Lors d’un souper chez des amis de sa mère, Vanessa, 13 ans, rencontre un célèbre écrivain quinquagénaire qui entreprend de la séduire.

Adaptation assez fidèle du livre de Vanessa Springora paru chez Grasset en 2020, Le consentement, de Vanessa Filho (Gueule d’ange), écrit avec la collaboration de François Pirot (Mobile Home), est un film difficile à regarder, voire qui donne la nausée. Non parce qu’il est raté – il concourt tout de même dans la catégorie Meilleure adaptation aux Césars –, mais dans sa volonté de montrer ce qui s’est passé entre l’autrice lorsqu’elle était mineure (Kim Higelin, nommée dans la catégorie Meilleure révélation féminine aux Césars) et Gabriel Matzneff (Jean-Paul Rouve) dans la minable chambre de bonne de ce dernier.

Certes, les scènes à caractère sexuel auxquelles se prête l’actrice de 21 ans et l’acteur de 57 ans ont été dirigées avec tact par la réalisatrice. Si la lumière du directeur photo Guillaume Schiffman (Rien à perdre, de Delphine Deloget) ne cherche pas y être caressante, comme dans les scènes de rêverie de Vanessa, certains cadrages un brin esthétisants provoquent le malaise. Fallait-il réellement aller aussi loin pour rappeler les agressions que décrivait avec réserve Vanessa Springora ?

PHOTO FOURNIE PAR AXIA FILMS

Jean-Paul Rouve dans Le consentement, de Vanessa Filho

Alors que l’autrice décortiquait avec minutie l’emprise qu’exerçait sur elle son bourreau, la cinéaste s’est appliquée à concevoir un florilège de paroles creuses et de considérations malsaines sur l’amour puisées à même l’œuvre de Matzneff. Rassemblés ainsi, ces extraits laissent entendre que la réputation littéraire du pédocriminel notoire, à qui Denise Bombardier a tenu courageusement tête face à un Bernard Pivot badin et à ses invités complaisants, était surfaite.

Ce parti pris de donner la parole à Matzneff, qui devient sous les traits et par la voix de Rouve un abject animal à sang froid, relègue quasiment dans l’ombre sa victime, qui apparaît à l’âge adulte lorsqu’entre en scène trop tardivement Élodie Bouchez. Il faut toutefois saluer le jeu sensible de Kim Higelin. En peu de mots, avec la gaucherie d’une adolescente mal dans sa peau, l’actrice parvient à exprimer tour à tour l’émoi d’être remarquée par un homme – même si sa mère (Laetitia Casta) lui apprend qu’il est pédophile –, le désarroi en découvrant, à travers ses livres, la vérité sur ce dernier et la honte d’avoir été piégée comme plusieurs autres garçons et filles.

Cela pourrait expliquer en partie la popularité du film auprès des adolescents. Lors de sa sortie à l’automne en France, le film de Vanessa Filho a contribué à libérer la parole de bon nombre de jeunes sur TikTok. À défaut d’être une grande réussite cinématographique, ce Consentement a le mérite de faire œuvre utile.

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Le consentement

Drame biographique

Le consentement

Vanessa Filho

Kim Higelin, Jean-Paul Rouve, Laetitia Casta

1 h 59

6/10