Poursuivi par la police et la DPJ, un garçon de 11 ans d’Hochelaga-Maisonneuve trouve refuge auprès d’une bande de punks.

En transposant L’Ouragan Fuck You Tabarnak !, son court métrage culte de 2013, en long métrage, Ara Ball (L’amour se creuse un trou) risquait d’édulcorer son personnage de jeune délinquant, qui défonce le quatrième mur en vociférant sa révolte au spectateur, ou de le rendre encore plus détestable. Or, avec la collaboration de la scénariste Tania Duguay-Castilloux, le réalisateur a préservé l’essence de l’Ouragan, pour qui le court métrage servait de percutante présentation, en tentant de l’amener sur le chemin de la rédemption. Ou, du moins, de trouver l’équilibre dans le chaos. Lentement mais sûrement, l’abrasif garçon de 11 ans suscite ainsi l’empathie, voire l’affection, du spectateur.

Delphis Denis (épatant Justin Labelle) vient d’un milieu défavorisé. Expulsé de l’école, rejeté par les enfants de son âge, il exprime sa rage de vivre et son impuissance face à l’injustice sociale en faisant les 400 coups dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve. À la maison, la situation s’envenime quand son père (Patrice Dubois, solide) est envoyé en prison et sa mère (Larissa Corriveau, déchirante), jugée inapte à prendre soin de Delphis et de son petit frère.

Recherché par la police et la DPJ, Delphis change d’identité et devient l’Ouragan. C’est alors qu’il attire l’attention de Ben (Nico Racicot, nuancé), punk à la tête d’un groupe de jeunes à qui la vie n’a pas fait de cadeau qu’il héberge dans un immense local surnommé la Grotte. Le garçon au caractère explosif accepte, non sans quelques réticences, de se joindre au clan.

Drame familial à teneur sociale porté par un humour noir décapant, L’Ouragan F.Y.T. ne verse jamais dans le misérabilisme malgré les situations dramatiques et tragiques qu’Ara Ball dépeint avec un souci de réalisme. Inspiré par Streetwise (1984), documentaire de Martin Bell tourné à Seattle sur des jeunes de la rue, il ne regarde jamais ses personnages de haut. Bien au contraire, on sent dans le regard humaniste du cinéaste une tendresse et un respect pour les marginaux et les laissés-pour-compte.

Évoquant Gummo (1997), d’Harmony Korine, et Sweet Sixteen (2002), de Ken Loach, ce drame campé en 1991 souffre cependant d’un récit qui démarre sur les chapeaux de roues puis se transforme en une suite de scènes anecdotiques d’un intérêt inégal. Heureusement, la mise en scène d’Ara Ball, qui signe également le montage, la musique de Julien Mineau et la photo de Ian Lagarde donnent à cette histoire racontée en couleur et en noir et blanc une dimension résolument punk qui réjouit à chaque instant. Pour agrémenter le tout, L’Ouragan F.Y.T. est défendu par une distribution au diapason et de remarquables passages éclairs (cameos), dont ceux de Martin Dubreuil, de Pascale Montpetit et de Julie Le Breton.

En salle

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L’Ouragan F.Y.T.

Drame

L’Ouragan F.Y.T.

Ara Ball

Justin Labelle, Larissa Corriveau, Nico Racicot

1 h 50

6,5/10