À 25 ans, Amélie van Elmbt a tourné son premier long métrage, La tête la première, présenté en mai dernier à Cannes au sein de la programmation de l'Association du cinéma indépendant pour sa diffusion.

Puisant sa source dans les préoccupations des jeunes de la génération de Mme van Elmbt, ce film raconte l'histoire de Zoé (Alice de Lencquesaing), partie à la rencontre de son écrivain fétiche (le cinéaste Jacques Doillon). Dans son sillon, elle entraîne Adrien (David Murgia), fasciné par cette jeune femme intrigante et fragile.

Dans le cadre du Festival international du film francophone, c'est à Namur, ville d'origine de cette cinéaste belge que LaPresse.ca a rencontré Amélie van Elmbt. À Montréal, son film est présenté en compétition au sein de la Sélection internationale du FNC.

Qu'est-ce qui a nourri votre scénario?

Ma rencontre avec David Murgia, un acteur enthousiaste, énergique et engagé dans son métier. Au départ, je voulais faire un court métrage avec lui. Je lui ai écrit cette histoire dont beaucoup de choses parlent de moi (Zoé fait tout ce que je n'ai jamais fait, dira-t-elle un peu plus tard). J'avais envie de parler du sens de la vie, de comment on trouve son chemin, etc. Ce sont des choses qui me parlent très fort. J'ai écrit et réalisé ce film très rapidement (tout a été fait en trois mois) mais toutes ces questions étaient en moi depuis longtemps.

Qu'apportent David et Alice à vos deux personnages?

Ce qui se passe entre eux, parce qu'ils se sont connus au moment du tournage, apporte déjà quelque chose. Entre eux, les choses se mélangaient entre le réel et la fiction, ce qui me plaisait beaucoup. David apporte dans le film une drôlerie et une fantaisie dont je me suis inspirée. Avec lui, j'ai écrit un personnage beaucoup plus drôle que celui que je voyais au départ. Pour Alice, j'avais besoin d'un personnage qui était fort et capable de faire face à toute l'énergie de David. Car dans une pièce, David prend tout l'espace. S'Il n'y a pas quelqu'un en face qui répond, c'est très difficile.

Vos personnages sont à la fois de grands enfants et des gens qui ont de grandes réflexions d'adultes. Qu'en pensez-vous?

Je suis assez d'accord. Je voulais que les deux soient naïfs. La naïveté, je trouve ça très beau. Je trouve toujours plus beau un enfant qui découvre la vie, parce qu'il arrive avec toute son innocence, que la vision d'un adulte sur la vie. Pour moi, les contradictions de Adrien et Zoé sont normales. Ils sont vraiment dans ce passage de l'adolescence vers l'âge adulte avec toutes les questions qui s'y rattachent. Leur côté enfantin apporte toute sa fraicheur au film.

Si, un jour, à l'image de Zoé s'adressant à l'écrivain, quelqu'un vous disait : «Pour la première fois, en regardant vos films, je me suis senti vivant», comment réagiriez-vous?

Je serais super touchée. Je ne pourrais rien dire (rires). Je crois que je pleurerais. Parce que c'est ce que j'essaie de faire. Si mon cinéma rend vivant quelqu'un, pour moi, c'est la plus belle chose, la plus belle preuve d'accomplissement. Ce serait magnifique. Cela donnerait un sens à ce que je fais sur Terre, ce pour quoi je me bats, dans un sens professionnel.

Aujourd'hui, 13 octobre, à 21 h 30, cinéma Excentris, salle Cassavetes

Mardi, 16 octobre, 15 h 30, au Quartier latin