Le gouvernement du Sri Lanka a salué la Palme d'or de Dheepan de Jacques Audiard, film retraçant le parcours en France de réfugiés tamouls fuyant la guerre civile, et a mis en avant sa volonté de corriger les injustices du passé.

Le film raconte l'histoire de trois exilés, un ancien combattant des Tigres tamouls, Dheepan, une jeune femme et une fille de neuf ans, qui fuient la guerre civile en se faisant passer pour une famille.

Pour le porte-parole du gouvernement sri-lankais, Rajitha Senaratne, ce prix pourrait attirer l'attention sur les efforts du nouvel exécutif en faveur de la réconciliation avec la minorité tamoule.

«Le film évoque une situation remontant à des dizaines d'années. Ce n'est pas le tableau actuel. C'est très différent maintenant», a dit Senaratne, qui est aussi ministre de la Santé, à l'AFP.

«Nous avons un nouveau gouvernement, engagé en faveur de la réconciliation, la justice et qui s'attaque aux problèmes des minorités».

Le film soulève également la question des enfants soldats utilisés pendant la guerre par la rébellion des Tigres tamouls, qui ont eu recours à des attentats suicides, selon Senaratne.

«Je suis heureux que le recours aux enfants soldats par les Tigres soit mis en lumière», a dit Senaratne. «Grâce à la publicité faite par ce film, j'espère que nos efforts de réconciliation susciteront plus d'intérêt».

Le personnage principal du film est incarné par un acteur non professionnel, Jesuthasan Anthonythasan, ancien des Tigres de libération de l'Eelam tamoul (LTTE), qui l'ont enrôlé à 16 ans. Il a fui son pays puis rejoint la France en 1993. «Je ressemble à 50 % à ce personnage», a-t-il dit lors de la conférence de presse.

Le gouvernement du Sri Lanka a proclamé sa victoire en mai 2009 contre les Tigres tamouls, alors que l'armée venait d'écraser la dernière poche de résistance.

L'ONU a lancé en mars 2014 une enquête sur des accusations de crimes de guerre qui auraient fait 40 000 morts chez les civils tamouls lors de l'offensive finale.

Le président sri-lankais Maithripala Sirisena a remporté les élections en janvier face à l'ancien homme fort du Sri Lanka, Mahinda Rajapakse, qui refusait toute enquête sur ces accusations.

Depuis son arrivée au pouvoir, Sirisena a levé l'interdiction visant au moins deux films sri-lankais évoquant le sort de civils pris dans la guerre.