George Lucas, le père de Star Wars, dont les riches voisins californiens ont réussi à bloquer le projet de construction d’un studio flambant neuf, est maintenant accusé de fomenter «la lutte des classes» en destinant ses terrains à des logements sociaux.

Englué depuis des années dans une interminable guerre de voisinage, le cinéaste légendaire a récemment déploré que certains voisins de son Ranch Skywalker, dans le très huppé comté de Marin, l’aient accusé d’avoir créé un «empire du mal».

Selon George Lucas, son projet d’implanter un studio de tournage et de postproduction sur les terrains de son ranch aurait créé des emplois, bienvenus en cette période de crise, et n’aurait eu aucun impact significatif sur l’environnement et la tranquillité de la région.

Il a cependant jeté l’éponge le mois dernier, lorsqu’il est devenu clair que le voisinage allait faire traîner le projet indéfiniment. Et a finalement décidé de confier ses terrains à des promoteurs pour y construire des logements sociaux, déclenchant de nouvelles protestations.

Carolyn Lenert, responsable de l’association de résidents de San Rafael, a ainsi déclaré que le cinéaste voulait déclencher une «lutte des classes».

«Il est regrettable que des personnes puissent considérer le logement social comme une sorte de lutte des classes, car ces logements sont pour les pompiers, la police et les professeurs», a déclaré à l’AFP Miles Perkins, porte-parole de Lucasfilm, la société de production de George Lucas.

L’histoire commence en 1978, lorsque le cinéaste, six Oscars en poche pour Star Wars, achète un terrain de 1000 hectares dans la Lucas Valley - baptisée d’après le nom d’un fermier du 19e siècle - pour y construire son ranch SkyWalker.

Au fil du temps, sa société s’étend, en prenant garde de rester discrète, à l’abri des regards et sans créer de nuisances pour le voisinage. Mais les relations commencent à se tendre quand le cinéaste planifie la construction du Grady Ranch, constitué notamment d’un plateau de tournage, d’un studio de son et d’un parking souterrain.

Les multiples recours administratifs de ses voisins ont fini par avoir raison de la patience du cinéaste, qui a expliqué dans une lettre ouverte qu’il abandonnait son projet et destinait ses terrains à des logements sociaux.

«Le niveau d’amertume et de colère exprimé par les habitants de la Lucas Valley montre que même en y consacrant encore du temps, nous ne serons jamais capables d’avoir une relation constructive avec nos voisins», écrit-il.

«Nous adorons travailler et vivre dans le comté de Marin, mais les habitants de la vallée ont combattu ce projet pendant 25 ans, et trop c’est trop», ajoute-t-il. Les films en cours de production, qui devaient être tournés dans les nouveaux locaux dès 2013, devront trouver un nouveau point de chute.

«Nous avons plusieurs propositions pour construire un studio dans des municipalités qui ne nous considèrent pas comme «l’empire du mal», et si nous voulons tenir notre calendrier, nous devons saisir ces opportunités», dit-il.

«Ces commentaires sont regrettables», affirme sur son site internet l’Association des propriétaires de la Lucas Valley, à la pointe de la rébellion contre George Lucas.

Dans un courrier électronique à l’AFP, l’association affirme n’avoir «aucun regret» après l’abandon du projet de Grady Ranch et assure n’avoir eu aucune discussion autour du projet avec le cinéaste ou son équipe.

«Il n’y a eu aucune communication directe de la part de George Lucas personnellement ou de Lucasfilm», déplore l’association.