Présenté en première mondiale au Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, Mesnak est le premier long métrage de fiction tourné par un membre des Premières nations au Québec. Le film s’inspire librement de la pièce Hamlet de Shakespeare, affirme son réalisateur Yves Sioui Durand.

«Pour moi, les Autochtones connaissent des destins shakespeariens. Et ce ne sont pas que des drames. Ce que nous vivons se rapproche de la tragédie grecque», indique en entrevue le réalisateur rencontré le week-end dernier à Rouyn-Noranda. Son film y a reçu un excellent accueil du public.

Il y a quelques années, M. Sioui Durand avait signé avec Jean-Frédéric Messier une pièce de théâtre intitulée Hamlet-le-Malécite. Avec l’aide de l’écrivain Louis Hamelin et du réalisateur Robert Morin pour la scénarisation, il a repris les grandes lignes de cette pièce et les a remodelées pour en faire Mesnak.

Dans ce film, Dave (Victor Andrés Trelles Turgeon), un jeune homme autochtone adopté en bas âge et vivant à Montréal, décide de retourner dans le territoire où habite Gertrude (Kathia Rock), sa mère biologique. Son arrivée provoquera de nombreux bouleversements en plus d’éveiller ses tourments intérieurs.

Drogues, violence, inceste, alcoolisme, il y a beaucoup de passages sombres dans ce film tourné à Maliotenam près de Sept-Îles. Très dur et critique envers ces maux qui minent la vie des Autochtones, le film conserve une porte ouverte sur l’espoir. Sur une espèce de salut qui se trouve dans l’affirmation de la culture ancienne.

«J’ai voulu à la fois filmer la beauté du territoire amérindien et la folie et la catastrophe qui le minent, dit Yves Sioui Durand. La réalité est sans doute pire, mais je ne voulais pas filmer l’horreur. Par contre, je voulais sonner le tocsin. Je veux que nous nous prenions en main.»

«Je me sens proche de Dave, car je me suis longtemps posé des questions semblables quant à mon appartenance, indique quant à lui M. Trelles Turgeon qu’on a récemment vu dans le film Pour l’amour de Dieu de Micheline Lanctôt. Je suis né au Pérou, mais j’ai passé mon enfance à Montréal, Châteauguay et Sherbrooke avant d’aller vivre à Toronto à l’adolescence. Jeune, je ne me sentais ni francophone ni Québécois. Mais lorsque je suis retourné dans mon pays d’origine, je ne me sentais pas Péruvien non plus. Aujourd’hui, je ne cherche plus. Le plus important pour moi est d’être bien et heureux sans chercher à me catégoriser.»

En novembre, le film sera présenté au Festival d’Amiens en France qui compte un volet consacré au cinéma amérindien. D’autres offres de festivals sont à l’étude, assure M. Sioui Durand. Mesnak reviendra au Québec à la fin de février 2012 pour les Rendez-vous du cinéma québécois. Tout de suite après, il prendra l’affiche en salle.

Les frais de ce reportage ont été payés par le FCIAT.