L'année 2011 aura été fructueuse pour le cinéma québécois, mais surtout pour ses films d'auteur. Parmi les 48 longs métrages qui ont pris l'affiche au cours des 12 derniers mois, 8 ont reçu la cote «très bon» (3) par Mediafilm.ca, le principal fournisseur de contenu cinématographique en français en Amérique du Nord, dont l'échelle d'appréciation est reproduite dans l'ensemble des télé-horaires diffusés dans les médias écrits de la province ainsi que sur plusieurs sites Internet.

Ainsi, 16,7% des films québécois ont obtenu cette cote au cours des 12 derniers mois, un ratio qui semble très bas à première vue, mais qui est de loin supérieur aux années précédentes puisqu'en 2010, seulement trois films avaient obtenu la mention «très bon», et un seul en 2009. Une augmentation qui s'explique en grande partie par la vitalité du cinéma d'auteur québécois, puisque les longs métrages ayant séduit les critiques de Mediafilm.ca sont Monsieur Lazhar, Ce coeur qui bat, En terrains connus, Jaloux, Marécages, Nuit #1, La nuit, elles dansent et Le vendeur, huit films d'auteur du Québec qui ont brillé partout dans le monde en 2011 au cours de leur tournée des festivals.

«C'est très encourageant, ça montre qu'il y a une vraie créativité au Québec et c'est un beau bilan de santé. Le cinéma à vocation commerciale comme Gerry, Starbuck ou Le Sens de l'humour a des ambitions artistiques inférieures, mais aussi des résultats inférieurs en terme de cotes. Ce sont nos jeunes auteurs et cinéastes qui veulent vraiment faire un cinéma dans la continuité des Claude Jutra, Gilles Carle ou Denys Arcand qui sont en train de forger un cinéma québécois qui rayonne partout dans le monde», explique Martin Bilodeau, rédacteur en chef de Mediafilm.ca.

Bonne cote, mauvais box-office

Du côté du box-office, le phénomène semble s'inverser: les bons élèves perdent de la vitesse et soulèvent la question de la relation entre film d'auteur et popularité auprès du public québécois. Monsieur Lazhar est pourtant le seul film du genre à faire exception, en 2011, avec des recettes de 1 786 640$, suivi de très loin par Le vendeur (307 695$) et Marécages (166 040$).

Le chroniqueur à La Presse Marc Cassivi précise: «Le box-office récompense des films ayant des visées plus populaires, Monsieur Lazhar étant l'exception qui confirme la règle, tout comme l'était Incendies en 2010. C'est normal de voir des films comme En terrains connus (17 700$), qui plaisent davantage à un public cinéphile, être mieux cotés, mais pourtant moins lucratifs. 2011 a été une très bonne année de films d'auteur.

«Philippe Falardeau a déjà été applaudi par la critique, mais c'est la première fois qu'il l'est aussi par le public. C'est un bel exemple de film d'auteur qui perce et réussit à ratisser plus large. Aussi, voir un film comme Café de Flore (1 540 600$) en 4e position au box-office en 2011, c'est un autre indicateur intéressant», conclut Marc Cassivi.