du Québec pour attirer les productions étrangères est la météo. Par contre, nous avons de grands studios où l'on travaille sur des écrans chromatiques (écrans verts). Toute l'industrie a collaboré pour tester 10 types de caméras utilisées sur de tels écrans et mettre sur pied une grille de travail qui va rendre l'expertise des techniciens encore plus concurrentielle. En parallèle, en 2009, nous avons convaincu le gouvernement du Québec d'accorder aux productions un crédit d'impôt de 20% sur la main-d'oeuvre travaillant sur écran vert et sur les effets visuels. Notre expertise est devenue tellement poussée en matière d'effets spéciaux que Montréal pourrait devenir, dès l'automne, la sixième ville dans le monde à être reconnue par la Visual Effects Society. C'est l'équivalent de la certification ISO pour les effets visuels. Si nous obtenons cette certification, ce sera très avantageux pour nous.